ÉPISODE 118 - (partie 2/7)
— Supplie-moi de rester, avant que je change d'avis.
Rey espérait se montrer inflexible. Rudy ne daigna pas lui donner satisfaction. Il posa une fesse sur le dossier d'un canapé, croulant sous des coussins couleur pistache et fleur de souffre.
— Saurais-tu seulement te passer de moi ?
Arrogance impériale. Rudy la portait comme sa veste : presque sur-mesure. Rey se demanda ce qu'il faisait là. L'éclairage tamisé du séjour ne l'empêchait pas de capter la lueur d'intérêt dans le regard émeraude. Le danger y rodait. À trop le fixer, il risquait la noyade. Rudy tira sur sa cravate. Le temps sembla ralentir.
— J'ai vu comment tu me regardes, quand tu crois que je ne fais pas attention à toi. Tu en viens à m'éviter, par peur de la confrontation. Parce que tu sais que tu ne gagneras jamais. Alors pourquoi te supplier de rester, quand nous savons tous les deux que j'obtiendrai gain de cause ?
Rey serra le poing. Le petit salaud était bien le fils de son père !
— Et encore, te supplier de « rester »... Mais es-tu seulement parti, Rey ? Si oui, regarde-moi dans les yeux et dis que tu m'as quitté.
La respiration laborieuse, Rey recula. Ce rendez-vous était un traquenard. Rudy avançait désormais à pas de velours, semant dans son sillage ses vêtements ; veste, cravate, ceinture, chemise, débardeur. Rey se retrouva acculé contre le mini-bar.
Durant son trajet en voiture, il avait répété son discours dans sa tête. Il avait soufflé sur le brasier de sa colère pour maintenir la chaleur de sa rancœur. Mais elle se logeait à présent à son entrejambe, zone non réputée pour sa subtilité. Haïr avec son phallus était compromis, quand votre âme vibrait à proximité d'un incube.
Rudy comptait le séduire avec la délicatesse d'un burin. Tel un pieu planté en plein cœur, il crucifiait sa volonté. Torse nu, braguette ouverte, le jeune homme s'offrait sans équivoque. Minuit : l'heure de céder à toutes les tentations. Une jambe glissa entre celles de Rey. Rudy vint à sa rencontre, mais il lui refusa le baiser. Par amour-propre ou esprit de contradiction ? Il mourait d'envie de posséder ces lèvres, seulement, ce serait sous ses conditions. Et pourtant tu es en manque, tu en trembles. Rudy dut lire dans ses pensées :
— Tu ne me feras pas croire que tu n'en as pas envie.
— Je suis venu discuter. Pas pour...
— Chut. (Rudy le fit taire d'un index contre la bouche.) Tu apprendras qu'un Leblanc ne supplie pas.
Rey s'assombrit davantage. Le bougre ferait totalement fi de son opinion. Le démon lascif se coula contre son corps, se mit sur la pointe des pieds et susurra à son oreille :
— Mais Leblanc ou pas, ce n'est qu'avec toi entre mes cuisses que je serai heureux.
La délicatesse avait bel et bien plié bagage. Une déclaration si crue ne seyait pas à Rudy. Or il était temps de ne plus voir un être candide derrière ce visage d'ange.
— Je me contrefous de cette Bianca. Quoique, je la plains, si tu m'as trompé avec elle. Parce que je vais la faire souffrir. Elle finira par regretter de t'avoir rencontré. Pour éviter ça, on devrait peut-être dire à tout le monde que tu es mien.
Rey tenta de réprimer son frisson face au ton possessif. Il ne saurait définir la nature de son sentiment ambigu. Envie, réticence, effroi, excitation ? Un sacré cocktail, qui bouillonna lorsque Rudy poursuivit :
— Mais ça attendra. Là, je veux ta chaleur, ta sueur, tes doigts, ta bouche, ta langue, ta peau. Je veux ta queue, si c'est pas plus clair. Je te veux, toi.
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HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II
Romantizm. Quand le rock se marie au classique, les Beat'ONE font des rencontres bénéfiques à l'évolution de leur carrière. Mais l'une d'elles semble vue d'un mauvais œil par Dean, qui pressent des complications pour son couple. ...