ÉPISODE 114 - (partie 2/7)
Se désintéressant de la télé, l'attention de Rudy se porta sur son père. Dean descendait les marches, l'air sombre, téléphone à l'oreille. Il mit fin à l'appel de manière abrupte.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Rudy.
— C'est inhabituel que Torcy m'appelle, répondit Dean, songeur. D'ordinaire, c'est moi qui le contacte.
Rudy se redressa dans le sofa.
— C'est au sujet de l'émission W.H.Y ?
— Il ne l'a pas mentionnée. Et pour ça, je verrai avec ta mère.
— Parce que tu ne l'as pas encore contactée depuis que je t'en ai parlé ? s'alarma Rudy.
Dean soupira.
— Elle fait ce qu'elle veut, Sonia. Ce n'est pas à moi que ça fera mauvaise presse, mais aux Meiridies.
— T'es sûr ?
— Certain. Et je pense que ça aidera Heidi à se couper d'eux. Ça lui donnera un petit coup de pouce pour voler de ses propres ailes.
— Tu crois ? fit Rudy, toujours sceptique.
Il était perplexe face au flegme de Dean, si à cran sur son image d'habitude.
« Sur ton image à toi, Rudy. Pas la sienne. »
Nuance de taille. Il lui vint l'idée de convaincre son père de « vendre » la GFM au Canal 3, mais son état grippal et la nouvelle du départ de Rey siphonnaient sa motivation. Faire adhérer Dean à un plan impliquant sa potentielle médiatisation exigeait d'être en possession de tous ses moyens.
— Pour quoi il t'a appelé, du coup ?
— Il veut me voir aujourd'hui. Séance tenante. Ce serait d'une grande importance, apparemment.
Rudy fronça les sourcils.
— Et tu lui as rétorqué que ton fils alité est bien plus important que sa priorité à lui...
Telle avait été la manière de Dean de mettre un terme à la conversation.
— Tant qu'à faire, tu aurais dû ajouter « impotent », « faiblard », « maigrichon », « petit », « pâlot », « mollasson », et « innocent », grogna Rudy d'une voix de nez saturée en sarcasmes.
— Il est hors de question que je te laisse seul à la maison, rétorqua Dean, catégorique. Torcy n'a qu'à prendre rendez-vous.
— P'pa, tu connais beaucoup de gens à qui un milliardaire spécifie que c'est important, qui lui raccrochent au nez ? souffla le fils, sidéré.
Le sourcil arqué du père fut éloquent.
— Excepté toi, justement ! Tu aimes ça, hein ? Être l'exception à la règle. T'en as pas marre, parfois ? demanda Rudy, amusé.
— Marre d'être exceptionnel ? Non, pas vraiment, pontifia Dean. On s'y fait, d'être unique.
Rudy ricana. Son père avait une façon typique d'assumer sa « supériorité », avec une classe qui irritait le commun des mortels.
— Enfin, je ne suis pas si unique, rectifia Dean. J'ai eu la brillantissime idée de me dupliquer.
Il se rassit à l'extrémité du sofa, avec le projet de finir son roman fantasy.
— Tu n'as aucun mérite, p'pa. Tu t'es « reproduit » par accident. Je ne suis que le spermatozoïde qui a gagné la course. En fait, si mérite il devait y avoir, il me reviendrait. Va voir ce que veut Torcy. Je risque pas de me perdre dans le sofa. Si j'ai trouvé tout seul mon chemin jusqu'à l'ovule, alors que je n'avais aucune conscience, je peux très bien me débrouiller seul à la maison. Dans le pire des cas, tu en profiteras pour acheter des interphones bébé au retour, histoire de te rassurer.
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HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II
Romance. Quand le rock se marie au classique, les Beat'ONE font des rencontres bénéfiques à l'évolution de leur carrière. Mais l'une d'elles semble vue d'un mauvais œil par Dean, qui pressent des complications pour son couple. ...