ÉPISODE 116 - (partie 9/10)
Rudy avait besoin d'air pour crier sa rage et, en même temps, envie de se recroqueviller dans un coin pour pleurer. Ce vœu ne lui serait pas accordé. Après le conciliabule des « méchants », le grand manitou l'isolait dans l'une des nombreuses pièces de l'hacienda. Le sérieux de Vince ne présageait rien de bon.
— Tu sais que je n'ai jamais été d'accord avec ces fiançailles.
Rudy toisa son aïeul. Que lui voulait-il encore ! Savait-il la haine que dissimulait le cynisme des autres membres de sa famille à l'égard de son « cher » petit-fils, ou feignait-il de l'ignorer ?
Rudy n'arrivait pas à se convaincre que l'aigreur d'une partie de sa parenté soit dissimulable. Pour commencer, ils l'avaient jugé à l'aulne des erreurs de son père. Il s'était fait une raison de voir Dean moqué devant lui. Mais cela ne l'avait pas préparé à ce que l'on s'en serve pour pointer ses lacunes et tacler son assurance vacillante. Il avait dû donner sa langue au chat face à plusieurs questions. Avec mépris, Regan avait répondu – juste –, à sa place. Et enfin, ils n'y étaient pas allés de main morte avec leurs jeux d'esprit. Mais le sarcasme destiné à plus faible ou plus ignorant n'était plus de l'humour.
— Tu m'écoutes ? fit Vince.
Rudy inspira par la bouche et contint son émotion à fleur de peau. Les mots, blessants, se mêlaient dans sa tête. À peine s'il parvenait à attribuer des visages aux voix de son souvenir, pourtant récent. Ce n'était plus qu'une succession de métaphores ironiques, d'emphases, d'euphémismes, d'allégories sardoniques. Ils avaient fait bloc – unité typique de la White chain –, chaque « maillon » émettant son avis, pour conclure de manière unanime : il était le maillon faible.
— Sais-tu ce qu'est White Enterprise© ? (La question, rhétorique, venait de Ritchie, sans doute.) Le socle de la White chain. S'il se brise, la chaine se détache. As-tu des bras solides pour porter le socle d'un business international ?
— Et encore, la force ne suffit pas à tendre une chaine. (James, sûrement.) Il faut savoir la doser pour ne pas briser la chaine. Tendue à l'extrême, elle peut casser ou se détacher du socle. Pas assez de force, et la chaine se relâche.
— Ces subtilités-là t'échappent, loulou. (Elly, à coup sûr.)
— On dirait un chaton qui prend son reflet pour celui d'un grand fauve, lorsqu'il se mire dans une flaque d'eau, parce qu'il se trouve au beau milieu de la savane.
Celle-ci devait être de Rendall, secondé par son frère, Roland :
— Il ignore sans doute la dangerosité des prédateurs de la savane. Ils n'ont rien à envier à ceux de la jungle.
— Pas de crocs, pas de griffes, et pas de dents..., avait énuméré Jonathan. C'est à se demander comment il en est arrivé là. Rudy Daniel II Leblanc, héritier de White Enterprise©.
— Faut reconnaître que sur le papier, ça rend bien. Mais c'est dissonant à l'oreille !
À ce moment-là, Rudy avait jugé que le silence le desservait.
— S'il y a eu un Daniel premier à la tête de l'Empire, un Daniel deuxième du nom y a toute sa place !
— Joli.
Ritchie aurait tout aussi pu dire que c'était « mignon ». Rudy n'avait récolté que des rires et des sourires condescendants.
— Encore faut-il te hisser sur le trône, Daniel deuxième du nom, avait glissé Jonathan.
VOUS LISEZ
HOT CHILI - saison 4 ▄ PARTIE II
Romance. Quand le rock se marie au classique, les Beat'ONE font des rencontres bénéfiques à l'évolution de leur carrière. Mais l'une d'elles semble vue d'un mauvais œil par Dean, qui pressent des complications pour son couple. ...