Premier service: Nutella

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Je me souviens être tombée. Fort. Le genre de chute qui vous entraîne dans les abysses de la peur, de la solitude et de la mort.

La mort..

Je l'ai vu.. Elle caressait les cheveux bruns de mon grand frère.

Il y avait une odeur de fleur fanée, la lumière était glacée, comme si elle passait uniquement à travers d'immense iceberg nous entourant. Mon frère, allongé sur un lit, et moi, immobile devant.

Je n'avais vu personne d'autre, n'avais entendu rien d'autre.

Elle continuait de lui caresser les cheveux, l'ombre semblait lui autoriser une minute de plus.

C'est alors que le garçon, écorché au visage, au teint grisâtre me sourit. C'était l'un de ces sourires charmeurs.

Mes larmes ont commencé a remonter. Ma gorge se nouait, et je serrai les dents si forts que ma mâchoire grinçait.

Puis Elle a cessé son mouvement. Et il a fermé les yeux.

Et, alors que je venais d'atteindre les profondeurs inconnues, je me dirigeai dans un endroit encore plus sombre.

Je tombai sans fin.

*

J'étais allée à l'enterrement. C'était dans une église, je n'étais pas à l'aise. Je n'arrivai pas à me laisser aller avec tous les regards de ces « proches » autour de moi.

Il n'y avait que Louis, Gaëlle et Charles qui semblaient compter réellement comme famille.

J'avais gardé une expression sévère.

Gaëlle avait voulu aidé ma mère à tout préparer.

Elle m'a dit que je pouvais « inviter » mes amis.

Inviter à un enterrement. Je trouve cette tournure horrible. Un enterrement c'est lorsque l'on célèbre la vie de quelqu'un..

Je n'avais pas la tête à célébrer quoi que ce soit. Pourtant c'est exactement le genre de chose que j'aurai pu dire.

Célébrer la vie c'est en quelque sorte accepter la mort. Et d'après les différentes étapes du deuil j'étais en plein dans celle de la colère.

J'en voulais tout le monde, je n'adressais plus la parole à ma mère ou mon père. Je m'en voulais d'avoir danser alors qu'il était sur une table d'opération entre la vie et la mort. Je m'en voulais d'avoir pu être heureuse pendant des mois en ignorant  son malheur.

Mais.. je supposais que quelqu'un connaît une peine presque aussi grande que la mienne.

Camille avait réussit à prononcer quelques mots à l'enterrement. Elle avait fait un beau discours. Elle nous avait ressortit de belles anecdotes, des pâtes carbo de lui et Noé aux virés à la plage qu'ils se faisaient.

Cependant à elle non plus je ne parlais plus.

Et même si j'étais refermée sur moi même les jours qui suivaient je devais tout de même retourner en cours les mercredis et vendredi.

J'aurai aimé éviter le monde entier mais j'avais des engagements.

Ma présence était obligatoire mais je n'étais pas obligée de parler. Alors je restai seule.

Je t'aime ... je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant