Chapitre 2 : Les nouvelles

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Raphaël, après un passage rapide dans la salle d'eau attenante à sa chambre, avait revêtu la première tenue que le serviteur assigné à son service lui avait tendu une fois qu'il était sorti du bain, enfilant le tout avec précipitation, ce qui lui valut de remettre à l'endroit plusieurs fois, sa chemise ou son pantalon. Dans la foulée, il avait demandé à ce qu'on lui attelle le premier cheval disponible pour se rendre sans plus tarder dans la cité.

Esteban Grandvillier. Voilà l'identité de l'homme qu'il devait rencontrer au plus vite. Al l'avait supplié d'attendre le lendemain pour établir le contact avec cet inconnu, mais Raphaël, après avoir menti en promettant à son ami marchand qu'il attendrait pour parler à ce voyageur avait couru à sa chambre pour se préparer fissa. Lorsqu'il était en Montaudréanie, il était éclaireur. Et il allait de soi que la rapidité était un terme qui ne lui était pas étranger. De plus, il avait bien trop peur que son seul informateur potable depuis plusieurs semaines ne se volatilise dans la soirée. Il ne se voyait pas entreprendre une quête folle pour retrouver le fameux Esteban dans l'immense royaume d'Anatolie.

Après plusieurs minutes à parcourir à cheval les rues de la cité et demandé plusieurs fois son chemin, Raphaël pénétra dans l'auberge où le fameux Esteban avait élu domicile pour son séjour. Le jeune homme n'alla pas par quatre chemins, après avoir donné sa monture à un garçon d'écurie à qui il avait donné cinq pièces d'argent, il se rendit au comptoir où le tenancier du bâtiment se trouvait. En regardant rapidement autour de lui, Raphaël put constater l'agitation qui régnait déjà dans la pièce. L'endroit commençait à se remplir. Rien d'étonnant à cela. Le soleil se couchait et bientôt, les voyageurs descendront en bas pour se sustenter, d'autres qui arriveront tardivement à la capitale demanderont une chambre de toute urgence et les habitués du coin, à la nuit tombée, viendront dépenser leurs pièces pour se changer les idées. Bientôt, la taverne de l'auberge serait pleine à craquer et il deviendra difficile pour les serveurs de se déplacer sans écraser le pied d'autrui.

— Aubergiste, appela le montaudréen.

L'homme, un livre de compte à la main qu'il déposa dans un tiroir sous clé, donna quelques instructions à l'un de ses employés avant de s'avancer dans la direction du jeune homme, un air interrogateur accentué par ses gros sourcils.

— Oui.

— J'aimerais un renseignement.

— Vous êtes de la garde de cité, se méfia l'homme moustachu en le détaillant de haut en bas.

— Non, nia le jeune homme en ne comprenant pas comment est-ce qu'on pouvait l'assimiler à un policier anatolien.

Il se détailla à son tour et remarqua ce que voyait l'honnête citoyen. Il était habillé comme un seigneur et portait, comme il avait coutume, ses deux dagues cachées dans leurs fourreaux respectifs. Il oubliait si souvent qu'il portait des tenues qui ne correspondaient pas à ce qu'il était réellement.

— Je suis un voyageur. Un ami du nom d'Al-Deferled m'a dit qu'un de ses employés était venu en compagnie d'un montaudréen, un certain Esteban Grandvillier. Vous savez où je peux le trouver ?

— Grandvillier..., réfléchit un instant l'aubergiste. Tenez, le voici, dit-il en sortant de ses pensées subitement. Il est juste derrière vous. C'est le garçon roux.

À ses mots, Raphaël pivota sur lui-même et sans prendre la peine de remercier son informateur, alla à la rencontre de son compatriote.

— Esteban ! cria-t-il.

Le jeune homme, étonné d'être appelé dans un pays qu'il visitait pour la première fois se retourna et fut encore plus surpris en voyant qui l'appelait : un parfait inconnu.

Tribu : La Flamme [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant