— Cela peut attendre, Alpha. Rien ne presse. On a encore une semaine à Thibéi. Tu seras rétablis d'ici là et... On pourra en parler, la tête reposée.
— Sûrement, accepta-t-il en se redressant sur son matelas adoptant une posture plus digne et sérieuse, mais je veux éclaircir ça maintenant avant que le courage ne me manque.
— D'accord.
Sur ces simples mots, elle s'assit de nouveau et le regarda, attendant les mots d'Alpha avec une impatience qu'elle dissimulait dans les pans de sa robe en palpant les dessins gravés dans ses bracelets dorés.
— Je ne vais pas aller par quatre chemins, Diana, et je m'en veux d'avance si... si les mots que j'emploie ne sont pas appropriés ou qu'ils te blessent. Mais je dois être franc. Tu dois sans aucun doute savoir, qu'il y aura un après-guerre. Nos deux royaumes se préparent secrètement à cette phase et une des solutions qui a été trouvée pour garantir une paix durable après ce qui se passe en Montaudréanie, c'est le mariage... Le nôtre, Diana.
Elle retient sa respiration.
— Les deux ministres que tu as sûrement remarqués étaient venus me parler de cela et ils m'ont fortement encouragé à te séduire pour que lorsque cette proposition arrivera en Anatolie, toi et ton père ainsi que ses conseillers vous y soyez moins réfractaires. Seulement...
Elle le regarda, lâchant ses bracelets.
— Je ne veux pas me marier avec toi... Pas comme ça. Je sais que c'est ce que de nombreux gens attendent de nous. Je m'en voudrais de les décevoir...
Elle serra la jupe de sa robe avec ses deux mains.
— Mais je m'en voudrai davantage si je te décevais, conclut-il en la regardant franchement le regard empli de tendresse. Je ne veux pas te forcer à m'épouser. Sache que je t'aime, et mes sentiments n'ont jamais faiblis même lorsque nous étions éloignés. En venant à Thibéi, ils sont devenus plus forts. Mais je serai le pire des égoïstes si je profitais de la situation politique pour t'enfermer dans un mariage avec moi comme geôlier, en espérant qu'au bout d'un certains temps, tu finiras par m'aimer. Je préfère te savoir avec un autre et heureuse, qu'avec moi et malheureuse. Donc si tu nourris aucun sentiment amoureux à mon égard, je préfère prévenir mon père qu'il n'y aura pas d'alliance maritale possible et...
— Tais-toi ! cria-t-elle en se levant d'un bond. Comment tu peux penser que je ne t'aime pas ! C'est tout le contraire, vu que je...
Alpha la regarda complètement désorienté. Elle l'aimait... Elle l'aimait comme lui il l'aimait. C'était impossible. Lorsqu'il avait sentis sa fin arriver à grand pas dans l'arène, il s'était intimement juré de tout dire à Diana si il s'en sortait vivant. Dans son scénario, il lui avouait, elle le repoussait et il avait le cœur en miette, mais ils restaient bons amis malgré tout. Jamais il aurait cru que...
— Tu es amoureuse de moi ?
— Oui, murmura-t-elle.
— Mais... tu n'as...
— Je sais. Mon comportement va aux antipodes de ce que je ressens vraiment, mais... Comprends-moi, ce n'est pas évident pour moi.
— Explique-moi, l'encouragea-t-il.
— La Bellevuannie n'est pas le seul royaume qui a trouvé pour solution aux conflits à venir, une union maritale, murmura presque Diana. C'est pour cette raison que l'ambassadeur El-Kasawi est ici. Son devoir était de vérifier que je me comportais bien, mais aussi que mon attitude favorise une alliance lorsque l'Anatolie en aura besoin.
Alpha ne fut qu'à moitié surpris par cette révélation. Quand les deux ministres étaient venus lui faire part du projet politique, ils avaient l'air persuadés que les anatoliens ne verraient pas la chose venir. Et il avait eu la faiblesse de faire comme eux. Bien évidemment que le royaume anatolien avait préparé l'après guerre. Au moins, les deux royaumes anciennement ennemis avaient eu la même idée.
VOUS LISEZ
Tribu : La Flamme [Tome 2]
FantasíaUn mois s'est écoulé depuis les évènements du tome précédent. Les deux royaumes d'Anatolie et la Bellevuannie se préparent à une guerre contre le royaume montaudréen. Parallèlement, Diana et Alpha s'apprêtent à ramener la dague au Grand Temple de Th...