Chapitre 42 : La danse mortelle des chars (2/2)

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Le bruit distinct du gong retentit dans l'arène malgré la foule et les sons parasites ambiants. Ce son prévenait de la reprise prochaine des jeux. C'était une invitation aux spectateurs à revenir à leur place initiale ou aller prévenir quelques proches sortis de l'arène que la suite allait reprendre. Et pour la dernière épreuve, les organisateurs avaient vu les choses en grand. Quoi de mieux qu'une course de char !

Parmi la foule en pleine agitation, Alpha réussit avec une certaine facilité à parvenir au niveau des loges réservées aux auriges et leurs cortèges. Le jeune homme passa de justesse devant un groupe de jeunes, encombrés de paniers garnis dont l'odeur mêlé de l'ail, du pain et de la sauce marqua leur passage bruyant. Un peu plus et ils l'auraient cogné de plein fouet !

Pendant son séjour, le prince avait eu l'honneur de pouvoir régulièrement assister aux entraînements des auriges et il avait même eu la possibilité d'essayer le temps de quelques heures ce métier sportif et mortel. Il avait prévenu Diana qu'il en avait pour quelques minutes. Il voulait juste aller voir les auriges leur souhaiter bonne chance.

Cela fut plutôt aisé de repérer le cortège de ses camarades de quelques jours. Les encouragements donnés, Alpha fit marche arrière pour regagner la loge de Ren-Kholtar et sa famille où Diana devait l'attendre. Lorsqu'il revint sur ses pas, il aperçut un magnifique attelage de cinq juments blancs. Elles étaient magnifiques ! Leur blancheur immaculée leur donnait quelque chose d’onirique. Elles avaient l'air d'être tout droit sortie d'un livre de légende. Le garçon aux yeux verts ne put résister à l'envie de les caresser et de les voir de plus près. À son contact, les juments hennirent légèrement de surprise puis de contentement. Il ne sut combien de temps il était resté là, à les admirer et les caresser... assez longtemps pour que l'un des écuyers responsable des différents chars ne l'aperçoivent et s'écrit dans un unitas parfait :

— Votre Altesse ? Vous n'êtes pas encore prêt ?

— Pardon ? s'exclama le principal intéressé autant surpris que son interlocuteur.

— La course va bientôt commencer, je... Votre tenue est dans les vestiaires... Venez, je vous accompagne.

Sans même l'attendre ou au préalable vérifier que l'émissaire royale le suive bel et bien, l'écuyer se précipita dans une direction au pas de guerre.

— Attendez, il doit y avoir une erreur, tenta de sa faire entendre Alpha, chose difficile avec les chevaux, les auriges qui criaient entre collègues et les bruits de la foule en arrière plan. Je ne suis pas un aurige, je n'ai jamais demandé à en faire...

— Bien au contraire, lança une voix derrière lui.

Le châtain fit volte face. Esteban se tenait derrière lui en tenue d'aurige. Une cuirasse robuste, des genouillères et des coudières assortis de couleur onyx avec des reflets platine rouge. Un dragon rouge était peint fièrement sur son torse. Il tenait dans sa main, un casque de la même couleur. Le premier réflexe d'Alpha fut de jouer la comédie comme lui et Diana en avaient l'habitude depuis qu'ils étaient au courant de la réelle personnalité du Montaudréen. Malgré cela, la suite ne présageait rien de bon en tout cas.

— Esteban, salua-t-il. Non, il y a sûrement une erreur. Tu me vois, moi, monter sur un char de course ? Je serai incapable de faire le premier tour, ria-t-il. Cela doit être une erreur ou une mauvaise plaisanterie.

— Oui, tu as sans doute raison. Ça doit être une erreur. Exactement comme le fait que toi et Diana soyez entrés dans ma chambre. Comme le meurtre de Yao, l’exécution des deux serviteurs et la tentative d'empoisonnement sur la seconde épouse du Grand-Juge.

À ces paroles, Alpha eut l'impression de s'être fait jeté un seau d'eau glacé au visage. Esteban avait dit ça dans un calme qui frisait l'insolence, avec un ton si détaché, qui n'était pas habituel chez le naïf Esteban. Le Bellevuain comprit qu'il était face à l'espion et pas à l'acteur. Ce changement était assez inhabituel. N'importe qui pouvait les voir et pire encore, les entendre. Si Esteban se permettait de laisser au tiroir son personnage c'était sans doute parce qu'il avait une raison de faire cela. Malgré la peur subite qui venait de le prendre, Alpha continua à jouer la comédie :

Tribu : La Flamme [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant