La bataille avait été rude pour le général Salomon de Valincourt. Lui et ses troupes s'étaient battues il y a quelques jours dans les montagnes du sud du vaste et si humide royaume de Montaudréanie. Il ne s'était pas attendu à une bataille si rapide. En moins de deux, les Montaudréens avaient décampés. Il aurait dû se satisfaire de cette victoire quasiment donnée, mais il n'y arrivait pas.
Toutes ces années dans l'armée lui avaient appris à rester vigilant et ne jamais s'arrêter sur un succès. Les victoires données en temps de guerre n'étaient jamais gratuite. En vue de comment s'était déroulée la bataille, la défaite des Montaudréens s'expliquaient par une erreur stratégique. Comment pouvait-on faire des erreurs stratégiques sur son propre terrain ?
La réponse était limpide, tout ceci n'était qu'un leurre destiné à faire croire dans l'imaginaire collectif des soldats bellevuains qu'ils étaient les plus forts et les futurs vainqueurs de cette guerre. Une douce illusion sur laquelle ils s'endormiraient tous pendant que l'ennemi préparait l'offensive décisive qui les achèvera tous. En fin de compte, cette bataille ne leur avait rien enseigné sur les tactiques de guerre de leurs adversaires et cela était en partie responsable de l'humeur massacrante du général bellevuain.
Pour l'heure, il devait tenter de faire taire sa conscience militaire et se réjouir avec ses hommes de cette victoire amère, envoyer un courrier au roi pour le prévenir de la bonne nouvelle qui pourrait réjouir les civils qui avaient vu partir un de leur proche en guerre.
Juché sur sa monture, l'homme de guerre vit bientôt le camp militaire se dessiner au loin. Arrivé au camp, un écuyer vint chercher son cheval dont il descendit. En flattant l'encolure de l'animal sur un ton qui se voulait plus rassurant qu'autoritaire :
— Soigne-le bien mon garçon. Ce destrier est l'un des meilleurs du continent.
— Oui, général.
Le jeune homme partit avec l'animal en direction des écuries improvisées. Salomon profita du peu de calme qu'il avait avant que ses lieutenants, commandants et capitaines mêlés viennent l'assaillir de toute part. Il s'engouffra dans l'épaisse tente rouge qui lui avait été accordée et il se délaissa de sa lourde armure et de ses armes avec une satisfaction non feinte.
Il se lava les mains et le visage dans une bassine d'eau qu'on avait apporté avant son arrivée, souillant le liquide jadis claire, de sang et de terre. Il s'installa à son bureau de camp et s'occupa de lire le courrier qu'il avait reçu. Les papiers ne faisaient que s'accumuler sur sa table depuis que la guerre avait débuté. La majorité d'entre elles venaient de la capitale qui lui demandait des nouvelles de la guerre. Lui qui pensait que l'envoyer du ministre de la guerre était là pour régler ces problèmes administratifs... Peu importe, il irait lui donner ces lettres encombrantes une fois qu'il aurait terminé de consulter le contenu entier de son courrier.
Heureusement, il y avait des lettres plus douces qui le laissaient aller à la rêverie, lui faisant quitter l'ambiance maussade, humide, sanguinaire du camp militaire et de la guerre en général. Des lettres de sa femme par exemple. Il huma l'une d'elle où celle-ci avait volontairement parfumée la feuille. Rien qu'avec cette délicieuse odeur, son esprit vagabonda vers des songes lointains de son esprit.
Rêves où il demeurait sur ses terres au domaine des Valincourt, près d'Énora, courant après ses cinq petits enfants dans la campagne bellevuenne. Cela le fit immédiatement penser à Dave, son fils. Que le Tout-Puissant soit loué, ce rêve avait bien des chances de se réaliser. Son fils unique étant loin de la mort désormais. Le général détestait se l'avouer, mais il frémissait de peur en pensant qu'un jour Dave sera à sa place et s'expose aux dangers exactement comme lui le faisait.
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Tribu : La Flamme [Tome 2]
FantasyUn mois s'est écoulé depuis les évènements du tome précédent. Les deux royaumes d'Anatolie et la Bellevuannie se préparent à une guerre contre le royaume montaudréen. Parallèlement, Diana et Alpha s'apprêtent à ramener la dague au Grand Temple de Th...