Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 17 : Embuscade (3/3)

Au même moment, un peu plus loin dans le palais, Nima et Raphaël bavardaient sur les évènements de la journée qui avaient bien faillis tourner au drame sans l'intervention musclée de leur amie. Bien entendu, Raphaël glorifiait Diana, ce à quoi sa sœur répondait par des « en-effet » « oui » et « tu as raison ». L'attirance de son frère pour l'Anatolienne ne la rendait pas jalouse, loin de là. Seulement, ce début d'idylle n'était-il pas voué à mourir avant l'heure ? Parfois, il lui arrivait de se demander à quoi penser son frère en s'amourachant d'une princesse royale étrangère qui ne semblait pas porter les mêmes sentiments à son égard.

On frappa à la porte de la chambre, interrompant toute discussion. Un serviteur apparut suivit de près par l'intendant du palais, le gentil et si serviable Emre. Cela étonna les Umpass, d'ordinaire, celui-ci allait d'abord s'adresser à Alpha et Diana qui venaient les mettre au courant où il les voyait avec le duo princier. Il était rare que celui-ci s'adresse directement à eux.

— Monsieur et mademoiselle, Ferr. Une visite vous attend dans le petit salon.

Les jumeaux se consultèrent du regard où pointait une évidente surprise. Qui pouvait bien venir leur rendre visite ici ? S'en était déconcertant. Et si c'était un piège ? Ils turent cette pensée. Cela ne pouvait pas être ça. Qui serait assez stupide pour venir à la Cité Divine terminer le travail dans la ruelle à la barbe des gardes thibéens ?

Ils emboitèrent le pas aux deux hommes qui les emmenèrent dans une petite salle qui était un salon richement décoré de couleurs chaudes. Ils entrèrent à l'intérieur et Emre sortit avec le serviteur pour laisser les jumeaux avec le visiteur ou plutôt les visiteurs.

Dans le salon se tenait une femme et un homme. En voyant celle-ci, Raphaël fut pris de vertige en repensant à se dernière rencontre avec elle. Comme la première fois, elle n'avait pas lésiné sur son apparence. Elle adoptait bien évidemment des manières qui pouvaient faire croire à quiconque qui ne connaissait pas son passé qu'elle avait fait ça toute sa vie. Nul ne pouvait imaginer qu'elle était née et avait passé son enfance dans une campagne sordide montaudréenne ou dans des Catacombes.

L'homme à côté d'elle, était inconnu pour les deux jeunes gens. Vêtu modestement à la thibéenne sans pour autant avoir l'air d'un mendiant. Une barbe et une moustache taillées à la dernière mode de l'île. Le teint cuivré, il devait avoir dans la cinquantaine. Il dégageait une autorité qu'il était difficile de nier. Il arpentait la pièce comme un ours en cage. Lorsqu'il les vit, il commença sans préambule :

— Enfin, il était temps !

— Qui êtes vous ? demanda perplexe Nima.

— La Comtesse, répondit son frère et... je ne sais pas qui.

— Mon nom importe peu, commença l'homme de mauvaise humeur. Je ne suis ici que parce qu'elle a insistée. Je suis le chef des Umpass de Thibéi.

En apprenant la nouvelle, Nima ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux. Dès qu'ils étaient arrivés à Thibéi, elle et son jumeau avaient tenté de le trouver. Ils avaient fait choux-blanc. Voir le chef de l'Ordre ici, en personne, leur parler, était quelque chose d'inouï.

— Asseyez-vous, invita La Comtesse, comme si il s'agissait de son propre domicile.

Comme des enfants, ils se posèrent sur un des nombreux canapé de la pièce. Le chef Umpass resta debout toujours aussi stoïque, les bras croisés, toisant d'un air mauvais tous les habitants du salon. La Cité Divine ne devait pas être son environnement de prédilection.

— Raphaël ? C'est ça ? commença La Comtesse.

Celui-ci hocha positivement la tête.

— Et toi, tu es sa sœur, Nima.