Chapitre 12 : La Comtesse (2/3)

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Lorsqu'il ouvrit les yeux, Raphaël se sentit envahir par une douce chaleur ponctuée d'un léger vent frais qui le caressait, chose rare à Thibéi depuis le début de son séjour. Il se sentait bien, comme si il s'était complètement régénéré après un long somme. C'est avec délice qu'il ouvrit pour de bon les paupières et s'étira de tout son long sur son lit. C'est là qu'un détail le troubla. Sa chambre à la Cité Divine n'était pas colorée dans des teintes vertes. Il se releva rapidement du lit pour découvrir l'endroit où il avait atterrit par il ne savait quel miracle.

La pièce à dormir était richement décorée à l'oriental avec le mobilier nécessaire. Les deux fenêtres qui ouvraient sur un balcon terrasse étaient grandes ouvertes comme pour le persuader qu'il n'était pas prisonnier et qu'il pouvait partir si il le désirait. Un doux parfum de jasmin flottait dans les airs, lui titillant agréablement les narines. Sur une table basse où plusieurs coussins étaient disposés pour faire office de siège, un plateau de mets succulents usuellement mangés lors d'un goûter semblaient l'appeler.

Une fraction de seconde plus tard, le jeune homme aux yeux verts se remémora les évènements qui l'avaient conduis ici. Tout lui revint en un éclair : l'enquête au marché, la bousculade avec la fille mystérieuse qui s'était envolée, le joueur de flûte, ce mal de tête persistant et enfin, son évanouissement. Qui l'avait emmené jusqu'ici et pourquoi ? Il n'en avait aucune idée. Ce qu'il savait c'est que son mal plus tôt qui l'empêchait de faire le moindre geste sans éprouver un violent mal de crâne et une fatigue insurmontable était partie en un temps record. On avait sûrement dû le droguer en cours de route et les effets de la toxine s'était dissipés. Ensuite on l'avait sûrement ramassé dans la rue et emmené ici. Mais pourquoi ?

Si c'était un vol pourquoi ne pas l'avoir laissé dans la rue après l'avoir dépouillé de ses effets. Et si c'était d'une séquestration dont il s'agissait avec une rançon à la clé, pourquoi lui donner la possibilité de s'en aller en laissant la seule issue ouverte ? Tout cela était bien étrange.

C'est ce moment que choisit la porte de la chambre pour s'ouvrir sur un jeune garçon de douze ans qui en le voyant réveillé afficha une mine surprise. Le Montaudréen n'eut même pas le temps de dire deux mots à ce mystérieux hôte que celui-ci sortit au plus vite de la pièce, laissant la porte ouverte derrière lui. Raphaël se demanda si il n'était pas venu pour lui le moment de fuir ce lieu ou se bouger pour savoir à qui il devait son salut. Le temps pour se décider fut bien court car tout de suite après, le jeune garçon revint accompagné d'une superbe femme qui resta dans la chambre tandis que le garçonnet sortait. 

Comprenant qu'il allait devoir se retrouver seul face à elle, Raphaël commença à la dévisager sans vergogne, cherchant un moindre indice même minime sur elle. Il ne pouvait nier, elle était belle et la splendide toilette dont elle était parée ne faisait qu'accentuer cette impression. Elle devait avoir dans la quarantaine et ses traits étaient d'une extrêmes douceurs. Elle avait de grands yeux bleus clairs soulignés par des cils de biche et un fard à paupière sombre. Une bouche boudeuse rouge en raison du maquillage qu'elle y avait appliqué. Son visage inspirait la sympathie, la confiance, tout comme la bienveillance. L'idée ne serait jamais venu à un mortel de la trouver dangereuse. Sa tenue était composée d'une robe rouge à la dernière mode thibéenne, avec un décolleté important, fournit par de nombreuses pierreries. Tout comme le reste de la robe qui était cousue de perle, de fil d'or, d'une ceinture imposante et plusieurs pierres précieuses s'entrechoquaient sur le beau tissu couleur sang.

Pourtant, si chez certain cet amas de richesse était plus ridicule qu'autre chose, la femme devant lui le portait magnifiquement bien. Son teint diaphane était d'une extrême blancheur. Sûrement dû à des crèmes à base de riz appliqué avec rigueur sur la peau, enfin ça, c'est ce que Raphaël pensa, pour lui, il était impensable qu'une dame de qualité thibéenne puisse garder un teint si blanc sous ce soleil de plomb qui brillait tous les jours de l'année. Les cheveux brun chocolat de la femme eux aussi étaient richement coiffés, dans une composition d'une extrême complexité, constituée de tresses et de boucles solidement soutenues en un épais chignon où y était accroché un voile doré à l'arrière, des perles blanches en forme de larme et un peigne en rubis accroché près de la tempe droite.

Tribu : La Flamme [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant