Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 11 : Derrière les portes closes

La nuit venue, par il ne savait quel étrange coup du destin, Alpha se trouvait devant la porte de la chambre de Diana. Était-elle déjà endormie, loin au pays des songes ? Allait-elle daigner le recevoir à cette heure tardive ? Il ne le savait pas vraiment, mais il avait l'horrible impression que les réponses à ses questions étaient toutes négatives.

Lorsque Diana avait quitté le banquet, il s'était sentie affreusement mal et lorsqu'il avait regagné sa chambre, ce même sentiment de remord n'avait pas cessé de le hanter. Le regard de mépris que l'Anatolienne leur avait jeté à lui et Raphaël, il l'avait surtout pris pour son compte. Lui qui avait joué cette comédie pour attirer son attention... Il avait atteint son objectif en quelques sortes, mais pas comme il l'avait espéré. Au lieu de s'attirer la sympathie de la princesse, il avait réussi à lui inspirer de la colère de la façon la plus absurde qu'il soit dans ce monde !

Pourquoi tandis que d'autres bafouillaient ou perdaient leur unitas en adressant la parole à l'être aimé, lui, agissait comme un véritable idiot ! C'était injuste. Mais il devait rectifier cette erreur. Et ce soir serait le mieux. Certes, cela aurait pu attendre demain, mais il craignait que la princesse qui hante ses rêves ne soit pas de ceux qui font table rase de la veille une fois la nuit passée. Elle était rancunière et pas qu'un peu. De plus, tous les évènements depuis leur arrivée à Thibéi le pesaient et il avait besoin d'une bonne nuit de sommeil pour récupérer convenablement, surtout que la suite promettait d'être riche en émotion. Il craignait de mal dormir si il ne faisait pas son mea culpa à son amie.

D'une main mal assurée, le prince frappa à la porte trois coups successifs, espérant être accueillit dans l'antre privée de la princesse. Le battant s'ouvrit tout de suite après fort heureusement, mais comme il s'en était douté ce n'était pas Diana, mais une de ses servantes. Une Anatolienne de dix-huit ans, le teint hâlé naturel, les cheveux bruns coiffée d'une longue tresse, habillée d'une robe de nuit. La jeune femme n'allait pas tarder à se coucher dans ce cas, ce qui voulait dire que Diana était peut-être déjà en train de dormir.

— Votre Altesse, s'exprima-t-elle avec un léger accent anatolien.

— Bonsoir, salua-t-il poliment. Pourrais-je m'entretenir avec la princesse ?

La jeune femme rabattue la porte ne laissant qu'une faible vue de la suite de la chambre, ne dévoilant pas si la maîtresse des lieux était là. Elle jeta un regard derrière elle, pendant un instant puis revint au prince.

— Son Altesse ne veut voir personne, prince. Elle est fatiguée et voudrait dormir.

— Bien-sûr.

Que pourrait-il dire de plus ? Il savait bien que ce n'était qu'une excuse pour le faire partir, lui signifier clairement qu'elle était en colère et ne voulait pas le voir. À coup sûr, elle devait être de l'autre côté de la porte à mimer ses phrases à sa domestique. Il y avait un espoir, dérisoire peut-être, mais bien réel que Diana entende ses mots. Il saisit sa chance.

— Quand elle sera disposée à me parler ou même m'entendre, dites-lui que je suis sincèrement désolé pour mon attitude de ce soir. Je ne voulais pas lui faire de peine ou la fâcher. Je tiens beaucoup à elle et... J'aimerais que ce séjour se fasse sous les meilleurs auspices. Souhaitez lui une bonne et douce nuit de ma part, finit-il. Au revoir, mademoiselle.

— Au revoir, Votre Altesse, s'inclina la domestique.

Alpha quitta le couloir las et rongé par l'inquiétude. Avait-elle entendu ses mots ?

Lorsqu'il tourna à un angle du couloir, la suivante s'empressa de fermer la porte pour y trouver derrière, Diana qui avait tout écouté et était émue par les paroles du jeune homme. Elle l'avait senti si triste, désolé et tellement doux. Jamais elle n'avait entendu un homme dire ses mots à son égard, même pas son père : « Je tiens beaucoup à elle et... » qu'avait-il eu envie de lui dire ? Il s'était subitement retenu pour revenir à un ton plus diplomate.