Chapitre 18 : Gaston Plagen (3/3)

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Une dizaine de jours environ étaient passés depuis que Dave était arrivé au camp militaire. Et chaque journée qui s'écoulaient ne faisaient que confirmer son désir ardent d'être un jour à la place de son père. La vie n'était peut-être pas simple au camp, mais l'ambiance qui y régnait, emportait sur tout le reste. Les premières matinées, il avait eu un mal fou pour se plier aux règles, dont la première, les horaires très matinales du réveil et du déjeuner.

Le premier jour, il s'était levé au son de la trompette et s'était aussitôt recouché, résultat : il avait eu pour tout déjeuner la rosée du matin. Cela avait débouché sur des résultats médiocres lors des exercices. Pour cela il avait dû être de corvée à midi, ce qui se résumait à aider le cuisinier du camp et faire la vaisselle après déjeuner.

Le jour suivant, il avait réussi à se lever à l'heure et ainsi réussit à prendre un déjeuner contrairement à la veille où son estomac avait crié famine durant toute la durée de l'entraînement. Avec ce réveil triomphal, le changement s'était fait ressentir dans ses résultats lors des exercices qui étaient bien mieux que ceux d'hier. Si cela avait un retour bénéfique, il y avait un autre problème que Dave avait dû régler les derniers jours. Son identité. Et les dangers minaient le camp.

Le destin avait été avec lui. Lors des repas ou des moments de repos où l'on pouvait croiser les garçons nobles, il avait trouvé le moyen pour se cacher, s'inventer des excuses, manger rapidement, jouer une fausse migraine ou prétexter une entrevue fictive avec un instructeur alors qu'il se réfugiait dans sa tente ou se promenait près du lac. Après, il avait fallu qu'il se charge du capitaine Morin qui assistait comme par hasard à tous les entraînements des novices du peuple et parfois il était leur professeur.

Pendant les séances, le jeune homme voyait bien que le capitaine l'épiait du coin de l'oeil. Il n'était pas dupe et il était en droit de ne pas l'être. Dave dût reconnaître que ses capacités en escrime, natation et en équitation étaient beaucoup trop impressionnantes pour un simple écuyer. Si pour l'équitation il avait une excuse en béton, ce n'était pas le cas pour les autres disciplines.

Dès lors, il s'arrangeait à rater volontairement certains exercices quand le capitaine Morin le regardait d'un peu trop près. Il loupait d'un cheveux sa cible au tir à l'arc. Se fouler la cheville au milieu du lac lorsqu'il nageait. Se déconcentrer à la dernière minute, laissant son adversaire de lutte le frapper copieusement et gagner la manche. S'emmêlant les jambes pendant un duel d'escrime. À ce sujet, il ne s'était jamais risqué à montrer au grand jour l'épée de son grand-père, la cachant dans sa tente dont le bazar découragerait le plus vicieux des voleurs. Il se contentait d'emprunter à l'armurerie de fortune une petite épée.

Le troisième problème avait été de gérer les interrogations de ses nouveaux compagnons. Dave appréciait la compagnie d'Élias, Connor, Andris, Corente et Gabriel. C'était des bons garçons et même si ils n'étaient pas du même monde, le brun se sentait proche d'eux et de leurs anecdotes. Lorsqu'on lui demandait d'en raconter une à son tour, il modifiait le contexte.

L'école d'arme devenait le manoir de sa grand-mère. Les élèves, des domestiques au service de la comtesse et les professeurs : des majordomes ou autres. Les devoirs étaient des tâches ménagères.

Malgré ses précautions, il arrivait au jeune Valincourt de fauter et pas qu'une fois. Élias avait remarqué son habitude de ne jamais se tenir recourbé et les expressions de son langage qui ne collait pas avec un écuyer. Dave réussissait à ruser, mais parfois il craignait qu'Élias découvre le pot aux roses. Là aussi, il avait trouvé une solution. Il se portait toujours volontaire pour les corvées qu'on leur assignait. Nettoyer les bottes crottées des vétérans, s'occuper de leurs montures, aller en cuisine qui n'était en fait qu'une simple tente, laver le linge des autres ou ranger le matériel une fois l'entraînement du jour terminé.

Tribu : La Flamme [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant