Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 31 : Ça fait longtemps (2/3)

Le lendemain, Raphaël et Nima marchaient pressés dans les rues, en direction de leur destination. Le frère et la sœur avaient opté pour des habits lambda, se camouflant dans la populace avec brio. Raphaël avait emprunté à Dornan un chapeau qui protégeait sa tête et camouflait une partie de son visage. Nima avait une lourde cape pourpre, pourvue d'un capuchon rabattu sur sa tête.

Ils leur étaient arrivés plusieurs fois de faire face à certains agents de la milice qui avaient vu par la même occasion à plusieurs reprises leurs visages. Pour la mission qu'ils s'apprêtaient à effectuer, ils devaient être les plus discrets possible.

Ils s'engagèrent dans une autre rue et arrivèrent dans le quartier marchand où de nombreuses boutiques stationnaient à tous les coins de rues dans un étalage de couleurs chatoyantes et de vitrines bien agencées. Malgré l'heure matinale, quelques calèches ou charrettes étaient déjà garées dans la rue qui n'était peut-être pas encore noir de monde, mais pas vide pour autant.

Instantanément, Raphaël et Nima marchèrent bras dessus et bras dessous comme un jeune couple et regardèrent de temps en temps de droite à gauche. Bientôt, leurs doutes furent fondés. C'était d'un ridicule que ça leur donnait envie de rire sur-le-champ en pleine rue.

À l'angle d'un magasin de chapeau et de gant, deux hommes en tenue paysanne, parlaient discrètement tout en observant une boutique plus loin aux couleurs plus neutres qui présentait une vitrine avec des modèles de robes. Si un passant lambda aurait tôt fait de se faire berner par ce spectacle de comédiens médiocres, pour des éclaireurs, il était tout à fait facile de se rendre compte que ces deux hommes n'avaient rien de paysans.

Ils se tenaient de façon trop raide, ils avaient des regards trop insistants quand de nouveaux passants faisaient leur apparition et ils n'avaient pas vraiment l'air de tenir une réelle conversation. Le frère et la sœur ne prêtèrent pas davantage attention aux soldats déguisés et rentrèrent dans la boutique que les deux policiers regardaient en biais sans même leur adresser le moindre regard.

À l'intérieur de la boutique, c'est avec soulagement que Nima et Raphaël constatèrent qu'ils étaient les seuls clients. Rien n'avait vraiment changé depuis la dernière fois qu'ils étaient venu ici et ce n'était pas pour leur déplaire. Ils retrouvaient leur repère avec le plus grand délice. Nima se permit même d'enlever son capuchon se sentant plus en confiance. Une jeune femme ne tarda pas à venir les accueillir.

— Madame, monsieur, bonjour, salua-t-elle. Bienvenue dans notre boutique. En quoi puis-je vous être utile ?

— J'ai besoin de parler à la couturière Malena, elle travaille bien ici ?

— Bien-sûr, répondit la vendeuse toute sourire. Je vais la chercher. Je n'en ai pas pour longtemps.

Sur ce, l'employé monta quatre à quatre les marches de l'escalier derrière le comptoir, laissant les « clients » dans la boutique. Voir partir la vendeuse emplis de joie le frère et la sœur une nouvelle fois. Malena était donc ici. Cela voulait dire que pendant la prise des Catacombes, la milice du prince n'avait pas réussis à remonter jusqu'à elle, enfin... Si on oubliait les policiers qui surveillaient le magasin. Dans tous les cas, ils n'avaient pas assez de preuves pour l'inculper.

Quelques secondes plus tard, une jeune femme descendit les marches. Elle avait le teint bronzé, les pommettes hautes et saillantes avec un air serein et bienveillant au visage. Et des cheveux noirs coiffés en une tresse longue qui pendait derrière son dos. Lorsqu'elle arriva au niveau du comptoir, elle s'apprêta à prononcer les formules de politesse d'usage, mais quand elle vit qu'elle avait face à elle ses deux amis disparus, elle écarquilla ses yeux de surprise. Elle se retient à grande peine de ne pas montrer sa joie, mais elle y parvint avec un certain brio lorsque les pas de sa collègue se firent entendre derrière elle.