Chapitre 25 : L' ambassadrice (2/3)

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La princesse avait l'étrange sentiment d'avoir déjà joué la scène ce matin, mais si il fallait en passer par là pour obtenir ce qu'elle voulait... alors, qu'il en soit ainsi. Ses femmes de chambres n'avaient pas lésiné sur sa mise du soir. Elle portait une robe bleu azur dont le tissu était si fin qu'il ne laissait aucune imagination sur la forme de ses jambes couleur bronze. 

La coupe de la robe était ravissante, faisant admirer un décolleté appréciateur peu profond, tout juste à la naissance de sa poitrine. Les manches flottantes laissaient au vent le loisir de caresser la chair de ses épaules et de ses bras. Une ceinture couleur or en dessous de sa poitrine dessinait sa silhouette et un bijou couleur porcelaine traînait au niveau de son décolleté.

Les bijoux qu'on lui avait mis étaient tous fait de perles. Ils se composaient d'un collier, d'un bracelet de bras, de boucles d'oreilles pendantes et un serre tête à deux rangées où on avait logé à côté une magnifique fleur orientale de l'île, d'une belle couleur rose qui faisait du plus jolie effet dans cette tenue bleue et blanche.

Les cheveux noirs de Diana avait été peignés, brossés et coiffés en des frisettes harmonieuses disciplinées et un maquillage léger qui ne faisait que souligner une beauté naturelle dont elle avait bien conscience.

Bien entendu, son temps de préparation n'avait pas pour but de séduire un certain homme au dîner de ce soir, mais pour attirer le regard de Ren-Kholtar qui en la voyant apprêtée de la sorte serait bien obligé de la remarquer. Sa grand-mère qui l'avait éduqué, lui avait bien fait comprendre il y a longtemps qu'elle était belle. Bien-sûr à sept ans, il n'y avait aucune utilité à cette qualité, mais à l'avenir celle-ci pourrait s'avérer intéressante.

Aussi, à partir de ce jour, la doyenne avait insisté pour que sa princesse de petite-fille porte des robes plus longues, comme une dame. Qu'elle prenne le temps nécessaires pour avoir une toilette convenable et prenne des heures à choisir les tissus qui composeraient une nouvelle robe. Des leçons que Diana avait acceptées en rechignant et en réalisant des coups bas, comme faire la grâce matinée pour retarder son programme, laisser son chat de compagnie jouer dans la garde-robe.

L'Anatolie était un royaume où les femmes étaient traitées comme les égales des hommes, comparé à d'autres régions du continent. De ce fait, elle n'avait jamais compris en quoi la beauté était un avantage. Il aura fallut attendre jusqu'à ce soir pour pouvoir appliquer ses leçons en dirait bien. La voilà qui se paraît de ses plus beaux atours pour plaire à un dictateur, vieux, répugnant, cruel et irrespectueux pour qu'il daigne envoyer son armée se battre.

L'enjeu était tellement grand, qu'elle était restée impassible pendant tout son temps de préparation, au grand étonnement de ses femmes de chambre, qui ne se souvenaient pas l'avoir déjà vu faire preuve d'autant de calme dans un moment pareil.

Le plan était magnifiquement bien conçu. Tout ce qu'elle devait faire, c'est parler à Ren-Kholtar de l'attaque dans les montagnes, puis elle utiliserait les mots qu'il fallait afin de le convaincre de prendre part dans cette guerre, même si pour cela elle devait se rabaisser à le supplier. Elle espérait ne pas en arriver jusque là, mais ne sait-on jamais, elle devait se préparer mentalement à cette option.
Enfin prête, la princesse quitta sa chambre, accompagnée de ses trois fidèles dames d'honneur qui la laisseraient juste après pour aller manger avec les serviteurs. Diana fut étonnée en arrivant, de voir le grassouillet Emre attendre avec son sourire lunaire devant l'immense battant en chêne.

— Laissez-moi ici. Restaurez-vous bien, souhaita-t-elle à l'intention de ses accompagnatrices.

— Merci, vous aussi, Votre Altesse, prononcèrent les suivantes à l'unisson en bifurquant dans la direction opposée.

Tribu : La Flamme [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant