Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 41 : Bas les masques (1/2)

Île de Thibéi, sud-est du Territoire

Diana ne sentait plus ses jambes. Combien de temps elle et Alpha étaient restés dans cette rue à attendre qu'Esteban ne se montre ? Elle aurait bien voulu se plaindre, mais si elle le faisait, elle s'exposait aux moqueries d'Alpha. Il ne manquerait pas l'occasion de lui dire qu'il la croyait plus coriace que ça. En même temps, quelle idée de faire le pied de grue ! Ses sandales avaient beau être faites dans le meilleur cuir, elle avait l'impression que le sable en dessous de ses pieds réussissaient à chauffer la plante de ses pieds malgré tout.

Fatiguée pour de bon, la princesse quitta sa position pour faire les cent pas dans la petite rue. Alpha surveillait toujours le bâtiment, en espérant voir le garçon qu'ils avaient pris en filature. Cela rappela à la princesse qu'elle devait résister à la fatigue. Il y avait trop en jeux et c'était peut-être leur dernière chance de savoir ce qu'Esteban mijotait avant la date fatidique.

Après la pendaison des deux serviteurs, le prince et la princesse s'étaient donnés pour mission de découvrir qui était réellement Esteban. Ils avaient pensé que quelques filatures allaient suffire, mais au cours des deux jours qui avaient suivi... Ils avaient fait choux-blancs. Soit Esteban réussissait à leur échapper ou ils étaient priés de se rendre à l'arène pour les jeux qui avaient débuté. Il aurait été impoli de se soustraire à cette sortie, surtout en sachant que Ren-Kholtar était particulièrement attaché à cet événement qui avait lieu une fois par an à Thibéi. Le prince et la princesse devaient bien admettre que la sympathie du juge de l'île leur sera bien utile en temps voulu, donc ce n'était pas le moment de nourrir son acrimonie à leur encontre.

Plus d'une fois, le prince et la princesse avaient voulu abandonner leurs filatures après avoir observé le naïve Esteban. Ils s'étaient dis l'espace de quelques minutes qu'ils avaient mal interprété les propos d'Esteban. Qu'ils s'étaient vite monter la tête pour pas grande chose. Et les nombreuses fois en deux jours où ils n'avaient pas réussi à le suivre jusqu'au bout dans ses trajets n'avaient fait que renforcer leur envie d'abandonner. Hélas, un autre événement tragique les avait vite rappeler à l'ordre.

Au cours d'une infructueuse filature, Diana avait décidé de rendre visite au vieux Yao, histoire de voir si il avait recommencé ses affaires peu honnêtes. Dans un premier temps, elle avait vu une foule devant la maison du « sorcier » et elle avait vu l'impensable en avançant. Le vieux Yao gisait par terre, la face déformée par la douleur ou la surprise, complètement raide mort. Ce qui avait été le plus choquant, c'était ce qui se trouvait au niveau de son abdomen. Il avait été déchiqueté et surtout dévoré par des animaux sauvages. N'ayant pas de trace de sang évidente au sol, cela voulait dire qu'il avait été tué dans un autre lieu et emmené ici post mortem.

Au lieu de s'émouvoir du sort qu'avait subi le vieil homme, ses anciens voisins avaient vu là une punition divine bien méritée. Apparemment, après le bazar que la belle brune avait causé dans sa boutique, les habitants des environs et la clientèle avaient appris que Yao n'était qu'un escroc. Encore perturbée par ce qu'elle avait découvert, Diana avait informé Alpha de sa malheureuse trouvaille et lorsqu'elle lui avait décris les blessures du vieil homme, le prince avait aussitôt relié ça à la conversation d'Esteban avec l'homme qui était venu lui rendre visite. Se pourrait-il que Yao ait servi de paiement ? Cette mort supplémentaire les avaient poussé à redoubler d'efforts pour démasquer Esteban et aujourd'hui, ils touchaient enfin au but.

Le Montaudréen s'était levé tôt ce matin, avait prévenu Emre de son absence pendant les prochaines heures et il était partit. Il avait tourné et tourné dans la ville, jouant au parfait touriste puis, son attitude avait complètement changé. Son sourire s'était refermé et son expression faciale avait radicalement changé. Il avait rangé son carnet de note, son matériel de dessin et avait observé les alentours avec attention. Voilà l'homme qu'Alpha et Diana cherchaient depuis le début. Il avait rabattu sa capuche sur son crâne malgré la chaleur de la vieille ville et il avait traversé une multitude de rues pour finir par atterrir dans une auberge.