Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 24 : Une nouvelle équipe (2/2)

— Nous ne pouvons pas en discuter ici, fit remarquer Raphaël. Suis-moi.

Les deux garçons marchèrent un petit moment à travers le village pour arriver devant une bâtisse délabrée dans les bois, qui avait l'air d'être abandonnée, si ce n'était la légère lumière d'une bougie éclairant une salle quelconque du logis. Dave put y distinguer à la lueur de la flamme, une silhouette féminine. Nima sans aucun doute. Ils pénétrèrent à l'intérieur. La jeune femme se leva automatiquement lorsqu'elle vit l'invité inattendu :

— Dave, mais que fais-tu ici ?

Le Bellevuain n'était pas homme à réfléchir avant d'agir. Il savait ce qu'il allait faire et il savait très bien comment y parvenir, mais tout se mélangeait subitement dans sa tête. Les histoires abracadabrantes sur la flamme ancestrale, la mort de Bastien, les armes montaudréennes, les morts du camp, ce mystérieux allié avec qui l'armée avait perdu contact, les vaines tentatives de son père pour le faire partir du camp et enfin sa course qui l'avait mené ici à Giovach. Pour résumer cette journée, il s'entendit dire :

— Je viens avec vous.

Les jumeaux se regardèrent un instant, comme pour demander silencieusement à l'autre si ils avaient bien entendu. Raphaël qui était resté à côté de Dave, à l'entrée de l'unique pièce de la bicoque, se joignit aux côtés de sa sœur et demanda au noble bellevuain :

— Pourquoi ? Nos histoires sont pour les enfants, il paraît. Tu n'y accordes aucune valeur, accusa Raphaël.

— Si je veux partir avec vous, ce n'est pas parce que je crois à vos légendes urbaines et mythes, contra Dave en élevant la voix inutilement. Bastien est mort aujourd'hui. Votre Prince, cracha-t-il, nous a fais une jolie suprise, souleva-t-il ironique.

De nouveau intrigué, le frère et la sœur se consultèrent encore du regard. Énervé par cette étrange conversation silencieuse entre ses potentiels nouveaux alliés, Dave entra dans la pièce et s'assit familièrement sur une des chaises, tout en tripotant ses doigts avec frénésie pour calmer l'angoisse qui l'étreignait.

— Pendant l'entraînement dans les montagnes, on a été attaqués, révéla-t-il. Des soldats montaudréens... Ils avaient des armes révolutionnaires, qui utilisaient la force vitale à un niveau inédit. Je... Bastien est mort, répéta-t-il en regardant le sol. Et d'autres vont mourir, dit-il en regardant Nima et Raphaël. Écoutez, je ne crois sûrement pas à votre histoire de flamme, mais les faits sont là, Thamay de Filatine est à deux doigts de gagner. L'armée bellevuenne est pour l'instant la seule sur place et elle va se faire décimer par ces armes de l'enfer. Quant aux Anatoliens, lorsqu'ils viendront ici, ils subiront le même sort. Thamay gagnera la guerre et la suite on la connaît.

— Donc, commença Raphaël qui avait été attentif au discours. Tu veux nous accompagner, pour nous aider à trouver une flamme, en laquelle tu ne crois pas.

— Je n'ai pas dit que je trouverai cette flamme, bon sang, jura-t-il. Mais enfin, vous n'avez que ce mot à la bouche ? Non ! Le général des armées bellevuennes essaye de rentrer en contact avec un allié, mais les espions sont sûrement morts et c'est peut-être une des seules chances pour renverser l'issue de la guerre.

— Qui est cet allié ? demanda Nima.

— Je n'en sais rien. Mais je suis sûr qu'une fois à la capitale, je pourrai trouver qui c'est.

— Tu as juste besoin de nous pour aller à la capitale, releva Raphaël un brin revêche.

— Oui, affirma Dave sans sourciller.

Le grand brun regarda plein d'espoir Nima. Il voyait bien que son frère, le jugeait mal, en grande partie car il ne croyait pas aux mystères du Territoire des trois Royaumes. Qu'à cela ne tienne, il n'allait pas le rejoindre dans sa folie juste pour qu'il l'apprécie et il était persuadé que Nima qui devait être la sagesse de ce duo, allait se ranger de son côté. Elle avait très peu parlé lors de leur échange, cela voulait peut-être signifier qu'elle était d'accord avec lui et qu'elle serait éventuellement ravie qu'il les accompagne. À trois sur les routes, avec un soldat, on est plus en sécurité.