Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 44 : « Bon... ben voilà... C'est terminé. » (2/3)

Diana sortit de la pièce, un peu médusée, suivit de près par Ren-Kholtar. Elle s'était attendue à ce qu'Esteban... Non ! Thaddeus, abuse de leur confiance une fois de plus. Ce jeune homme n'avait rien d'un... jeune homme au final. Lorsqu'il jouait son personnage d'Esteban de Grandvillier, il semblait si naïf. Le parfait doux rêveur aventurier. Là, dans cette pièce, elle avait vu une autre facette et elle avait deviné que si Thaddeus avait été envoyé à Thibéi c'est sûrement parce qu'il avait l'étoffe de la personne capable de mener à bien cette mission.

Elle n'oserait jamais le dire à voix haute, mais elle avait l'impression que l'échec de l'espion était plus dut à la chance qu'aux capacités d'investigation d'elle et d'Alpha... Alpha. Aussitôt qu'elle pensa à lui, ses pensées s'assombrirent. Il ne s'était toujours pas réveillé. La chute dans l'arène lui avait causé des bleus, mais le plus important c'était son évanouissement.

Un guérisseur avait évoqué la possibilité que c'était l'utilisation de ses pouvoirs qui en était la cause. Diana s'était aussitôt souvenue des sensations du prince les derniers jours. Tout le long de leur séjour, Alpha n'avait cessait de sentir une gêne à chaque fois qu'il avait recourt à sa force vitale. Il avait prétendu que c'était à cause de la chaleur et elle avait aussitôt balayé ses répliques. Quelle stupide ! Elle aurait dû prendre davantage en compte le ressenti de son ami, parce qu'au final, il existait un remède précis pour supprimer cette gêne. Au lieu de ça, elle l'avait lâché dans l'arène et présenté à une mort certaine en la personne de Thaddeus « sans nom de famille ».

- ... l'exécution, finit Emre.

Trop obnubilée par ses pensées, Diana avait délaissé le groupe masculin avec qui elle avait été dans la salle d'interrogatoire. Eux, en tout cas, ils n'avaient pas l'air de se formaliser de son absence. Ils parlaient entre eux dans une discussion animée, sans prendre compte de son avis. Mais elle était trop préoccupée pour s'offusquer de ce détail. Elle se contenta de les regarder finir leur conversation.

Le Grand Juge inclina la tête pour acquiescer aux propos de son premier intendant. Accompagné des autres hommes, ils quittèrent le couloir. Lorsqu'il passa devant elle, Ren-Kholtar lui adressa pour une fois un regard dénué de colère, de haine ou de mépris. Cela avait tout l'air d'être un regard... reconnaissant ?

Elle se contenta d'incliner légèrement de la tête, comme le signe d'une modeste révérence. Elle était à présent seule avec Emre. Le premier intendant joufflu avait cette fois-ci le visage sans sourire. La femme à la peau couleur chocolat fut en partie étonnée de ce changement. Elle revoyait Emre décrire avec calme et un sourire bienveillant ce qui attendait les dépouilles des deux serviteurs du harem. Visiblement, l'affaire Thaddeus était si importante qu'il était malvenu de faire étalage d'une quelconque bonne humeur. L'intendant s'approcha et commença gravement :

- Votre Altesse, le Grand-Juge vous remercie sincèrement pour votre implication dans l'enquête. Vous avez tout son respect. Vous et le prince Alpha, vous nous avez été d'une grande aide. Qui aurez pu imaginer qu'un vil serpent se cachait à la Cour, trembla-t-il en rentrant ses mains dans ses longues manches.

Diana baissa la tête modestement et esquissa un vague sourire aux dires de l'intendant. Si elle n'était pas princesse anatolienne et Alpha, un prince bellevuain, nul doute qu'on aurait organisé un banquet en leur honneur. Le Grand-Juge aurait envoyé un courrier à leurs pères afin de décrire le comportement exemplaire des deux émissaires royaux. Hélas pour Thibéi, son dirigeant avait perdu la face en punissant les mauvais coupables et en laissant un espion étranger sévir des semaines en habitant sous son toit. Il ne pouvait pas les féliciter sans se rabaisser à la foi.

- Je vous en prie et dites-le aussi au Grand-Juge. Moi et son Altesse, le prince Alpha de Bellevuannie, dit-elle avec une pointe de tristesse qui la poussa à s'arrêter dans sa réplique, nous n'avons fait que notre devoir, reprit-elle avec un sourire encourageant.