Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 20 : Mascarade (1/2)

Après cet événement, le général n'avait rien dit. Il était passé devant son fils et avait continué à saluer les autres soldats comme si rien d'important avait eu lieu auparavant. Loin de voir là un soulagement, Dave avait compris que c'était fini pour lui. Son identité avait été révélée devant tous et malgré l'intervention courageuse d'Élias qui en passant savait désormais qui il était vraiment, n'avait pas arrangé la situation.

On pouvait reprocher beaucoup de choses à Élias, mais il était loin d'être bête comme certain le pensait. Après les dires du jeune homme, Dave n'avait même pas tenté d'appuyer ses propos. Un silence et une absence de réaction qui en disait long sur la réponse. La vérité était tellement logique qu'il n'y avait aucun doute là-dessus.

Dave avait donc eu l'intelligence d'esprit de se retenir de parler avec ses amis et après que le général eut salué tout le monde, il s'était terré à l'intérieur de sa tente jusqu'à ce que l'heure fatidique arrive. Personne n'avait cherché à le voir ou à savoir comment il allait, et cela lui était bien égal. Il devait être vu comme un paria. Les garçons nobles devaient se moquer de lui pour sa couverture qu'ils devaient juger comme le déguisement le plus grotesque de tous les temps. Quant aux roturiers, ils devaient le prendre pour un menteur de la pire espèce.

— Dave de Valincourt, l'appela-t-on depuis l'extérieur.

Le soleil renvoyait l'ombre d'un homme à l'intérieur de son logis de tissu et de bois. La voix lui était étrangère, mais le grand brun sortit malgré tout pour affronter le fantassin. Armure reluisante, cape vierge de toute poussière, crasse ou sang. Moustache et barbe bien taillées tout comme des cheveux bien coiffés. Cet homme était le parfait cliché du soldat bellevuain de roman. On avait du mal à croire qu'il se soit rendu sur le champ de bataille. Et avec cette armure, nul doute qu'il s'agissait d'un des soldats confirmés de l'armée bellevuenne.

— Suis-moi.

Le jeune homme emboîta le pas à son guide sous les regards interrogateurs des garçons qui il n'y a même pas une heure étaient ses amis. Ils marchèrent pendant un moment. Le jeune héritier reconnue sans problème le lieu où le soldat l'emmenait. Il s'agissait des rangs de l'armée bellevuenne. Là où les novices n'avaient pas le droit de pénétrer sans une autorisation ou une sérieuse bonne raison.

Ils marchèrent encore un peu et finirent par arriver devant une grande tente, l'une des plus imposante de tout le campement. Maintenant, aucun doute, il savait où il allait. Son guide lui intima d'entrer à l'intérieur. Le jeune soldat ne se fit pas prier et pénétra dans la tente. Pour la première fois, il vit à quoi allait sûrement ressembler sa vie lorsqu'il serait à la place de son père.

La tente du général n'était pas comme le malheureux bout de tissu brun monté près d'un arbre. C'était une vraie tente à chapiteau d'une tenture verte prairie. Un bureau de camp simple était dressé dans un coin, croulant sous les lettres. Un tapis de paille tressé constituait le sol. Un lit de camp était posé dans un coin et un coffre contenant les effets de son père reposait prés du lit. Dans un autre coin, il y avait la partie salle d'eau du général : une bassine remplit, une serviette et le nécessaire de rasage.

Mais toute son attention était portée sur l'armure du général. Dave s'en approcha craintif, comme lorsqu'il avait sept ans. Son père était son véritable héros. Un héros qu'il ne voyait presque jamais. Cette armure... il l'avait tant admiré en cachette lorsque celui-ci était au domaine. Il l'avait admiré de loin sans oser la toucher de peur de la salir ou de la voir disparaître comme dans un enchantement ou un simple mirage.

Il lui avait toujours semblé qu'elle était plus grande et imposante, à présent elle faisait sa taille. Pouvait-il véritablement rentrer dedans ? Il avait tellement envie de le savoir. Les faucons d'or posant fièrement à la naissance des épaules semblaient l'interpeller. Il s'approcha doucement et lorsqu'il s'apprêta à les effleurer des doigts...