Chapitre 18 : Gaston Plagen (2/3)

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Cela devait faire presque une heure que Dave s'évertuait à monter sa tente et celle-ci n'était toujours pas matérialisée devant lui. Il avait tout tenté pourtant. La faire tenir à un arbre, tirer la corde, se servir du bâton... Il avait presque fini par croire qu'au final cette séance de bricolage improvisée soit un test et qu'il était impossible de la monter seul.

Était-il si peu intelligent pour ne pas savoir assembler les pièces nécessaires d'une tente de fantassin ? Aucun livre pour l'aider cette fois et pas de Tim non plus pour l'aider à voir ce qu'il ne voyait pas. Il aurait donné cher pour voir comment Regnald, Leane et Bastien montaient les leurs.

Ils devaient faire ça en riant, en se demandant pourquoi il n'était pas avec eux. D'ailleurs, cela lui fit penser que depuis qu'il était là, il n'avait vu aucune connaissance. D'un côté cet aspect des choses l'arrangeait. Il évitait ainsi que sa véritable identité ne soit révélée au grand jour. Malgré tout, ce constat l'interpellait. Beaucoup de jeunes hommes de sa tranche d'âge à l'école lui avait dit partir à la guerre. Pourquoi n'étaient-ils pas là ?

— T'as besoin d'aide, l'ami.

— Quoi ? se retourna Dave.

— J'te demande si t'a besoin d'aide, t'es sourd ? rigola le nouvel arrivant.

— Non, c'est que... merci, fit Dave perplexe en voyant l'autre s'atteler à sa tâche avant même qu'il ne lui ait donné l'accord.

Cela lui laissa le temps d'observer le visiteur. Il devait forcément avoir le même âge, des traits juvéniles, le regard vif et sombre. Des cheveux bruns rasé comme lui qui commençait à repousser assez rapidement à vrai dire à tel point que Dave doutait que celui-ci ce soit vraiment débarrassé de sa chevelure. Le teint bronzé, des tâches de rousseurs bordant les pommettes, les mains rugueuses, l'accent du nord bellevuain.

« Un garçon du peuple », songea Dave.

C'était peut-être l'occasion de se faire un camarade ou de vérifier si il entrait parfaitement dans son personnage, mais c'est le monteur de tente qui engagea la conversation :

— J'te voyais depuis là-bas en train de galérer avec ta tente. T'as d'la chance. J'viens du camps des bourges. J'ai passé la journée à monter les leurs. Passe-moi le bâton là-bas.

Interloqué de ne pas entendre de « s'il te plaît » Dave ne s'exécuta pas tout de suite, mais finit par le faire en voyant le regard ahuris que lui lançait l'inconnu.

— C'est pas croyable quand-même. Ces blancs-becs sont capables d'utiliser les grand mots pour piailler, mais quand faut monter trois petits bouts de bois, des vrais bras cassés, non mais j'te jure. Ils font tellement pitié de l'autre côté. À un moment, j'ai même cru que t'étais l'un d'entre eux. Mais... non, si c'était le cas tu serais en train de demander à ce qu'on te fasse le travail et tu serais en train de te baigner avec des huiles parfumés. Des huiles parfumées, pouffa le paysan. L'huile c'est pour la cuisine pas pour se barbouiller la tronche.

Malgré la description peu élogieuse que dressait l'inconnu de la classe supérieure, Dave ne put s'empêcher de tilter sur les informations que le jeune homme lui avait communiquées inconsciemment.

— Alors... comme ça, les nobles se situent de l'autre côté du camp ?

— Oui. C'est là bas, qu'on les a parqués. Je parie mon caleçon qui vont avoir droit à du caviar et une dinde qu'on leur aura gentiment préparée. Et nous ? On aura droit aux restes, comme des chiens. J'te jure. C'est pas à la guerre qu'ils devaient aller ceux là, mais au palais. Au fait... Élias, se présenta-t-il en tendant sa main à Dave.

Le noble s'empressa de la serrer et se présenta à son tour :

— Gaston.

— Tu viens de l'ouest non ?

Tribu : La Flamme [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant