Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 23 : La musique de la corne

— Tu es sûr que c'est par-là ? demanda Leane échevelé qui ramena ses cheveux blonds an arrière. J'ai soif, se plaignit-il.

— Tiens, dit Regnald en lui donnant la gourde du groupe.

Dave n'avait pas fait attention aux plaintes du blondinet. Toute son attention était rivée sur la carte qui leur avait été confiée par leurs instructeurs en début d'après-midi pour mener à bien cet exercice : une course d'orientation dans les montagnes.

Le Valincourt à la recherche de louange et d'exploits, comptait bien prouver sa valeur. Et quoi de plus excitant que d'essayer de se repérer dans cet amas de feuillage et de bois inconnu. Il scrutait chaque arbres et rochers, guettait le sens du vent tel un chasseur aguerri. Il prenait un réel plaisir à cet entraînement, ce qui n'était pas le cas de ses compagnons de route.

Leane soufflait et répliquait à chaque seconde qu'il était fatigué. En même temps, il était de notoriété publique de savoir qu'un Mont-Argent était plus à l'aise dans un salon que dans la forêt. Regnald, lui ne montrait rien de ses sentiments et marchait droit devant lui, décidé à en finir au plus vite avec cette épreuve qu'il jugeait stupide et sans grand intérêt. Si par mégarde, pendant une bataille, ils se retrouvaient dans les montagnes, ils seraient plus occupés à fuir leurs assaillants que lire une carte.

Quant au jeune Bastien, le cadet du groupe, un sourire niais accroché obstinément au visage qui avait pris une teinte écarlate suite aux efforts du châtain, il ne voyait pas la fatigue arriver. Tout ce qu'il voulait, c'était impressionner Dave en lui montrant qu'il pouvait tenir la même distance que lui sans s'essouffler.

Malgré les apparences, celui qui s'était auto-proclamé chef, n'était pas pour autant épargné par la chaleur et la fatigue. Il était essoufflé et voulait volontier se poser quelque part quelques secondes avant de reprendre plus déterminé encore la route. Mais la peur qu'un instructeur tapit derrière les branches, surveillant ses moindres faits et gestes pour le rapporter au capitaine Morin, était plus forte que la fatigue. De toute façon, il trouverait la paix que lorsqu'il aurait trouvé l'objet indiqué par la carte : un ruban vert sapin qui pouvait facilement se marier avec la végétation ambiante. Une fois le bout de tissu en main, lui et son équipe devait rejoindre le point de rendez-vous, là où leurs professeurs les avaient laissé pour débuter cette course.

Ils marchèrent pendant un moment pour enfin trouver le fameux bout de soie vert. Cachant mal sa joie, le grand brun l'arracha sans douceur de la branche auquel il était accroché. Il prit à témoins ses amis en le brandissant comme un trophée.

— Bravo, Dave, félicita à bout de souffle Leane qui s'éventa avec ses mains, trop heureux d'enfin revenir sur leurs pas.

Le trajet du retour se déroula dans une humeur plus légère que l'aller, même si ils étaient pressés par le temps, car ils voulaient arriver les premiers. Ils étaient tous motivés pour rentrer le plus rapidement possible, grisés aussi par l'envie de faire pâlir d'envie leurs collègues de guerre. Une fois n'étant pas coutume, Leane demanda pour la énième fois de la journée à se reposer, ce que Dave lui autorisa sans même le rabrouer pour sa paresse. Ils avaient sûrement pris beaucoup d'avance, et ils pourraient compenser le retard causer par Leane en courant à petite foulée. La victoire était déjà entre leurs mains.

Dave contempla le paysage montaudréen un instant et repensa aux paroles de la veille du frère et de la sœur Umpass. Aussitôt que les mots s'assemblèrent dans son esprit, il pouffa de rire. Par le Tout-Puissant, cette histoire était d'un ridicule à peine croyable et une secte secrète y croyait dur comme fer tout comme le Prince Thamay, le souverain de la Montaudréanie ! Finalement, cette guerre ne serait pas difficile à remporter. Ils se battaient contre un peuple fait de superstitieux, de fanatiques et de grands enfants.