Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 5 : L'espion

— Votre Altesse, est-ce tout ce que vous savez à propos de cet homme ? demanda pour la énième fois Joam Cassian, le capitaine de la garde royale.

— Oui, répondit un Alpha excédé. Je vous ai dit tout ce que je sais. Il se nommait Gérald, du moins c'est ce qu'il prétendait. Il était montaudréen, ça j'en suis persuadé. Il s'est fait passé pour un de nos alliés, mais je me suis lourdement fait berner, réexpliqua-t-il. Tout ce qu'il me voulait, c'était la dague.

— La dague du mois dernier ?

— Oui, capitaine ! confirma le prince énervé pour de bon.

Après la mort de Gérald, aussitôt dans la soirée, le roi avait été mis au courant des faits et un conseil s'était tenu en toute discrétion pendant le bal. Les ministres voyaient là une occasion pour déclarer officiellement la guerre à la Montaudréanie, mais ils ne pouvaient rien déclarer temps qu'il n'avait pas été démontré avec preuves à l'appui, que le mystérieux Gérald, si c'était son nom, était un agent à la solde du Prince Thamay.

Lorsque les preuves seront révélées, la guerre sera déclarée et les troupes bellevuennes partiront officiellement pour le front. Les troupes anatoliennes qui était à présent leurs alliées, arriveront dans les plus bref délais. Il était dans l'intérêt de tout le monde de savoir qui était Gérald et pour qui travaillait-il vraiment. D'une part, pour enfin déclarer cette guerre qui pourrait faire gagner de nouvelle terres au royaume et d'une autre pour qu'Alpha, tout comme Nima, aient une idée de ce qui se passait sur les terres lointaines et secrètes de Montaudréanie.

Si le reste de la soirée, on avait laissé le prince bellevuain se remettre de ses émotions. La matinée, le capitaine de la garde n'avait pas hésité à le bombarder de questions pour orienter l'enquête dans le bon sens et la conclure le plus rapidement possible. Sans compter que Joam Cassian était habité par un sentiment qui ne fallait pas négliger, celui de la revanche.

Ses supérieurs lui avaient passé un sacré savon la nuit dernière, car en temps que capitaine de la garde, il était responsable de cet événement. Le prince n'aurait jamais dut se trouver seul en présence de cet individu dans un lieu loin des regards vigilants des gardes en faction cette soirée-là.

Aussi, Joam avait hâte de réussir son enquête afin de prouver à ses supérieurs qu'ils avaient eu tort de douter de ses capacités, mais avec le peu d'infos qu'Alpha lui fournissait, ce n'était pas gagné d'avance.

Nima, Dave et Tim n'avaient pas hésité à retrouver leur ami commun dans sa chambre lors de l'interrogatoire dans le but de l'épauler.

Le capitaine, voyant que le prince avait atteint ses limites, s'excusa platement et avec ses hommes quitta la chambre royale pour sans doute commencer l'investigation.

Lorsque la porte de la chambre se ferma sur le passage des gardes, Alpha s'autorisa un soupir d'aise et s'allongea sur son lit se fichant complètement de son rang qui lui imposait de ne pas faire preuve de peu de savoir vivre.

— Enfin, c'est terminé.

— Je me demande comment cette histoire va terminer ? fit Dave en piochant sur le plateau déjeuner de son ami qui y avait à peine touché.

— La guerre éclatera, annonça Tim du tac au tac. Les ministres, conseillers... tout le monde n'attend que ça. Avec ou sans ton Gérald, Alpha, ils auraient trouvé un moyen pour y parvenir.

— Donc quoi ? Nous on doit rester ici et les regarder faire ? s'insurgea Nima. Alpha, que t'a dit ce « Gérald » ?

C'était sûrement la millième fois de la matinée que le jeune homme relatait les évènements et il avait la forte envie de ne plus le faire. Cependant, en regardant Nima, il capitula. Si cela pouvait la soulager de savoir dans les moindres détails les évènements de hier soir...