Chapitre 22 : À la croisée des chemins (1/2)

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La journée avait été riche en émotion pour le jeune Valincourt. C'est avec délice qu'après le dîner, il avait regagné sa tente. Le repas c'était ponctué de félicitations à son égard concernant sa réussite face au parcours élaboré par le capitaine Morin. Des jaloux avaient murmuré leur mécontentement à l'autre bout de la cantine ou dénigrer ses talents en prétendant que s'il était arrivé à bout de cet exercice, c'était grâce aux relations de son père.

Grisé par le succès, le beau brun n'avait pas eu le cœur à répondre aux provocations. Il avait prévu de le faire demain, quand il réussira à nouveau un entraînement. Et pour ce faire, une nuit réparatrice était la bienvenue. C'est avec un petit goût amer qu'il avait dérogé à la cérémonie du coucher avec la flûte d'Andris.

Le jeune soldat s'avouait intérieurement qu'il n'avait pas autant sommeil que les autres le pensaient et il espérait que malgré cela, les cauchemars ne viendront pas s'imposer dans son esprit. Il avait remarqué que lorsqu'il était épuisé, ceux-ci disparaissaient d'eux-même. Depuis qu'il avait tué Estugar, ses horribles songes tournaient en boucle autour du même événement de son passé.

L'eau ruisselante glaciale, qui s'infiltrait dans ses vêtements, l'imposant parfum de rose de sa mère, les hennissements apeurés du cheval, les roues du carrosse qui s'emballaient, les cris terrifiés, les mains gantés le tenant fermement, la cape doublée d'une fourrure d'hermine qui lui chatouillait le nez puis... plus rien.

Le cauchemar avait pris possession de son esprit presque aussitôt qu'il eut fermé les yeux, l'emmenant dans un pays fait d'angoisse et des fantômes de jadis. Cependant, un nouvel élément apparue. Une main lui agrippait fermement l'épaule pour le ramener à la vie. Une main insistante, avec une poigne qui ne connaissait pas. Il comprit bien vite que ce n'était pas un rêve, mais bien quelqu'un qui voulait le tirer des bras de Soam, l'Astre de la nuit. Se réveillant en sursaut dans un cri étouffé à la hâte, Dave découvrit Leane dans l'obscurité à l'intérieur de sa tente.

— Leane ! cria-t-il presque.

Il se rappela bien vite qu'ils n'étaient pas seuls et que si on les surprenait, on allait jaser sur leurs comptes.

— Que fais-tu ici ? Tu t'es trompé de tente ?

— Nullement, mon ami. Je viens te chercher, on sort.

— Leane, articula Dave en papillonnant des paupières plusieurs fois pour s'habituer à l'obscurité dans laquelle il s'était réveillé. Nous ne sommes pas à l'école d'arme. Tu en es conscient ? Les surveillants ici sont des soldats confirmés qui ne vont pas se contenter de nous donner un avertissement et une lettre à nos parents pour mauvaise conduite, mais sont capables de nous faire envoyer en prison pour désertion.

— Mais si personne ne sait qu'on sort et qu'on rentre avant le prochain tour de garde, il n'y a aucun danger, justifia Leane. Allez rabat-joie, poussa le blond aux yeux bleus. Habilles-toi vite.

Le comte de Mont-Argent disparue de l'habitat de toile. Dave ne savait que penser. Devait-il se recoucher et tomber d'accord pour se dire que ce qu'il venait de se passer n'était qu'un mauvais rêve ou suivre son ami malgré tout ? Les risques étaient grands si on les prenait à sortir du camp. Mais l'invitation était beaucoup trop tentante.

Il tomba d'accord pour la deuxième option et se munit de sa cape et d'une paire de botte. Leane était dehors et l'attendait. D'un sourire entendu, les garçons se dirigèrent à la sortie du camp et se faufilèrent à travers les branches et les arbres. Dave vit au loin Regnald et Bastien qui lui firent de grands gestes de la main.

— Comment vous avez fait pour sortir sans que les sentinelles ne vous voient ?

— Des pièces par-ci et des pièces par-là, expliqua Leane avec bonne humeur.

Tribu : La Flamme [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant