Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 48 : Lendemain de gloire (3/4)

Délicatement, la jeune femme posa un bouquet de fleur rouge sur la stèle blanche immaculée. Quelques pétales s'évadèrent du bouquet pour laisser des confettis de couleur pourpre aux alentours qui se déplacèrent au gré du léger vent qui souffla dans le jardin. Nima réajusta une mèche auburn derrière son oreille puis, difficilement, elle se leva pour garder une minute de silence et se recueillir silencieusement.

Les cendres du chevalier avait été répandues dans son jardin comme le voulait la tradition et d'une certaine façon, cela l'apaisait de savoir qu'une partie de lui demeurait ici, dans ce manoir dans lequel elle allait sûrement vivre pour le reste de ses jours. La plaque commémorative de Dornan se trouvait à côté de celle de ses parents dans un endroit reculé du jardin bien entretenu.

Après tout ce temps, elle avait toujours du mal à faire remonter l'information à son cerveau. Elle avait l'impression de se réveiller tous les jours et de devoir tous les matins se convaincre qu'il était mort. À chaque fois qu'elle entrait dans une pièce, qu'elle entendait un bruit provenant de sa chambre ou qu'elle entendait son cheval hennir, elle avait toujours l'impression que Dornan était là. Qu'il revenait... Mais ce n'était jamais lui... Et ce ne sera jamais lui...

Il l'avait laissé avec leurs souvenirs et elle devrait vivre avec. Les premiers jours, elle s'en était voulue profondément. Si ils étaient partis comme prévu, Dornan serait toujours là. Elle serait en train de rire avec lui, de l'embrasser et écouter sa voix qui l'avait réconfortée tant de fois...

Et Raphaël ?

Elle n'avait pas cessé de jouer ce dilemme moral dans sa tête plus d'une fois. Qui aurait-elle préféré perdre si on lui avait laissé le choix quelques secondes avant l'explosion ? Son frère ou l'homme qu'elle aimait ? Qu'aurait-elle fait ? Elle n'en savait rien et cela l'attristait encore plus de savoir qu'elle était capable de penser à cette éventualité. Si Raphaël était mort, elle serait dans le même état ou pire. Mais elle n'avait pas le temps pour la douleur, en tout cas, pas pour le moment. Il y avait de nombreuses choses à régler et en temps que nouvelle dame de la maison elle devait s'en charger.

Elle n'avait pas renoncé à partir pour l'Anatolie, en fait, elle nourrissait l'espoir secret que lorsqu'elle serait à Pyros, que ses doigts toucheront le sable fin, que ses pieds trouveront l'eau fraîche et salée de la mer. Après que sa peau ait goûté au soleil réconfortant anatolien, une partie de sa tristesse s'en ira en réalisant le dernier projet qu'elle avait avec Dornan. Elle y partirait quand les routes seront plus sûres, et cette fois-ci, seule. Elle sentait qu'elle devait accomplir ce chemin de cette façon, c'était comme une sorte d'appel.

Mais avant cela, elle devait se remettre au travail. Ce matin, elle avait enfilé une de ses robes simples mais inconfortables de noble montaudréenne. Une robe rouge et blanche à manches longues aux motifs de la même couleur avec une ceinture dorée. Elle avait attaché ses cheveux en tresse, avait posé une légère couronne de fleurs et s'était maquillée légèrement. Elle avait prévu d'accompagner Raphaël au château pour les festivités que donnait le comte Celmar afin d'accueillir l'armée bellevuenne à la capitale, mais au dernier moment, elle s'était désistée et comme un automate, elle s'était retrouvée dans le jardin à prendre soin de la pierre tombale de Dornan.

Lorsqu'elle pénétra dans le manoir, tout le monde s'activait et elle afficha un sourire de forme pour l'assemblée. Elle se dirigea dans le salon et découvrit Gal, Malena, Maïa, Corente et Logan. Elle préféra éviter de regarder le couple formé par les jeunes mariés se tenir affectueusement. Elle se concentra sur le personnage du jour : Logan.

Le jeune homme blond était habillé et avait un petit bagage. Maïa et Corente parlaient entre eux activement de quelque chose, ou plutôt c'est Maïa qui parlait le plus. Nima était heureuse de voir que le jeune garçon avait trouvé sa place parmi les Umpass. Le jeune bellevuain qui parlait à peine pouvait maintenant avoir des conversations de plus de dix minutes avec n'importe qui et elle l'avait vu plusieurs fois sourire. Il n'était pas encore guérit des blessures de son passé, mais elle ne désespérait pas qu'il y arrive un jour. Entouré de Maïa et de Sekenopé, deux femmes fortes, il ne pouvait en être autrement.