Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 31 : Ça fait longtemps (1/3)

Le reste de la journée s'était écoulée lentement. Chacun avait vaqué à ses occupations dans l'enceinte protectrice du manoir. Dornan s'était absenté après le repas de midi pour affaire. Le reste des résidents avaient dû s'occuper comme il le pouvait, se préparant à quitter la capitale montaudréenne. Dave avait pu s'entraîner avec ses compagnons de route. Le chemin était encore long jusqu'aux terres du Nord et même si jusqu'à aujourd'hui ils n'avaient pas eu de réelles raisons de livrer combat, rien ne disait qu'il allait en être de même pour la suite. Ce n'était pas le moment de se ramollir. Heureusement, personne n'avait vraiment perdu de ses capacités, mis à part Corente.

En observant d'un peu plus près le jeune garçon d'une quinzaine d'année s'entraîner, il s'était rendu compte que celui-ci, peinait à se battre. Cela n'était nullement dut aux quelques jours d'inactivité qui étaient passés. La cause était tout simplement que Corente n'avait aucunes compétences guerrières. D'ailleurs compte tenu de cette lacune, comment avait-il réussi à tenir au camp militaire ? Dave dut malgré tout reconnaître qu'en force vitale, le garçon se débrouillait bien, magnifiquement bien et c'est Raphaël qui plus au courant de la chose s'était entraîné avec lui. Lorsque Dornan fut rentré, ils partagèrent un autre dîner copieux tous ensemble avant d'aller dormir dans leurs chambres respectives.

Dave partageait la sienne avec Regnald, Leane et Élias. Deux d'entre eux avaient eu le privilège d'avoir le lit deux places, tandis que les deux autres dormaient à même le sol avec des couvertures. À peine Dave ferma les yeux qu'il se retrouva emporté par le sommeil. Mais au lieu de l'emmener au pays des rêves, c'est un tout autre chemin que ses pensées empruntèrent. Il pouvait entendre le bruit du cahotement des roues d'un carrosse. Il sentait son corps se secouer de tous côtés.

Il se mira dans l'une des vitres et remarqua qu'il avait rapetissé de plusieurs centimètres et il avait cet air poupin si commun chez les enfants en bas âge. Sa mère dormait à côté de lui, tout comme la bonne en face qui somnolait avec son épais manteau et son chignon stricte. D'un coup, les chevaux accélérèrent et son cœur sursauta dans sa poitrine au même rythme qu'une forte secousse. Paniqué, le petit garçon qu'il était redevenu essaya de réveiller sa mère :

— Maman, maman mignonne, réveillez-vous ! Maman, maman, maman...

Une énième secousse le fit sursauter et le réveilla pour de bon dans un cri étouffé. Réalisant le bruit impromptu qui s'était échappé de ses lèvres, il observa les alentours, espérant qu'aucun de ses amis ne l'aient entendu. Dans l'ombre, il put distinguer Leane pouce dans la bouche en train de dormir profondément.

Si la comtesse de Mont-Argent voyait ça, elle ferait une syncope. Leane lui avait plusieurs fois raconté les méthodes de grand-mère que celle-ci avait mis en œuvre pour lui faire perdre cette mauvaise habitude, hélas, à dix-huit ans passé, ça n'avait pas beaucoup changé.

Regnald avait réussi à côté du blond à tirer tout le drap sur lui. Quant à Élias, il dormait par terre dans un position indescriptible. Un bras tordu vers la gauche, un autre à droite, une jambe en l'air, une autre tendu... le meilleur anatomiste n'aurait pas pu expliquer comment le jeune homme arrivait à dormir dans cette position.

L'héritier Valincourt tenta de se rendormir, mais les images de son rêve n'arrêtaient pas de l'assaillir. Il n'y avait que deux moyens pour l'endormir : la berceuse ou la marche. Il se leva d'un bond, sortit de la chambre et entreprit de se balader dans les couloirs, respirer l'air frais. Il avait remarqué plus tôt que le manoir était pourvu d'une cour extérieure, machinalement il s'y rendit. Dornan leur avait expressément demandé d'éviter de s'exposer au grand air, mais à cette heure-ci, il doutait fortement qu'un voisin embusqué observe le manoir derrière ses rideaux. Il y avait un simple banc de pierre blanche tout prêt d'un vase fait dans le même matériaux, remplie de roses. Dave s'apprêta à s'y asseoir quand il vit qu'il n'était pas seul. Quelqu'un d'autre était là. Il s'approcha du siège et reconnue le jeune homme :