Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 25 : L'ambassadrice (1/3)

Île de Thibéi, La Cité Divine, sud-est du Territoire

La porte claqua violemment sur le passage de la princesse anatolienne, mais le bruit tapageur était loin de la détourner de son principal objectif. Diana marcha au pas de course dans les couloirs, sans pour autant se décider à courir. De toute façon, comment aurait-elle bien pu le faire dans cette longue robe violette aux motifs vert eau ? Cela relevait de l'exploit et elle n'y parviendrait pas sans déchirer le précieux tissu au passage. Les sens en alerte tout en passant devant les pièces à vivre, elle prenait un soin appliqué à détailler qui se trouvait à l'intérieur lorsque la porte n'était pas rabattue.

Elle s'attendait à voir apparaître une chevelure châtaine et une paire de yeux verts clairs qu'elle cherchait depuis cinq bonnes minutes. Emre l'avait informé qu'Alpha était dans le petit salon. Dans sa précipitation, elle avait oublié de lui demander de préciser lequel. Ce palais semblait n'avoir que ça. Elle s'était trompée plusieurs fois devant les regards moqueurs de certains courtisans. Elle avait été bien tentée de rebrousser chemin et parler à Alpha à l'heure du dîner, mais ce qu'elle avait à lui dire était privé et elle ne voulait sous aucun prétexte que ses propos arrivent aux oreilles du terrifiant Ren-Kholtar avant l'heure.

Soufflant d'exaspération pour la énième fois de la matinée, Diana s'apprêta à repartir en sens inverse. En passant devant une porte, elle eut la rapide impression d'avoir vu quelque chose. Dans des pas plus lents, elle recula et d'un œil discret, tout en se cachant derrière le mur, elle observa celui qui était dans la salle. Alpha était là.

Depuis quelques jours, il faisait des efforts pour s'habiller comme un noble thibéen et cela lui réussissait, elle devait l'admettre. Il portait une tunique orange, marron et ses cheveux châtain étaient parfaitement coiffés. Il n'avait rien en commun avec le compagnon de malheur d'il y a un mois. Mais ses yeux verts avaient perdu de leur allégresse, ils semblaient se noyer dans des tourments obscurs. Ses sourcils étaient froncés et son regard, rivé sur un bout de papier déroulé. De là où elle était, Diana ne pouvait en voir le contenu. Cependant, elle devinait sans peine de quoi il s'agissait.

La nouvelle était arrivée à Thibéi il y a de cela quelques jours. Une troupe de l'armée montaudréenne avait attaqué une partie de l'armée bellevuenne dans les montagnes. Plusieurs soldats bellevuains avait péris. Malgré l'état dans lequel son ami était plongé, l'Anatolienne entra dans le salon, prête à faire entendre ses idées :

— Alpha, j'ai besoin de te parler, maintenant.

Le jeune homme n'avait pas bougé d'un pouce lorsqu'elle était entrée. Pourtant, le bruit de ses pas auraient dû l'alerter ou le sortir de sa torpeur. Peut-être ne l'avait-il pas entendu, tout simplement, mais elle eu du mal à le croire.

En voyant le prince bellevuain si atterré sur cette ridicule feuille, Diana perdit l'assurance qui l'avait porté jusqu'ici. Si elle lui parlait, était-il en mesure de développer une réelle conversation ? Elle en doutait, mais elle devait quand-même essayer. Des vies étaient en jeu et cette missive ne faisait que le prouver. Retrouvant sa hardiesse d'il y a quelques minutes, la jeune femme mima un raclement de gorge et appela son camarade. La seconde tentative marcha et le Bellevuain laissa la lettre, pour plonger son regard vert dans celui de Diana qui un instant fut déboussolée, mais se ressaisit vite.

— Je suis venue voir comment tu allais, commença-t-elle.

Ce n'était pas vraiment son objectif, mais sa demande pouvait attendre quelques minutes. Alpha n'avait pas besoin qu'elle l'attaque de front avec ses idées, elle devait savoir se montrer bienveillante. Après tout, c'est des membres de son royaume qui étaient morts.