Chapitre 38 : L'empoisonneur (4/4)

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— C'est possible que ce soit une autre personne. C'est rare d'avoir le même prénom et le même nom, mais ça arrive, argumenta Alpha calme.

— Tu exagères, s'exaspéra la princesse. Al-pha... Le même nom, le même prénom, naïf, voyageur, venant de Montaudréanie en pleine période de guerre... Je ne crois pas à la coïncidence...

— Le Esteban d'Anatolie nous retrouve à Thibéi donc..., songea le prince.

— Esteban est toujours là au bon moment, fit-elle remarquer. Raphaël a besoin d'infos, Esteban est là. On se fait pourchasser par des tigres... encore Esteban.

— Des tigres, répéta Alpha en réfléchissant.

— Oui, c'est les animaux qui nous ont attaqués.

— Oui, mais... À la ménagerie, les seuls tigres qu'il y avait étaient des tigres importés d'Anatolie... Non, laisse tomber... Cela n'a aucune importance, balaya-t-il.

— Si, contredit sa coéquipière. Ça veut tout dire. Tu as raison. Il n'y a pas de tigres thibéens. Ça n'existe pas !

— Mais...

— Le climat de Thibéi est trop sec pour eux. Les seuls que l'on peut voir ici sont importés d'Anatolie ou d'autres continents. Ils ne peuvent pas vivre à l'état sauvage ici, ils ne tiendraient pas plus d'une semaine. Et ceux qu'on avait dans le désert avaient l'air en forme... même trop je dirais.

— Esteban parlait de tigres au... un marchand de fauves. L'homme à qui parlait Esteban était un marchand de fauves, devina avec justesse le Bellevuain.

— Comment tu le sais ?

— Il y avait un insigne sur la selle de son dromadaire. Je l'avais vu à l'arène quand Nima et Raphaël étaient avec nous. Emre m'avait dit que c'était l'un des fournisseurs de fauves pour la saison des jeux.

— Je le savais qu'Esteban était quelqu'un de pas net, claironna Diana.

Il était indigne d'une Altesse royale de danser dès que l'envie la prenait et surtout devant un prince. Pourtant, elle aurait aimé le faire. C'était tellement jouissif pour elle de savoir qu'elle avait eu raison dès le départ. Dès le début elle avait trouvé Esteban louche et maintenant, elle avait une explication logique à son ressenti. Le moment de joie passé, elle revint au sérieux. Si Esteban était un homme dangereux, il fallait prévenir quelqu'un sur le champ.

— Il faut que l'on aille dire tout cela à Emre et il faut que je lui dise aussi pour Yao.

— Diana calme-toi, la tança Alpha en la prenant par le bras avant qu'elle ne quitte la chambre. On est sûr de rien.

— On est sûr de rien ? On vient de faire l’inventaire à voix haute des preuves à conviction contre Esteban. On a une piste sérieuse pour la tentative d'assassinat sur dame Raïssa et tu trouves qu'on a pas assez de preuves !

— D'accord pour l’empoissonnement. Mais pour Esteban, c'est une affaire à prendre avec des pincettes. Je te rappelle que si il est à la Cité Divine, c'est parce que nous l'avons invité pour le remercier.

— Oui, et je suis sûre qu'il l'a fait dans le seul but justement de se lier d'amitié avec nous.

— Peu importe, Ren-Kholtar ne verra pas les choses de la même manière. Pour lui, nous serons les brebis stupides qui ont fait entrer le loup dans la bergerie. Il nous en tiendra rigueur et il peut aller jusqu'à nous accuser de trahison. Je te rappelle que quand Esteban nous a sauvés il n'y avait que nous comme témoins.

Sur ce point Alpha n'avait pas tort. Esteban était sacrément fort. Il avait réussi à prévoir même les plus petits détails de son plan pour les piéger, mais dans quel but ? Elle mourrait d'envie de le savoir. Jusque là, rien ne leur était arrivé. Elle voyait mal ce qui le motivait. Mais si Alpha avait vu juste, le Montaudréen roux n'était pas le gentil voyageur qu'ils pensaient qu'il était. Il devait être quelqu'un d'autre avec une mission à accomplir à des fins personnelles ou pas... Peu importe son plan, ils se devaient de le démanteler avant que le bouquet final ne leur saute à la figure.

Tribu : La Flamme [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant