Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 17 : Embuscade (2/3)

La rue se ferma subitement des deux côtés par deux épais murs d'eau qui montèrent progressivement, verrouillant la rue inexorablement. Cela, les brigands l'avaient compris. Les plus alertes quittèrent la ruelle rapidement avant de rester enfermés. D'autres n'avaient pas eu cette chance. L'espace d'un moment, les jumeaux avaient pensé que ce tour spectaculaire était l'oeuvre de leurs ravisseurs pour réduire leurs chances de victoire. En voyant la stupeur dans leurs regards, ils avaient compris qu'il n'en était rien. Le chef des bandits avait perdu son sourire et regardait affolé les murs. Si ce retournement avait du positif, Nima et Raphaël restèrent sur leur garde. Allié ou ennemi ? Ils n'allaient pas tarder à le savoir.

Une silhouette gracile se montra en haut du mur. Le soleil perçait trop haut dans le ciel pour qu'ils puissent voir le visage du nouvel arrivant, mais ils purent clairement apercevoir qu'il était préparé au combat. Dans un saut magnifiquement bien exécuté, aidé par la force vitale, l'individu arriva au sol. La bataille s'était stoppée à l'arrivé de la silhouette et chacun trop désireux de savoir qui était sous sa capuche ne faisait le moindre geste. Maintenant que l'inconnu était face à eux, Nima put en déduire qu'en vue des formes, des courbes et de la tenue, c'était une femme. Celle-ci enleva le capuchon qu'elle avait sur sa tête révélant de magnifiques cheveux bruns, une peau sombre et plus important encore le visage d'une amie :

— Diana ! souffla Nima soulagée.

— C'est lâche de conduire des innocents dans un guet-apens, accusa la princesse aux bandits. Voyons voir comment vous vous en sortez quand vous devenez les proies.

— La princesse Diana, rigola le chef de la bande de coupe-gorge richement vêtu. Je vais faire d'une pierre, deux...

Il n'eut pas le temps de terminer que Diana envoya une nuée de force vitale sur lui sortant de terre qui l'enveloppa tel un cocon pour serrer tout son être. Bluffés, les jumeaux ouvrirent grand les yeux. Raphaël qui avait passé suffisamment de temps avec Diana savait que celle-ci avait fait d'énorme progrès avec la force vitale, mais il ignorait qu'elle s'était améliorée à ce point ! En même temps, elle était une des Élus, cet exercice devait être d'une simplicité enfantine pour elle. Elle contrôlait la prison, matérialisée par des fluides de force vitale semblables à des cordes grâce à ses mains avec des gestes experts et maîtrisés. Sans détourner le regard, elle s'adressa aux restes des brigands :

— Vous avez dix secondes pour déguerpir avant de subir le même sort.

Les hommes se consultèrent du regard. C'étaient des petits mercenaires thibéens. On leur avait proposé d'enlever une jeune femme et un jeune homme dans cette rue. Et de les conduire sur un bateau qui partirait dans quelques minutes pour la Montaudréanie. Ils devaient juste amocher les jumeaux pour les dissuader de se débattre, mais pas les tuer. Et la somme qu'on leur avait fait miroiter dans une taverne des docks peu fréquentable avait tôt fait de leur faire perdre la raison. C'était un travail facile et bien payé. À aucun moment ils avaient pensé aux risques que pouvaient entraîner cette opération.

Maintenant qu'ils voyaient leur bienfaiteur saucisonné, cherchant de l'air désespérément entre ses lianes de force vitale, ils doutaient d'être en mesure d'accomplir leur tâche même si la somme rondelette les avait convaincus plus tôt. La princesse Diana maîtrisait ses pouvoirs et ils n'étaient pas venus ici pour perdre la vie. De plus, pour l'argent, ils savaient où logeait ce montaudréen. Avant que celui-ci ne parte, ils arriveraient bien à lui dérober quelques pièces ou se faire rembourser les coups et blessures.

Lorsque les murs d'eau s'évaporèrent des deux côtés, sans prendre leurs restes, les bandits s'éclipsèrent comme des ombres en courant hors de la ruelle, laissant les cadavres derrière eux et les blessés se débrouiller. Satisfaite de son coup, Diana serra davantage sa prise sur l'importun et se rapprocha de lui menaçante.