Chapitre 16 : Une alliée

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Dave venait d'arriver chez sa grand-mère. C'est avec plaisir et soulagement qu'il avait gagné la ville d'Ellon au dos de son magnifique destrier : Khïarnak, un bel étalon anatolien à la robe noir comme la nuit. Le manoir de sa grand-mère situé au centre de la ville-même l'avait accueillit à bras ouverts. Les domestiques qui le connaissaient depuis qu'il était petit s'étaient réjouis de sa présence qui apportait une étincelle de jeunesse dans le quotidien si ennuyant du bâtiment. La comtesse Sélène n'étant plus toute jeune ne se prêtait plus vraiment au jeu épuisant d'organiser des bals ou des réceptions.

Sélène de Valincourt, naît Mersemore était la mère du général Salomon. Voilà des années que son mari était mort suite aux blessures d'une bataille. Le deuil avait été long, mais elle avait réussi à y arriver à terme. Une fois que son fils unique s'était marié, elle avait prit la décision de venir habiter dans ce manoir et de laisser aux jeunes époux le domaine des Valincourt qu'elle n'avait jamais vraiment aimé, elle le trouvait trop éloigné de la ville.

Ce manoir était l'héritage que lui avait légué ses parents et elle s'était plu étant mariée à y revenir le plus souvent. Quand le général était encore de ce monde, trop occupé sur les champs de bataille, il lui laissait carte blanche. Toutes les semaines le manoir prenait vie et se gorgeait de musique. Le voisinage se ruait à son domicile pour assister à ses soirées.

Elle portait de magnifiques robes, bijoux, et toute le reste, cela allait de soit. Maintenant qu'elle était veuve et grand-mère, la société la contraignait à ne plus être aussi vive qu'autrefois autant dans son comportement que dans ses tenues qui se composaient pour la grande majorité de tons sombres et austères. Heureusement pour elle, son existence n'était pas à plaindre et le lien fort qu'elle avait tissé avec son unique petit-fils lui donnait assez de joie pour vivre encore cent ans.

— Allez, ça va aller, mon petit, le consola-t-elle affectueusement après que celui-ci lui ait conté ce qui s'était passé la veille au dîner.

— Non, ça n'ira pas, grand-maman.

— Ton père veut te protéger. Le monde de la guerre n'est pas si attrayant que tu le pense et je le sais pour être allée plusieurs fois sur le champ de bataille. Si tu savais la quantité de boue qu'il y a dans ces contrées, moqua-t-elle en prenant une gorgée de sa tasse de porcelaine.

— Pourquoi cela le dérange que je devienne un homme ! explosa Dave. De quoi a-t-il peur ! aboya-t-il en se levant du divan effectuant les cents pas dans la pièces à vivre.

— Il a peur de te perdre, et il a totalement raison. Je suis d'accord avec lui sur ce coup.

Dépité, Dave souffla et continua à marcher tout en maugréant.

— Notre famille est une famille de héros. Tous des généraux de l'armée bellevuenne.

— Ton tour viendra, mon chéri, soit patient.

— Patient ? Et si ce jour ne venait jamais.

— Est-ce l'appât du succès qui te pousse à devenir soldat ? J'espère que ce n'est pas le cas, rabroua la comtesse en regardant d'un œil sévère son petit fils.

— Il y a de ça, avoua Dave. Mais pas que...

— Parle-moi, l'encouragea-t-elle en lui intimant de venir près de lui.

Ce que le jeune homme fit sans se faire prier. Depuis toujours il se confiait à sa grand-mère, c'était un réflexe comme tant d'autres. Il pouvait le dire sans en avoir honte, c'était sa meilleure amie et pour rien au monde il désirait changer cela.

— Il a parlé de maman, avoua-t-il.

La comtesse Sélène par réflexe, caressa la joue de son petit-fils dans un geste affectueux. La tristesse qui était passé dans son regard ne la laissait pas de marbre. Ce malheureux incident qui s'était produit il y a maintenant onze ans était comme un voile noir posé sur leur tableau de famille. Une ombre menaçante et empestant la mort. La personne qui en avait le plus pâtit dans tout ça c'était Dave et il en portait encore les stigmates.

Tribu : La Flamme [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant