Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 3 : Le prince

Royaume de Bellevuannie, ville d'Horar, sud-est du continent

Le doux chant des oiseaux volant à proximité de sa fenêtre, réveilla le prince qui eut besoin de plusieurs minutes pour sortir de sa longue léthargie. La senteur fraîche de lessive qui parfumait ses draps ne fit que lui confirmer qu'il était bel et bien dans sa chambre et non dans une quelconque auberge de voyageur, tentant d'échapper à la garde du Prince Thamay de Filatine de Montaudréanie comme il y a un mois.

Alpha soupira d'aise en s'étirant sur sa couche. Ce temps était révolu et pour de bon. Et ce n'était pas pour lui déplaire, il devait l'admettre. Les privilèges de son rang lui avaient manqué et il remerciait chaque jour le Tout-Puissant de pouvoir en profiter à nouveau. En se levant, le jeune homme alla à la fenêtre afin d'apercevoir la vue qui s'offrait à lui, à savoir : la cour principale du château où défilait carrosses, serviteurs, servantes, comtes, comtesses, ducs et duchesses. Le temps était radieux en ce début de mois de Lharvien. La chaleur était bien présente mais pas écrasante comme ce sera sûrement le cas quand il se rendra à Thibéi dans quelques jours.

L'idée de voyager pour une durée de trois nuits sur les flots ne le réjouissait pas vraiment. Il avait en horreur les voyages en mer mais il pensa qu'il n'était pas si mal loti comparé à Diana qui mettrait presque un mois à arriver sur l'île, vingt et un jour pour être précis, mais il se rétracta vite, étant anatolienne, elle devait être une habituée des voyages en mer.

En repensant à sa compagne de route, Alpha s'attendrit et laissa ses pensées vagabonder librement dans son esprit. Elle lui manquait et beaucoup, cela va s'en dire. Son visage d'une extrême douceur qui contrastait totalement avec sa personnalité de feux, songea-t-il en se remémorant les gifles magistrales qu'elle lui avait asséné dans le désert. Il s'en souviendrait toute sa vie, mais ça faisait une drôle d'anecdote à raconter. Diana et ses cheveux frisés brun parcourant ses épaules comme une cascade. Diana et sa peau d'ébène. Diana. Ces deux syllabes réunies réussissaient à lui coller un sourire niais au visage.

Bien vite, une ombre entâcha le tableau : Raphaël. Un mois plus tôt, quand tous les cinq : lui, Diana, Raphaël, Nima et Al-Deferled avaient mit au point leur plan final pour discréditer le conseiller Estugar et l'émissaire Cromway, il avait été convenu que celui-ci devait rentrer avec Diana en Anatolie. Aujourd'hui, il craignait que cette initiative ait été une mauvaise idée. Déjà en Montaudréanie, le prince avait vu les peut-être possibles prémices d'une relation entre la princesse et le jeune Umpass. Les deux lui avaient soutenu qu'il n'en était rien mais... étais-ce toujours le cas ? Il en doutait sérieusement. En un mois, les choses pouvaient bien changer et il craignait que ces hypothèses se confirment à Thibéi.

D'une part il avait hâte de se rendre sur l'île, d'un autre côté, il craignait de voir ce qu'il ne voulait pas voir justement. Il y avait une différence entre regarder les choses telles qu'elles sont et les supposer.

Las de se morfondre dans des raisonnements sans réels fondement, le prince tira la corde près de son lit à laquelle pendait un pompon de rideau. Cela était un système ingénieux pour prévenir les domestiques qu'il était réveillé. Quelques minutes plus tard, le temps nécéssaire pour préparer son déjeuner, monter les marches et traverser le corridor qui menait à ses appartements, un attroupement de domestique frappa de deux coups sonores. Après un « entrée » de la personnalité royale, ils entrèrent. À présent qu'il était réveillé, ses serviteurs savaient exactement ce qu'il fallait faire. D'habitude l'un d'entre eux le réveillait mais il avait demandé à pouvoir dormir plus longtemps. Il n'avait pas d'apparition officielle à faire pour la semaine si ce n'est le bal de demain qui ne demandait pas à ce qu'il soit levé aux aurores.