Tribu : La Flamme [Tome 2]

Chapitre 10 : Bienvenue à la Cité Divine (1/2)

On avait allumé toutes les lumières de la salle sacrée, illuminant l'entrée du couloir au passage. Pour la première fois depuis toujours, la porte avait été laissée grande ouverte pour plus de commodité, afin que les prêtres puissent aller et revenir sans encombre. La quiétude de la nuit au temple avait été brutalement rompue avec la mort de l'émissaire montaudréen et le défilé incessant des hommes et femmes de foi dans le bâtiment en était la preuve.

Alpha avait réussi à prévenir les soldats gardiens à temps avant que la princesse anatolienne ne soit en difficulté pour descendre de son perchoir. Ils l'avaient fait redescendre et à présent la jeune femme était tous comme eux dans la salle. À l'exception que contrairement à l'agitation qui y régnait, Diana était incroyablement silencieuse et avait le regard dans le vide. Elle se tenait prostrée avec Nima à ses côtés ainsi que ses suivantes qui mettaient tout en œuvre pour la réconforter, allant jusqu'à lui ramener une boisson chaude sortant tout droit de la cuisine.

Ce n'était pas la première fois que Diana voyait la mort bien en face, mais c'était la première fois qu'elle voyait un homme se donner la mort et cela lui avait paru plus violent que les exécutions en publique auxquelles elle avait assistée. Ce désespoir dans les yeux de Cromway, cette haine dans son regard, comme si elle était l'unique responsable. Cette démence dans son être. Quelle fin atroce pour un homme qui un jour avait inspiré crainte. En aurait-il été ainsi si elle l'avait tué en Anatolie il y a un mois plus tôt ?

Elle avait connu le montaudréen arrogant, sûr de lui, méprisant. L'homme qu'elle avait vu ce soir était loin de ressembler au Cromway de ses souvenirs. Une autre idée germait dans son esprit et elle se demandait si elle avait raison d'y croire. Elle en était intimement persuadée, le prince Thamay de Filatine ne devait avoir aucun lien dans cette tentative folle de récupérer la dague légendaire de la sorte. Elle était sûre que Cromway avait agis seul. Il avait beau se faire passer pour un intouchable, sa position à la cour auprès de son souverain devait être mise en jeux à chacune de ses actions et nul doute que ses échecs à répétition l'avaient mis en mauvaise posture auprès du Prince. Il avait sûrement espéré revenir dans ses grâces en récupérant l'objet tant convoité. Cela l'avait conduit à... ça.

Mine de rien, le matin se levait doucement sur la ville de Thibéi faisant entrer des rayons timides à l'intérieur de la pièce. À présent qu'un émissaire montaudréen avait tenté de voler un objet d'une grande valeur dans un lieu sacré, il était de notoriété public de prévenir le Grand Juge de l'île afin qu'une enquête plus approfondie soit ouverte. Il fallait être sûr que Cromway avait agis seul et qu'il était venu seul sur l'île. Sinon, cela voulait dire qu'il avait agit sous les ordres du Prince et dans ce cas, la politique devait entrer en compte.

On avait prévenu Ren-Kholtar dès que le corps de Cromway avait été transporté à la pièce de fin de vie du Temple, là où on nettoyait et embaumer les morts avant l'enterrement rituel. Mais est-ce que ce voleur aurait droit à une sépulture et une cérémonie d'adieu ?

Juste après le déplacement de la dépouille, le Grand prêtre du bâtiment avait fait mander le messager attitré du temple pour qu'il se rende le plus rapidement possible à la Cité divine qui n'était autre qu'un immense palais à quelques mètres plus loin de la cité principale de Thibéi et par la même occasion le lieu où logeait les Juges de l'Île et en particulier l'homme de la situation : Amir Ren-Kholtar. Maintenant, tout ce que l'on pouvait faire, c'est attendre la suite des instructions. Seul lui pouvait déterminer la marche à suivre dans ce moment si trouble.

Alpha venait de quitter un gardien qui lui expliquait les détails de cette affaire et comment la suite pourrait bien se dérouler. Le prêtre et le prince s'étaient accordés sur une chose, lui et Diana ne pouvaient demeurer au temple plus longtemps. Heureusement, les seuls éléments qu'ils avaient à déplorer c'étaient le manque de sommeil, la fatigue et leurs muscles endoloris après ce combat, mais la modeste protection du temple ne pourrait pas les garder de tous les dangers. La Cité divine était mieux garder et avec tous ces courtisans qui déambulaient dans les couloirs, nul n'osera s'attaquer à eux.