Chapitre 27 : Une nuit agitée (2/2)

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Surpris par la décoration du lieu où ils avaient pénétré, les insurgés n'avaient même pas vu que la lumière à l'étage avait été allumée. Le Montaudréen qui leur faisait face n'avait pas l'air d'être ouvert à une quelconque discussion pour apaiser les tensions et même si cela avait été le cas, il allait être difficile d'expliquer pourquoi et comment ils étaient arrivés ici sans s'exposer au risque que l'homme ne les dénonce au premier policier venu. La face rougit par la colère et aussi par la peur, l'homme il y a quelques minutes endormie, semblait être aussi perdu qu'eux. Voir un attroupement de jeunes gens armés, dans sa maison, ne devait pas être la vision la plus rassurante de la nuit. Un bonnet de nuit posé de travers sur sa tête garnit de cheveux raides et longs. Une moustache mangeant le haut de sa bouche. Un embonpoint visible en dessous de sa longue robe de nuit et son balais qu'il tenait comme une arbalète. Cette image les aurait bien fait rire, mais le contexte était beaucoup trop alarmiste pour s'accorder ce répit.

— Qu'est-ce que vous fichez chez moi ! glapit-il offensé.

— Monsieur..., tenta d'apaiser Leane.

— Garde ! Garde ! À la garde ! s'époumona l'autre.

Comprenant qu'ils avaient beaucoup à perdre si un membre de l'autorité de la cité passait non loin de là, ils s'envoyèrent tous un regard qui leur fit comprendre la deuxième phase du plan : fuir ! Les compères quittèrent le logis, le diable aux trousses, renversant et déplaçant quelques objets dans leur course sous les cris du citoyen réveillé. Ils espéraient que ses plaintes n'avaient pas alerté grand monde et qu'avant qu'un attroupement courageux de voisins voulant aider un compatriote en difficulté, ne viennent leur faire la peau, ils seraient de l'autre côté de la ville.

Hélas, en enfonçant la porte du brave homme, un bruit fracassant se répercuta sur les murs des maisons de la rue, attirant l'attention subite de deux gardes en patrouille. Les regards se croisèrent une fraction de seconde dans un silence pesant aussitôt rompu par la voix outragé du montaudréen réclamant justice.

Ce fut la seconde sonnette d'alarme. Les huit fugitifs s'enfoncèrent dans la rue en courant à toutes jambes, suivant Nima comme dans un réflexe, même si celle-ci n'avait aucune idée de là où elle les emmenait. Raphaël savait qu'il allait aggraver leur cas en faisant ce qu'il s'apprêttait à faire, mais perdu pour perdu, autant ralentir l'échéance et se donner quelques minutes pour réfléchir à une meilleure stratégie.

Il pivota une micro seconde en direction des gardes, juste le temps qu'il lui fallait pour leur lancer une boule de feu. Il était interdit de se servir de sa force vitale dans un lieux qui n'y était pas dédié. Son offensive envoyée, il rattrapa ses camarades tout en grommelant sur la tournure des évènements. Si il avait été seul, il aurait pu escalader un mur et échapper aux gardes avec une facilité insolente. Mais accompagné des bellevuains, il ne pouvait se permettre de leur faire faux bond dans un moment pareil.

Ils coururent tous tant bien que mal, accompagnés du bruit de sabot de Khïarnak. À l'entente des cris derrière eux, ils doublèrent la cadence. Le fils du chef Umpass était à présent certain d'une chose, ils avaient réussi à rameuter tous les gardes du quartier de faction cette nuit. Heureusement, Nima trouva un endroit entre deux bâtiments et leur intima de la suivre et de se taire.

— Bon, cette mission s'annonce difficile, déclara Dave à bout de souffle.

— Tu trouves ça drôle, attaqua Regnald. Si il nous trouve, on est cuit !

— Chut, ordonna Raphaël en tendant l'oreille. Ils ne sont pas bien loin, ils vont nous trouver, annonça-t-il.

— On va se battre ? demanda craintif Corente.

Tribu : La Flamme [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant