Chapitre 45 : Le futur (2/2)

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La grande salle où Dave avait été interrogé comme un vulgaire espion ne ressemblait plus à la pièce froide et dénuée de vie de ses souvenirs. La fête battait son plein et tout ce petit monde se côtoyaient avec une certaine harmonie. Bien entendu, le nombre de personnages de haute naissance étant réduit dans le secteur de la forteresse Malkion, les paysans qui étaient sous la responsabilité du comte de Lusignan avaient été invité à se joindre à la fête.

Le jeune homme avait toujours cru que les montaudréens, trop rigoureux, étaient incapables de s'amuser à une fête. Force était de constater qu'il avait tort. Et il en était agréablement surpris. Certes, les danses avaient des similarités avec une parade militaire, mais la musique dégageait une certaine bonne humeur. Le son des flûtes et du luth raisonnaient entre les murs comme si ils se trouvaient dans une boîte à musique. Les jupes des femmes voletaient, flottaient, révélant à peine leurs chevilles. Des serviteurs alimentaient le buffet régulièrement pour que les convives puissent se sustenter et tout cela, éclairés par les lumières des chandeliers.

Une dernière danse avant la guerre.

Le jeune homme, depuis son « poste d'observation » constata avec joie que ses amis se plaisaient à cette fête, dansant avec des montaudréennes, buvant à la santé de il ne savait trop qui, mangeant, bavardant, comme si la vie était un long fleuve tranquille. Même le timide Corente c'était un peu déridé et souriait sincèrement en dansant une ronde avec des Umpass qui étaient venus à la fête.

Celmar parlait un peu plus loin à ses plus proches amis, assis sur son fauteuil. Étrangement, ils n'avaient pas l'air de s'entretenir de l'assaut à venir. Ils regardaient de temps à autres, d'autres de leurs camardes en train de s'amuser et avec des regards moqueurs ou comiques, ils commentaient ce qu'ils voyaient.

Dave aurait tellement voulu partager un quart de la joie qui les animait tous autant qu'ils étaient. Il était sûr que cela aurait suffi à ce qu'il quitte le mur sur lequel il avait élu domicile. À cet instant, étrangement, il aurait bien aimé que Raphaël soit avec lui. Il aurait paru comme le moins boudeur des deux. Hélas, le Montaudréen était partie il y a quelques minutes de cela en direction de la capitale du royaume avec sa sœur et le chevalier de Rostevar.

Pour ne pas qu'on interprète mal leur départ et qu'on en vienne à les traiter d'espions ou autres, Dornan et Dave étaient venus expliquer la situation à Celmar qui leur avait donné sa bénédiction. En échange, Dornan devait transmettre un message à cinq influents seigneurs de la capitale qui étaient ses alliés et qui pourraient sans doute trouver une parade pour éviter que la prise de la capitale ne devienne une véritable boucherie.

Hertia... Le beau brun avait l'étrange impression que son destin ou le reste de son existence se forgerait sur ce qui se passerait là-bas. En seulement quelques jours, il y était allé deux fois.

Jamais deux sans trois !

Il n'aimait pas le dire à voix haute, mais il redoutait la prise de la capitale. Il avait peur. Celmar avait bien certifié qu'ils éviteraient de tuer ses compatriotes, mais tous les Montaudréens ne verraient pas le comte du Nord comme un chef providentiel, venu les sauver de la tyrannie de Thamay. Il suffisait qu'il en croise un de ceux là et... Il n'avait tué qu'une fois dans sa vie et juste après, ses cauchemars avaient redoublés. Il n'avait pas envie de devenir comme ces soldats à la retraite dont les remords des morts passées rendaient complètement aliénés à une maladie mentale quelconque.

Et pour lui, cela arriverait prématurément ! Lui qui se destinait à devenir soldat... Un soldat qui avait peur de tuer ! Quelle blague !

Après quelques secondes à regarder dans le vide, Dave prit le partie de quitter la salle pour sa chambre. Il lui semblait qu'il serait plus efficace là-bas qu'ici. Après un trajet qu'il lui sembla rapide, il entra dans la pièce à dormir qu'on lui avait prêté. Elle était plus petite que le dortoir qu'il partageait avec Timothée à l'école d'arme. Un lit, une commode et une table qui servait de table de chevet. La chambre avait quasiment la taille d'une cellule, mais pour un seul individu, c'était bien assez.

Tribu : La Flamme [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant