Chapitre 3 : Quatre murs

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Point de vue de Daryl :

Dingue.
Je vais devenir dingue. Et j'déconne pas. Ce salopard de Dwight m'a tout pris. Les dessins d'Ariane, mes fringues, mes chaussures. Tout. J'suis nu comme un ver entre ces quatre murs. Et cette musique qui n'arrête pas de tourner ! J'ai l'impression que ma tête va exploser.

J'y vois que dalle. La seule lumière est celle venant de sous la porte, fermée à clé.

La musique s'arrête. Le bruit de la porte résonne dans le placard à balai et s'ouvre sur Dwight, une assiette en carton avec deux morceaux de pain et je ne sais quoi dedans, dans la main. Il me regarde d'un air supérieur et me tend la bouffe. Je la prends parce que j'ai pas le choix. Je croque dans le sandwich, mais arrête de mâcher quand je comprends ce qu'il y a dedans : du pâté pour chien. Je toise Dwight et lui jette sa merde dans sa gueule de brûlé.

- C'est toi qui voit, dit-il.

Le blond laisse ce truc dégueulasse par terre, sort et ferme la porte derrière lui. Je préfère encore crever de faim que de me rabaisser à un clébard. La musique reprend. Encore une fois. Je plaque mes mains contre mes oreilles, fou de rage. Humilié. Voilà ce que je suis. Je suis réduis à une merde. Comme j'ai toujours été avant que les morts ne se relèvent pour nous bouffer. Avant que je rencontre Ariane dans cet enfer.

La colère monte davantage en moi quand je repense à ses hurlements ; à ses supplications pour Negan pour l'emmener aussi. Je lui ai pourtant interdit de mettre sa vie en danger pour moi ! Elle n'écoute jamais rien ! Je grogne de frustration, de colère. De tout. Et ne pas savoir ce qu'elle est en train de subir me rend encore plus taré.

J'aime quand elle me supplie.

Cette phrase tourne sans cesse dans ma tête. J'imagine tout et n'importe quoi. Ce malade pourrait lui faire subir tous les sévices du monde et en rigoler.

La musique recommence du début. Je m'assois contre l'un des murs et fixe le rai de lumière sous la porte. Je me concentre sur elle comme si ça allait m'aider. Je ferme les yeux et repense à cette nuit. A Abraham. A Glenn. L'enfant de Maggie ne connaîtra jamais son père et ça me tue. Maggie m'a pardonné pour Beth. Mais là, elle ne peut pas. Je ne mérite que sa haine. C'est un juste châtiment.




Je ne sais pas depuis combien de temps je suis dans le noir

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Je ne sais pas depuis combien de temps je suis dans le noir. Depuis combien de temps je suis dans un tel état de soumission. Dwight est venu trois ou quatre fois. J'crois. Toujours pour me refiler sa merde à bouffer.

La musique s'arrête. Easy street. Quelle musique de merde. C'est juste une torture mentale d'entendre ça sans interruption. Je vois une ombre sous la porte. Celle-ci s'ouvre de nouveau et le brulé me fixe alors que je suis assis contre le mur. Il me balance des vêtements. Enfin, si on peut appeler ça des vêtements. Je ne cherche pas à comprendre et m'habille. Je me rends compte que c'est trop grand.

L'autre me prend par le col et me lève pour me sortir de ma cellule. Il a mon arbalète à la main et ma veste sur son dos. Je serre la mâchoire pour éviter de répliquer quoique ce soit. On marche dans un dédale de couloirs. Deux larbins passent le balai, mais se décalent quand ils voient Dwight. Ils gardent la tête baissée. De vrais clébards.

Quand on passe devant des pièces où les portes sont ouvertes, je regarde à l'intérieur pour voir si Ariane est dans l'une d'elles. Mais à part des salles de repos ou des mini studios, il n'y a personne.

Dwight ouvre une porte et le soleil m'éblouit. Je reste stoïque devant ce que je vois même si ce que j'ai face à moi relève de la démence. Le blond me tire par le col du haut dégueulasse qui me sert de vêtement, comme si j'étais un clebs sans collier, et m'oblige à descendre les escaliers. Il m'amène devant un grillage où sont enfermés des macchabés et des types avec les mêmes vêtements que moi en train de faire je ne sais quoi. Ils ont l'air d'essayer de les attacher contre le grillage. Je les observe, me disant qu'ils s'y prennent comme des glands. L'un d'eux se débat contre un rôdeur. Le mort tente de le mordre, mais une flèche lui transperce la cervelle. Je sers les dents.

- Je commence à avoir le coup de main.

Le brûlé me pousse contre le grillage et se penche à mon oreille.

- Réfléchis à ce que je vais te dire : tu peux finir comme eux. Ou comme moi. Ou comme eux. C'est toi qui vois.

- Et me retrouver avec une gueule comme la tienne ?

Dwight me fout une droite, mais pas assez forte pour que je tombe. Je lui crache le surplus de sang que j'ai dans la bouche pour toute réponse. Il me repousse contre le grillage et me maintient fermement.

- Hey toi ! Amène-toi avec le mort !

Le type qui vient n'est qu'un gamin. Il ne doit pas avoir plus de dix-huit ans. Le rôdeur en tête, il tend les bras vers le grillage. L'autre me maintient la tête contre. Je sens l'air frapper contre la peau de mon visage alors qu'il secoue les bras comme une marionnette possédée.

- Tu veux toujours faire le malin du con ?

- Je t'emmerde, je grogne. Vas te faire foutre.

Les mains se rapprochent et du coin de l'œil, je vois les doigts du macchabée s'approcher dangereusement de moi. Je me débats. Dwight me maintient toujours plaqué contre la barrière trouée pour m'empêcher de bouger. Le gamin nous regarde, l'air compatissant. J'en ai rien à foutre de sa pitié moi ! Qu'il dégage ce rôdeur de là merde ! Puis, comme si le rôdeur ou le gamin m'avait entendu, le mort se retourne et se jette sur le jeune. Il hurle et supplie qu'on vienne l'aider. Il est projeté au sol et le rôdeur qui voulait que je sois son quatre heures dévore les tripes du gamin. Dwight m'éloigne du grillage et me fixe noir. Je soutiens son regard.

Il me reprend par le col et me tire vers les escaliers. On les monte. Je sens sous mes pieds nus les graviers qui mettent la chair à vive. On entre dans le bâtiment pour repartir dans ce dédale de couloirs infernaux.

- Dwight !

Cette voix... Je serre la mâchoire, la haine montant en flèche. Le brûlé s'arrête et se retourne. Je vois Negan, Lucille à l'épaule, se pavanant comme un roi avec ce sourire que je lui ferai bien avaler.

- Toi, tu l'assois ici.

Un mec gros et visiblement pas très dégourdi me prend par le col et me fait assoir sur une chaise devant une chambre. L'autre abruti sort son arme et me vise comme Lucky Luck. Je regarde la chambre, cherchant un indice de possible présence d'Ariane... Mais rien.

Je tends l'oreille pour entendre la discussion de Dwight et Negan. Le blond a l'air de recevoir des instructions du big boss.

- Ah oui, Dwightiboy, j'allais oublier ! Quand t'auras rangé l'autre dans son placard, ramènes des vêtements à notre petite invitée. Tu vois le genre hein ?

Je serre les poings. L'autre rigole. Je les entends venir vers moi. Negan s'arrête devant moi et me regarde. Je le fixe droit dans les yeux, le regard assassin.

- Où est Ariane ?

Negan hausse les sourcils et esquisse un sourire.

- Qui t'as autorisé à parler ? Dwight, met le au placard.

Le brûlé me lève de force alors que je me débats. Je grogne alors que l'autre me tient par le col. Avant de tourner dans un autre couloir, je me retourne pour voir Negan rigoler à gorge déployée.

Une fois devant la porte, Dwight l'ouvre et me jette entre les quatre murs qui me servent de cellule. Je m'assois face à lui et après un dernier regard, il referme la porte à clé. Je suis de nouveau dans le noir. Et je ne sais pas pour combien de temps.

The Walking Dead : Silence in the face of death [Tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant