Chapitre 73 : Balle perdue

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Point de vue d'Ariane :

Je m'approche de la fenêtre et regarde avec nervosité Daryl s'éloigner de la cabane, arbalète en main. Mais je me détourne quand j'entends du bruit derrière moi. Connie s'étire avant de remettre convenablement la veste de Daryl sur les épaules d'Erwan, toujours profondément endormi. Au sol, Henri et Lydia dorment l'un contre l'autre pour se tenir chaud. Je soupire et repose mon regard sur la fenêtre. Mais Daryl a disparu. Je suppose qu'il a dû trouver une piste et qu'il est parti la suivre. Connie me rejoint et m'offre un léger sourire, que je lui rends. Comme par instinct, je pose ma main sur le pommeau de mon épée, comme si je savais au fond de moi que quelque chose ne va pas.

Je me redresse lorsque j'entends des aboiements. Derrière Connie et moi, tout le monde se réveille, leur regard traduisant le besoin d'explications. La veste de son père à la main, Erwan s'approche de moi et regarde par la fenêtre.

- Où est papa ?

C'est là que nous entendons un hurlement à glacer le sang. 

Un seul et unique hurlement.

Sans attendre, je sors précipitamment de notre cachette et m'éloigne pour voir à plusieurs mètres trois silhouettes. Au sol, l'une d'elle recule péniblement sur ses coudes tandis qu'en face d'elle, l'autre se débat contre ce qui ressemble à un chien. Du coin de l'œil, je vois à peine Connie courir près de moi, prendre son lance-pierre, viser et tirer dans la tête de la silhouette en train de se débattre. J'accours pour rejoindre Daryl, en train de se relever.

- Tu vas bien ? Je demande, paniquée. Tu n'as rien ?

- Nan, c'est bon.

Il me fait signe de ne pas faire de bruit. Il tourne légèrement la tête, comme s'il écoutait quelque chose. Il lève son index, pose ses pupilles sur Erwan et moi. 

- Ils sont là, chuchote-t-il. On se barre.

Sans attendre plus d'explications, nous courons jusqu'à la cabane pour récupérer nos affaires. Connie, Henri et Lydia s'y sont déjà engouffrés quand j'entends Daryl hurler.

- ERWAN ! POUSSE-TOI !

Je me retourne. Tout ce qui se passe sous mes yeux semble se dérouler au ralenti. Je vois mon fils regarder vers les arbres, les yeux exorbités par la peur et totalement tétanisé. Je vois Daryl se ruer jusqu'à lui comme pour faire barrière contre quelque chose. En à peine une seconde, l'archer s'effondre au sol aux pieds d'Erwan, la main posée sur son flanc gauche.

- Daryl !

Je me précipite vers lui. Désemparé, Erwan s'agenouille près de son père, le corps tremblant par les pleurs.

- Fait chier ! Crache Daryl quand j'arrive à sa hauteur.

Lorsque je m'accroupis près de lui, je vois sa main pleine de sang. Il tente de retenir des gémissements de douleur. Les autres sortent de la cabane avec toutes les affaires et nous aidons le chasseur à se remettre debout.

- Depuis quand ces connards se trimballent avec des flingues ? Crache-t-il.

Nous fuyons la cabane. Mais les chuchotements semblent nous poursuivre. J'ai l'impression de voir des silhouettes partout autour de nous, se cachant au fur et à mesure derrière les troncs d'arbre. Connie en tête, nous arrivons sur un sentier forestier. C'est le chemin le plus rapide pour retourner sur la route. Dans son état, Daryl est incapable de nous guider dans les bois. Malgré la douleur, l'archer tente de marcher aussi vite qu'il le peut. Erwan le regarde, les yeux embués de larmes. Un bras sous l'aisselle de Daryl, j'utilise mon autre main pour tenir ma lampe torche et j'illumine autour de nous. J'ai l'impression de me retrouver la nuit de la mort d'Aaron. Sauf que cette fois, il n'y a pas de cimetière.

The Walking Dead : Silence in the face of death [Tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant