Chapitre 58 : De nouveaux survivants

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Point de vue externe :

Elle regarde derrière pour vérifier que personne ne la suit. Mais lorsqu'elle entend de nouvelles respirations s'approcher, elle reprend sa course, hors d'haleine. Elle les entend parler. Leurs paroles lui glacent le sang.

Elle s'arrête derrière un tronc d'arbre pour reprendre son souffle. Les jambes tremblantes, elle regarde partout autour d'elle. La jeune femme les entend, mais ne les voit pas. Ils adorent faire ça. Jouer avec leur proie. C'est ce qu'elle est désormais. Maintenant qu'elle connait leurs secrets et leur camp, ils veulent la tuer ; se débarrasser d'elle.

- Elle est là...

La jeune femme se redresse en apercevant un de ses poursuivants à quelques mètres d'elle. Elle s'empare de son couteau et reprend sa course. Elle ne regarde pas où les pose les pieds, obnubilée par sa fuite. Elle doit quitter la forêt.

Et vite.

Mais elle se stoppe net lorsqu'elle tombe nez à nez avec un de leurs hommes. Elle étouffe un cri de terreur et brandit son couteau pour le tuer, mais l'homme lui attrape le bras et l'oblige à lâcher son arme. La jeune femme tente de résister, mais son adversaire est bien plus fort qu'elle. Il est prêt à le casser comme une simple branche d'arbre. Le sang en ébullition, elle se débat alors que les murmures s'approchent d'eux. La vue floutée par les larmes, elle les voit s'approcher. Alors, dans un geste désespéré et sans vraiment réfléchir, elle se tourne vers son bourreau et le mord à la gorge. L'homme la lâche instantanément. La jeune femme crache le morceau de peau et regarde son agresseur tomber, le sang giclant de sa carotide désormais inexistante. Le goût du sang dans la bouche, la jeune femme reprend sa course et sort enfin de la forêt. Mais ce n'est pas pour ça qu'elle s'arrête.

Bien au contraire.

Elle les a déjà vus faire. Elle sait de quoi ils sont capables.

La respiration sifflante, elle traverse la plaine sans se retourner, espérant que ses poursuivants abandonnent. Lorsqu'elle aperçoit une route au bout de longues minutes, s'apparentant à des heures pour elle, elle croit halluciner. Mais quand ses pieds touchent l'asphalte, un soulagement intense envahit son corps.

Son regard se repose immédiatement sur la forêt. Elle ne voit rien. Mais ces hommes peuvent très bien se cacher parmi les grandes herbes. Tous savent se confondre dans le décor. Après avoir repris son souffle, elle reprend sa course dans une direction au hasard. Ce qu'elle veut pour l'instant, c'est mettre le plus de kilomètres possible entre elle et son enfer.






L'aube se lève à peine lorsqu'elle voit une lueur entre des branches d'arbre. D'abord hésitante, la jeune femme s'avance vers ce qui ressemble à un camp de fortune. Elle s'accroupit entre les hautes herbes et regarde le périmètre. Elle repère quatre personnes couchées et une endormie appuyée contre un tronc d'arbre, un arc dans les mains. La voie de la raison lui ordonne de faire demi-tour et de laisser ce groupe tranquille mais... Une autre voie lui dit de faire ce qu'il faut pour rester en vie.

La jeune femme décide de s'approcher sans arme. Elle marche silencieusement, regardant chaque mouvement des personnes. Il y a quatre femmes et un homme. Elle s'approche d'eux, mais s'arrête lorsqu'elle entend des grognements derrière elle. Les yeux écarquillés, la jeune femme s'empare de son couteau et cours planter sa lame dans le premier mort. Elle entend alors des cris derrière elle, mais elle ne se retourne pas et fonce jusqu'à un autre rôdeur. En quelques minutes, un dizaine de rôdeurs est au sol.

- Lâche ton arme, ordonne une femme avec un arc.

La jeune femme obtempère et laisse tomber son couteau.

- T'es qui ? Continue la femme.

- Je ne vous veux rien de mal. J'ai vu ces rôdeurs s'approcher et j'ai voulu vous aider.

- T'es qui ? Répète une blonde avec un couteau dans la main.

- Je m'appelle Ariane. Et j'ai besoin d'aide.






Point de vue d'Ariane :

Les cinq personnes se lancent des regards incrédules, ne sachant pas quoi penser de moi. Je ne peux que les comprendre. Je dois avoir une tête à faire peur avec mes cheveux ébouriffés et le sang sec collé sur le visage.

- Tu viens d'où ? Me demande l'homme du groupe.

- C'est une longue histoire. J'ai eu un... Accident il y a six ans et j'ai perdu ma famille. Un groupe m'a aidé, et il a rejoint un autre groupe qui avait des intentions... Malveillantes. J'ai fui plusieurs fois sans succès, jusqu'à hier. Et vous ?

- On ne compte plus les années depuis qu'on est ensemble. Mais on peut dire qu'on est une famille. D'ailleurs, je m'appelle Luke.

Je serre la main de ce petit homme ébouriffé bien jovial.

- Et voici Magna, notre chef. Sa petite-amie Yomiko. Connie et sa sœur Kelly. Connie est sourde et muette.

Je me tourne vers la dénommée Connie et m'essuie les mains sur mon vieux pantalon.

« Ravie de tous vous rencontrer ».

- Tu parles le langage des signes ? Demande Kelly, surprise.

- J'ai été muette pendant de longues années.

Connie me regarde sous toutes les coutures. Je sais exactement ce qu'elle fait. Ses autres sens sont plus développés et elle est apte à comprendre plus de choses que les autres. Elle cherche à voir si je suis un danger pour le groupe, ce que je peux comprendre.

- T'as prévu quoi maintenant ? M'interroge Yomiko.

- Je pars vers Washington. C'est par là que se trouve ma famille.

- C'est justement là où l'on va ! S'exclame Kelly.

Un espoir nait un moi. Pourvu que Connie ait vu que je n'étais pas dangereuse. Si je pars seule, je n'y arriverai jamais. Je mourrai en route. Finalement, la muette hoche la tête.

« Elle a l'air clean. On peut la prendre avec nous ».

Un sourire illumine mon visage même si Magna me lance un regard suspicieux. 

The Walking Dead : Silence in the face of death [Tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant