The Walking Dead : Silence in the face of death [Tome 3]

Chapitre 39 : Préparer le terrain

Point de vue d'Ariane :

La soirée continue. Le silence règne la plupart du temps autour de nous. A sa demande, je m'installe entre les jambes de Daryl et il me sert davantage contre lui pour que mon dos soit contre son torse. Ses bras entourent ma taille et je profite de ce moment de tendresse, si fugace ces derniers temps. J'observe les alentours et mon regard se pose sur les Saviors enfermés. Grégory est assis, les jambes repliées contre sa poitrine, et a une tête de chien battu. Maggie a eu une bonne idée de l'enfermer avec les autres ; ça le fera peut-être réfléchir. La plupart des prisonniers dorment, mais l'un d'eux ; un type blond aux cheveux longs, me fait signe de la main avec un sourire provocateur. Je me rappelle l'avoir croisé une ou deux fois durant ma captivité au Sanctuaire et je dois avouer que ce n'est pas quelqu'un de tendre. Bien au contraire. Son sourire me fait froid dans le dos. Je suis obnubilée par lui, me demandant ce qu'il a dans la tête et je n'écoute pas les quelques conversations des gens rassemblés autour du feu.

- Ne les regarde pas.

La voix rauque de Daryl me sort de mes pensées. Je secoue légèrement la tête, inquiète. L'archer ressert son étreinte et mon attention retourne vers ceux assis près de nous. Le chasseur me caresse les mains et je finis par me détendre. La plupart des conversations tourne autour de la défense de la Colline, surtout depuis qu'on a informé Maggie que les Saviors se rapprochaient de la communauté. Demain, le plan initial commencera à être mis en place et ce n'est pas plus mal. D'autres discutent de Rick et de son fils ; notamment Enid et Maggie. De l'autre côté, je vois Jerry sourire près de sa Majesté tout en regardant le feu, sûrement une blague à déblatérer. Carol et Ezéchiel discutent tranquillement et je ne peux m'empêcher de penser que ces deux-là sont plutôt mignons. J'esquisse un léger sourire, me disant que Maggie a déteint sur moi.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Me chuchote Daryl à l'oreille.

Je me tourne légèrement vers lui et désigne nos deux amis d'un coup de tête.

- Tu ne les trouves pas mignons ?

L'archer fronce les sourcils. Ses pupilles traduisent une totale incompréhension.

- Qu'est-ce que t'as encore dans la tête ?

- Mais ça crève les yeux qu'Ezéchiel craque pour Carol.

- T'es sérieuse ?

Je ne sais pas si le ton de Daryl traduit de la surprise ou de la moquerie. Il regarde sa meilleure amie, puis le Roi, pour les analyser dans les moindres détails.

- Il suffit de voir la façon dont il la regarde.

- La façon dont il la regarde ? Répète Daryl.

- Bien sûr gros béta. C'est exactement le même regard que tu as quand tu m'observes.

J'esquisse un large sourire quand je le vois se frotter la nuque, mal à l'aise.

- Ça se voit tant que ça ?

- T'imagine pas à quel point, je rigole. Je suis sûr qu'Ezéchiel pourrait la rendre heureuse.

- Ce type n'est qu'un sketch, rétorque l'archer en jetant une brindille dans le feu. En plus, il est cul-cul.

Je me tourne de nouveau vers Daryl, amusée.

- Parce que toi tu ne l'es pas peut-être ?

L'archer ouvre la bouche, mais la referme, ne sachant pas quoi répondre sur le coup. Un sourire victorieux se dessine sur mon visage alors que Daryl grogne quelque chose, ce qui me fait doucement rigoler. Ça fait du bien d'avoir une ambiance aussi légère. Même si Carl est dans nos pensées, nous pouvons rire avant que le travail commence demain.

Une heure s'écoule quand je baille à m'en décrocher la mâchoire. Daryl se lève et m'aide à me mettre debout pour qu'on parte dormir. Maggie nous a gentiment prêté un bungalow pour la nuit et je sais qu'on passera une bonne nuit. Nous passons à plusieurs mètres des prisonniers, mais le type aux cheveux longs rigole quand il nous voit passer. Ni Daryl, ni moi ne répliquons quelque chose, même si je sens les muscles du chasseur se tendre. Nous entrons dans le bungalow et Daryl regarde si Erwan dort. Je m'allonge sur le lit en soupirant et mes yeux fixent le plafond. Je me demande ce que la journée de demain va nous réserver. Daryl fouille dans une commode et me donne des vêtements pour dormir. Je me change et me mets sous la couette. Je pose ma tête sur le torse de Daryl lorsqu'il s'installe près de moi.

- T'es inquiète ?

- Pas toi ?

Le chasseur soupire à son tour et ne répond rien. Nous restons silencieux plusieurs minutes jusqu'à ce que je romps le silence.

- Tu as vu, Grégory est enfermé.

- Ouais. Ce type est tordu. Quand Rick et les autres ont attaqué le Sanctuaire, il s'est réfugié là-bas comme un clébard apeuré et a fait du chantage aux gens d'ici.

- Et Maggie a accepté qu'il reste ? Je m'étonne.

- Ouais. Ça aurait été moi, il serait déjà six pieds sous terre. C'est le genre de gars qui n'arrête pas de retourner les gens les uns contre les autres.

- Selon toi, il pourrait être dangereux ?

- Ce type est un con. Et les cons sont dangereux. Je ne veux pas que tu t'approches de lui. D'accord ?

- Je n'en avais pas l'intention.

Je dessine des cercles invisibles sur le torse de Daryl sans vraiment m'en rendre compte. Je le sens frissonner et j'esquisse un sourire.

- Et pour Tara ? Je demande. Elle perd les pédales. Elle t'a désobéi et c'est grave.

- Elle m'a non seulement désobéi, ce qui aurait pu mettre tout le groupe en danger, mais t'as failli crever à cause d'elle. Si Rick ne la remet pas à sa place, c'est moi qui m'en occuperais.

Je hoche la tête. Daryl a raison. Il est temps que quelqu'un lui remette les idées en place. Je pense à Carl, à Rick, à Michonne. Je me demande si son fils est toujours vivant. Je l'espère. S'il meurt et que Rick perd pied comme à la prison quand Lori est morte, on sera fichu. Daryl me lève la tête pour le regarder et m'embrasse avant de m'intimer à dormir ; ce que je fais au bout de quelques minutes, bercée par sa respiration.

Le soleil se lève à peine lorsque nous sortons du bungalow. Dans le calme, je nourris Erwan et le confis ensuite à Enid. Quand je sors du manoir pour trouver Maggie, je la trouve avec Daryl en pleine discussion. Je les rejoins.

- Rick est revenu ? Je demande.

- Comme je le disais à Daryl, ni lui, ni Michonne n'est revenu. Je commence à m'inquiéter, avoue la fermière.

- J'suis sûr qu'il ne va pas tarder, dit le chasseur.

- Bon, je vais retrouver les autres. Vous pouvez commencer le travail avec le groupe de Carol.

Maggie s'éloigne et Daryl et moi marchons jusqu'à Carol. Après de rapides salutations, je l'aide à porter des plaques de métal avec plusieurs autres personnes pendant que les hommes commencent à les accrocher aux fenêtres du manoir. Tout le monde semble travailler dans la bonne humeur et la présence de Jerry aide beaucoup. Je ne sais pas comment il fait, mais il garde toujours le sourire et est presque toujours sur les talons d'Ezéchiel, au grand désespoir de sa Majesté.

Je me retourne quand j'entends les gardes crier un nom. On se regarde tous, nous demandant si on avait bien entendu. Je m'éloigne de quelques pas du groupe. Le portail s'ouvre sur une voiture. Un sourire de soulagement se dessine sur mon visage et je me précipite vers Rick, qui sort de la voiture. Je l'enlace, heureuse de le voir saint et sauf. Sur le siège arrière, Carl est allongé sur la banquette, endormi.

- Il est vivant ?

- Oui, dit Rick. Il est vivant.

Un nouveau sourire étire mes lèvres et j'enlace Michonne. Nos amis ne tardent pas à me rejoindre et c'est avec soulagement que nous les accueillons. Siddiq aide Rick et Michonne à transporter doucement Carl jusqu'à l'infirmerie avant de prendre connaissance du plan de Maggie.