Chapitre 85 : "Je voulais juste revoir son sourire"

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Point de vue d'Ariane :

Du coin de l'œil, je vois Gabriel sortir de la prison avec un plateau à la main. Je cache précipitamment le petit flacon dans la poche de mon manteau et lui souris d'un air innocent lorsqu'il passe devant moi. Une fois éloigné, je m'apprête à ressortir le flacon lorsque j'entends le pasteur revenir vers moi, sans le plateau. Il s'assoit près de moi et me regarde, l'air grave.

- Ariane, comment te sens-tu ?

- Je pense que je n'ai pas besoin que je te le dise. Tu peux deviner tout seul, dis-je en haussant les épaules. Tu devrais plutôt aller voir Carol.

- J'ai prévu de le faire après. Mais avant, je veux prendre de tes nouvelles.

Ma jambe tremble nerveusement.

- Tu sais, j'ai connu de nombreuses personnes au cours dans ma vie qui ont connu de grands malheurs. Mais la chose la plus terrible reste la perte d'un enfant.

Je me raidis instantanément, la colère montant peu à peu en moi.

- Je ne veux pas en parler.

- Tu le dois pourtant. Avec moi ou quelqu'un d'autre.

- Je n'ai rien à dire Gabriel ! Occupe-toi de tes affaires et fous-moi la paix !

Hors de moi, je me lève du banc et m'éloigne sans me retourner. Ca fait maintenant un mois qu'on est revenu à Alexandria et j'ai l'impression que tout le monde fait comme si rien ne s'était passé. Je n'en veux pas à Daryl. Comment pourrait-il m'aider à me remettre de la mort d'Erwan quand lui-même ne sait pas quoi faire pour surmonter sa douleur ? En vérité, j'en veux à tous les autres, qui semblent se contenter de fermer les yeux comme si ça pouvait effacer toutes les horreurs que nos ennemis ont commises. Alors, depuis que nous sommes de retour, j'évite le plus possible les gens. Soit je reste à la maison avec Evan, soit je trouve un endroit isolé pour rester seule pendant des heures. Je suis presque devenue une ermite et au fond de moi, je sais que ça va empirer. En même temps, je ne cherche pas à ce que cela s'améliore. Loin de là.

Je monte les escaliers et m'assois face au moulin. C'est bien l'un des seuls endroits où je peux être réellement tranquille. Personne ne viendrait me chercher ici. Je ressors le petit flacon de la poche de mon manteau et renifle en regardant son contenu, qui diminue beaucoup trop vite à mon goût. Je vais devoir retourner voir Dante pour qu'il me file un nouveau stock. Ce nouveau médecin est une véritable bénédiction pour moi car les gélules qui sont à l'intérieur du flacon m'aident à surmonter cette douleur qui me tiraille chaque organe de mon corps. Je le secoue pour écouter les tintements des comprimés et ferme les yeux. Tout mon être réclame ces petites choses et sans plus attendre, je dévisse le bouchon, laisse tomber deux comprimés dans la paume de ma main et les avale en fermant les yeux. Je referme le flacon, laisse tomber mon dos contre la barrière et ferme les yeux, désireuse d'être libérée de ce poids au moins quelques heures.







J'entre dans l'infirmerie et pose mes yeux un peu partout dans l'espoir de trouver Siddiq. Je fronce les sourcils lorsque je vois un grand brun avec une blouse blanche sortir de la pièce d'à côté. Il m'offre un sourire et me tends la main.

- Bonjour ! On ne s'est pas encore rencontré. Je suis le docteur Dante.

Je lui serre mollement la main, ce qui ne semble pas le vexer le moins du monde.

- Tu dois être Ariane ? Désolé, les gens parlent beaucoup ici alors que je connais un peu la vie de tout le monde. D'ailleurs, toutes mes condoléances.

- Merci... Je bégaie en ne le quittant pas des yeux.

Ce type semble être une véritable pile électrique et n'arrête jamais de parler. Il m'explique en gros que c'est un ancien soldat venu d'Irak et qu'il est ainsi très utile à la communauté.

The Walking Dead : Silence in the face of death [Tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant