Chapitre 98 : Enragée

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Pointde vue d'Ariane :

Je ferme les paupières. Je suis sur le point de lâcher prise quand je perçois du bruit. Mais je ne saurai dire quoi.

Je rouvre les yeux lorsque la pression sur ma gorge disparaît. Je peine à reprendre mon équilibre et je m'accroche à l'accoudoir du fauteuil près de moi. Je tousse à m'en arracher les poumons alors que j'inspire de grandes bouffées d'air.

Lorsque je me retourne, je vois Siddiq plaqué au sol en train de se débattre tandis que Dante tente de l'étrangler.

Je ne réfléchis pas.

Je me rue vers lui et essaye de lui faire détacher sa prise. L'homme me jette un regard fou et me pousse près des escaliers. Ma tête heurte la première marche. La douleur, déjà aiguë, me laisse échapper un hurlement. Alors que ma vue se brouille encore une fois, je repère le long couteau tombé sur le tapis du salon à quelques mètres de moi.

Je me dirige vers l'objet ensanglanté à quatre pattes. Lorsque Siddiq tente de frapper Dante, celui-ci l'esquive avant de donner un violent coup de pied dans l'arrière de son genoux. J'entends l'os craquer, suivi d'un cri de douleur.

A bout de bras, j'attrape le couteau et me retourne. Je me remets debout, mais titube. A bout de souffle et désorientée, je lève l'arme.

Avec toutes les forces qui me restent, j'enfonce la lame dans l'épaule de Dante jusqu'au manche.

Il hurle.

Les jambes flageolantes, je titube jusqu'à la porte d'entrée et crie à m'en arracher les poumons. Je tombe à genoux. Je continue à appeler à l'aide quand des silhouettes approchent.

Je soupire et ferme les yeux.


Lorsque j'ouvre les yeux, mon regard se pose d'abord sur le plafond de l'infirmerie, puis sur le visage inquiet de Rick à ma droite. Je papillonne des paupières et serre les dents quand je lève le bras pour me frotter les yeux. La douleur électrise mon corps.

- Comment tu te sens ?

- Comme quelqu'un qui vient de passer sous un rouleau compresseur. Comment vont Anna et Siddiq ? Et où est Dante ?

- Anna ne s'est pas encore réveillée. Ses blessures sont graves, je ne te le cache pas. Siddiq s'en sort avec une jambe cassée. Quant à Dante, il est enfermé.

Je secoue la tête de droite à gauche et tente de ravaler les larmes qui menacent de couler.

- Tu es restée inconsciente 24 heures. Et Daryl n'est pas encore rentré, ajoute Rick alors que j'ouvrais la bouche pour lui poser la question.

Je ferme les yeux quelques secondes. Je me remémore chaque détail de la nuit où le vrai visage de Dante s'est révélé à nous. Je me souviens du corps d'Anna poussé comme une vulgaire poupée aux bas des escaliers. Le regard fou de Dante et son besoin frénétique de tuer me hante à chaque instant.

- Il a également trafiqué l'eau. L'épidémie de gastro est à cause de lui, continue mon ami.

Comment avons-nous pu être aussi aveugles ? L'ennemi était dans nos murs depuis tous ces longs mois sans qu'on ne s'en rende compte. Je me souviens de ces sourires qui se voulaient charmants et qui cachaient, en réalité, un sadisme qui cherchait le bon moment pour sortir. Quelle joie il a dû ressentir en voyant les Alexandriens tomber peu à peu malades ; de nous voir perdre notre sans froid face à la menace toujours plus croissante d'Alpha.

- Tu lui as parlé ? Je demande en serrant les poings.

- Oui, mais tout ce qu'il dit n'est que ce que rabâche Alpha aux siens.

- Vous auriez dû le tuer. Il a torturé Anna dans cette grange !Il a participé à la mort de nos amis et de nos familles !

- Il a peut-être des informations, me contredit Rick.

- Mais tu l'as dit toi-même qu'il ne faisait que répéter les paroles de cette malade ! Je m'emporte.

- On ne peut pas prendre de risque.

Je serre les dents. Au fond de moi, je sais qu'il a raison. Mais je veux qu'il paye. Comme tous les autres. Le temps n'était plus à la discussion, mais au passage à l'acte.


La grille s'ouvre dans un grincement sinistre. Je descends les marches avant d'ouvrir la porte de la prison. Je me glisse à l'intérieur et pose mon regard sur la silhouette allongée sur le lit de camp. Je m'approche des barreaux.

Dante tourne la tête vers moi. Il s'assoit sur le lit et me fixe. Une expression presque moqueuse se dessine sur son visage.

- Tu viens profiter du spectacle ? Je pense que tu aurais pu attendre le procès, dit-il.

- Le procès ? Parce que tu crois que l'on va t'offrir le luxe d'un procès équitable ?

- Vous me l'accorderez, comme vous l'avez fait avec Negan. J'ai hâte de vous voir vous entre déchirer sur mon sort.

- Parce que tu te crois populaire peut-être ? Tu as failli tuer trois personnes espèce de salopard. Tu as participer à l'assassinat de dix personnes innocentes, dont un enfant. Et tu voudrais un procès équitable ?

- Tu verras que j'aurai gain de cause, lâche l'homme en posant une main sur sa chemise ensanglantée.

Je sors les clés de la poche de mon jean piquée dans le tiroir du bureau dans la maison et l'insère dans la serrure. La porte s'ouvre elle aussi dans un grincement des plus sinistre. J'entre dans la cellule et m'avance jusqu'au centre en refermant la porte.

- C'est ce que tu veux prouver ? Que nous sommes des faibles d'esprit ?

Dante sourit.

- Regarde autour de toi Ariane. Regarde ce que les humains ont fait du monde. Alexandria, la Colline, le Lincoln College Community ne sont pas le monde réel.

- Tu n'as donc aucun remord. Détruire des vies ne t'a pas suffi. Il a fallu que tu sèmes la paranoïa.

Je m'avance de quelques pas sans jamais le quitter des yeux.

- Je me souviens d'un ami au début de l'épidémie. Il s'appelait Dale et il prônait que l'humanité ne devait pas disparaître. Un jour, Rick a ramené un type. Ce n'était qu'un gamin abandonné par son groupe. Nous l'avons gardé, mais sa présence compromettait notre sécurité. Alors, tout le monde a décidé de le tuer... Sauf Dale et moi. Je croyais en la rédemption des gens. Aux secondes chances.

- Et maintenant ?

Je ne réponds pas. Je m'empare du poignard caché sous ma chemise et le poignarde en plein abdomen. Dante s'écroule, une expression de douleur sur le visage. Je me précipite derrière lui, l'oblige à se mettre à genoux et lui attrape les cheveux pour lui relever la tête.

- Tu voulais que je ferme les yeux hein ? Je lui murmure à l'oreille. Tu n'auras plus jamais l'occasion de les rouvrir.

Dante n'a pas le temps de répliquer. Je pose mes pouces sur ses yeux et appuie de toute mes forces sur ses orbites. L'homme hurle de douleur. Il se débat et tente de se libérer.

Mais je ne lâche pas.

Je ne me pose aucune question. Je perds tout contrôle et seule la colère m'anime. La haine décuple mes forces. Bientôt, je sens le sang couler le long de mes mains. Le corps de Dante s'anime de derniers spams avant de s'immobiliser.

Je lâche ma prise et laisse tomber sa tête contre le sol. Je me relève et le contourne. Ses yeux laissent désormais place à deux orbites vides. Je m'empare de mon poignard et lui plante la lame dans le crâne avant de me relever. Après un dernier regard sur le corps, je sors de la prison sans me retourner une seule fois.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 03, 2021 ⏰

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