The Walking Dead : Silence in the face of death [Tome 3]

Chapitre 80 : Plus jamais comme avant

Point de vue externe :

« Lydia, oh Lydia. L'avez-vous rencontrée ? Lydia.

La femme tatouée. Elle a des yeux que les hommes adorent.

Et son buste plus encore.

Lydia, oh Lydia.

« Quelle encyclopédie.

Lydia, la reine des tatouages ! »

Anna bégaie de ne pas approcher de la colline. Incapable d'expliquer pourquoi, elle attrape le bras d'Ariane en la suppliant de ne pas avancer. Mais la jeune femme ne l'écoute pas. Personne ne l'écoute. Daryl en tête, il ne jette aucun regard à Anna, aidée par Rick et Michonne pour la faire marcher. Une fois sortis des bois, ils voient sans vraiment comprendre ce qu'il semble être de grands bâtons plantés au sommet de la colline. Le vent fouettant leur visage, le groupe s'arrête quelques secondes pour échanger des regards inquiets. Malgré la température, Ariane frissonne en regardant droit devant elle.

Hésitants, ils reprennent leur marche sans jamais quitter des yeux ce qu'il y a devant eux. Les cheveux couvrant son visage, Daryl avance toujours en plissant les yeux, son arbalète en main. Ils continuent à marcher, ne comprenant pas ce qu'il se passe. Ne comprenant pas encore ce qu'Alpha a fait. Les jambes tremblantes et les entrailles nouées, Ariane arrive à la hauteur du chasseur, la bouche ouverte, comme si elle n'arrivait plus à respirer normalement. Comme si le manque d'oxygène lui brûlait les poumons à chaque pas qu'elle faisait. D'une main, elle joue nerveusement avec ses doigts, et de l'autre, elle tâtonne le pommeau de son épée. Derrière eux, le reste du groupe avance, observant davantage ce qu'ils approchent. Anna bafouille toujours en titubant alors que Rick l'intime à garder le silence. Carol avance en trainant les pieds, de sombres pensées à l'esprit. Michonne avance comme une machine pour suivre le mouvement malgré une petite voix intérieure qui lui ordonne de faire demi-tour.

Ils approchent toujours sans comprendre l'horreur qui se présente peu à peu à eux. Ils continuent à marcher.

Puis s'arrêtent.

O grand jamais ils auraient pu imaginer le drame auquel ils font face. Même dans leur pire cauchemar, jamais ils n'auraient cru voir une telle cruauté.

Une telle barbarie.

C'est en échappant un soupir de terreur qu'Ariane découvre les dix pics sur lesquels trônent les têtes que tous reconnaissent instantanément malgré leur visage cadavérique, leur regard vitreux et les grognements qui s'échappent de leur bouche. Incapable de prononcer le moindre mot, chacun n'arrive pas à quitter des yeux ces têtes décapitées et mouvantes. Leurs yeux se posent sans pouvoir se contrôler sur chacune d'elles, partant de la gauche vers la droite.

La bouche grande ouverte, Ariane fixe, le regard vitreux, cette scène d'horreur. Elle pose ses mains sur sa bouche pour empêcher un cri qui ne demande qu'à sortir du plus profond de son âme. Quant à Daryl, il avait cru souffrir il y a six ans. Il avait cru mourir en voyant Ariane disparaître lors de l'explosion du pont. Il avait cru que son existence était devenue veine. Que sa vie ne serait plus jamais comme avant. Que jamais il ne connaîtrait pire souffrance que lors de la disparition de sa femme. Mais en vérité il se trompait. Et il le comprend désormais. Toutes ces têtes lui font remonter des souvenirs qu'il a tenté d'enfouir depuis le début. Elles lui font comprendre que rien ne sera plus jamais comme avant. Que rien ne pourra effacer cette douleur qui lui broie littéralement les entrailles.