The Walking Dead : Silence in the face of death [Tome 3]

Chapitre 15 : Prospérité et esclavagisme

Point de vue d'Ariane :

Cinq jours sont passés depuis que l'on s'est plus ou moins installés au Royaume. Daryl ne supporte toujours pas d'y être enfermé, même si il sait qu'il en va de notre sécurité. Alors pour se vider la tête, il a décidé de partir chercher Carol parce qu'il ne croit pas à la version de Morgan, disant qu'elle était partie. Il part plusieurs heures par jour et ne revient qu'en fin d'après-midi ou en début de soirée. Onyx l'accompagne la plupart du temps, ce qui aide pas mal l'archer dans ses recherches. Et puis, je sais qu'il n'est pas seul dehors comme ça. Notre compagnon à quatre pattes sera là pour l'aider et le protéger en cas de problème.

En attendant, je participe un peu à la vie du Royaume. Je travaille avec certains habitants, qui semblent vivre dans le monde des Bisounours. Ca me fait vraiment bizarre de les entendre parler de tout et de rien alors que Daryl et moi avons été torturés pendant des semaines. J'ai bien sûr essayé de soustraire des informations à Morgan pour qu'il me dise où a pu partir Carol, mais il persiste à garder la même version. L'aïkido commence vraiment à me taper sur les nerfs. Quand je le vois, il entraîne Benjamin, le protégé du Roi, au maniement du bâton, ou je le vois en compagnie d'Ezéchiel. Quoi qu'il en soit, j'ai l'impression que le temps s'écoule beaucoup trop lentement ici. J'ai de plus en plus de mal à vivre avec tous ces gens qui vivent dans le déni. Daryl n'a pas eu tort en disant que cet endroit est un véritablement cirque, et je parie que Carol a pensé la même chose.

Assise sur des marches, j'observe les gens passer devant moi. Ils ont tous le sourire aux lèvres, comme s'ils vivaient dans un monde parfait. A quelques mètres de moi, j'entends Shiva rugir. Elle doit sûrement saluer le Roi. Je n'y prête pas plus attention que cela et je guette le portail, espérant le voir s'ouvrir sur Daryl et Onyx. Je l'imagine venir, pestant comme toujours avec notre compagnon courant comme un dératé, la langue pendante sur le côté. Ils font une belle paire quand j'y pense. J'esquisse un sourire à cette pensée.

Une ombre tombe sur moi. Je me tourne pour voir Ezéchiel descendre les marches pour s'assoir près de moi. Il a toujours son air aussi théâtral.

- Comment te sens-tu Ariane ?

« Bien merci », j'écris.

Nous restons silencieux pendant quelques instants. Nos regards se posent un peu partout devant nous.

- A quoi penses-tu ?

Je soupire.

« Un peu à tout. Mais surtout à Carol et à mon groupe. Ils me manquent ».

- Je suis désolé pour ce que vous avez subi là-bas. Tu sais, quand j'ai construit cet endroit, je ne pensais pas qu'il prospérerait aussi bien. Au départ il n'y avait que très peu d'habitants, mais maintenant, c'est un vrai village. Je suis fier de ce que mon peuple a fait pour que cet endroit devienne toujours meilleur.

« C'est à cette prospérité que vous devez aux Saviors ».

- C'est en partie vrai, avoue le Roi. Mais cet accord avec eux permet la paix entre eux et nous. Les accords que nous avons trouvés permettent à mon peuple d'être serein.

Je secoue la tête, désespérée devant sa naïveté.

« Les Saviors se lassent des accords Ezéchiel. Ce qu'ils veulent, c'est toujours plus. Un jour, il pourrait leur arriver qu'ils décident sur un coup de tête de dire que ce que vous leur donnait n'est plus assez. Ou qu'ils veulent entrer dans le Royaume. Dans ces cas-là, qu'est-ce que vous ferez ? Je veux bien croire que garder ces gens dans le secret peut les protéger, mais ça ne durera pas éternellement. Vous ne faites que retarder l'échéance. Daryl et moi, on a vu de quoi était capable Negan, alors vous devez vous rendre à l'évidence ».