Point de vue de Daryl :
On arrive à la Colline dans l'après-midi. J'descends de ma moto et aide les garçons à descendre du charriot. Tara vient vers nous. Arrivée à ma hauteur, elle m'enlace et me souhaite la bienvenue. Jésus nous rejoint.
- Daryl ! On est content de te voir ! T'as décidé de rester ?
- Nan. Je dépose juste les garçons. Je viendrai les chercher dans quelques jours. Le temps... Qu'ils voient du monde.
J'ébouriffe les cheveux d'Evan. Il a l'air content d'être là.
- Tu ne veux même pas rester la nuit ? Insiste Tara. On a de la place.
- Nan. J'veux pas laisser le camp sans surveillance. J'reviens en fin de semaine.
Je m'agenouille devant les garçons.
- Vous êtes sages. Vous faites ce qu'on vous dit. N'oubliez pas de vous entrainer surtout.
- On sera sage. Et je veillerai sur Evan.
J'ébouriffe la tignasse d'Erwan.
- Vous veillez sur eux. J'vous fais confiance, dis-je à Tara et Jésus.
- T'inquiète, répond la brune.
J'embrasse mes p'tites terreurs et remonte en scelle. J'appelle Onyx et nous repartons vers le camp. J'ai repensé à ce que m'a dit Carol et c'est vrai que ça fera du bien aux garçons de changer d'air. Je sais qu'ils veilleront l'un sur l'autre alors j'me fais pas trop de souci. Au bout de plusieurs heures de route, j'arrive enfin au camp. Je descends et remet la bâche sur ma moto. Je m'empare d'un bâton et commence à le travailler pour faire une pointe sur l'un des bouts pour pouvoir pêcher. A chaque coup de couteau, je repense à la forgerie que j'ai vue à la Colline. Et ça m'a fait penser à Ariane. Jamais je ne réussirai à faire son deuil. Je ne peux pas le faire. Je sais qu'elle est vivante quelque part et j'suis incapable de trouver où. Comme si je n'étais qu'un traqueur débutant. J'comprends pas. J'comprends pas pourquoi j'ai pas retrouvé son corps. En parlant de ça, ça fait un bail que j'suis pas retourner à Alexandria. Pour voir Rick au moins. Mais j'en ai pas la force. C'est trop dur.
Chaque jour, j'pense à elle. A nos moments ; à ceux passés avec les garçons, même si elle n'a pas pu profiter d'Evan. Chaque jour, je ferme les yeux pour me remémorer son odeur, sa voix, ses caresses, ses baisers. Et chaque jour, c'est un crève-cœur. La dernière fois que j'ai vu Mathilde, elle n'était vraiment pas bien. Elle a perdu sa fille après tout et elle croit dur comme fer qu'elle est morte. Elle m'en veut de croire qu'elle est encore en vie. Elle dit que je m'accroche à ce qui n'existe pas. Tout le monde veut que j'abandonne. Que j'tourne la page. Mais j'peux pas. A Ariane, je lui ai tout donné. Mon cœur et mon âme.
Je soupire et jette un coup d'œil à Onyx, occupé à se rouler par terre. Il se secoue et m'en fout partout.
- Génial... Merci vieux, je soupire.
Le clebs aboie pour toute réponse. J'me lève, range mon couteau et pars en direction de la rivière, le bâton dans les mains. Le courant est calme. Je ne devrai pas trop galérer.
- Pas bouger, j'ordonne à Onyx.
L'animal s'assoit et me regarde entrer dans la rivière. Une fois au milieu, je regarde l'eau pendant de longues minutes avant de planter mon pieu dans un poisson. Mais un rôdeur sort de l'eau et s'approche de moi. Je casse mon bâton avec mon genou et lui plante une moitié dans le crâne.
- Putain fait chier.
Je balance la moitié souillée sur l'autre rive et continue à pêcher. J'arrive à en attraper six. C'est pas mal. Je les accroche un par un à mon pieu et siffle pour qu'Onyx me suive jusqu'au camp. Je m'assois sur l'un des troncs d'arbre autour du feu et commence à les vider. Je jette les déchets dans le feu qui crépite. Je prépare le repas et j'attends que ce soit prêt.
Je mets ma main dans ma poche de pantalon et en sors le collier d'Ariane. Depuis six ans, il ne m'a jamais quitté. J'me souviens de cette journée quand je le lui ai offert. J'étais vraiment mal à l'aise. Mais j'étais content qu'il lui plaise. Sacrément même. Je la revoie jouer avec sans qu'elle ne s'en rende compte. J'esquisse un sourire en coin. Même après la prison, elle avait toujours ce p'tit truc bien à elle qui faisait qu'elle était différente des autres. Il y avait toujours cette p'tite touche d'innocence, de fantaisie chez elle. Negan l'a détruite, mais elle ne s'est jamais laissée abattre par ce salop.
Je m'empare de deux assiettes et nous sert Onyx et moi. Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas été au calme. Comme un automate, je mange, le regard dans le vague. Une fois vides, je lave les assiettes et les range. Je m'allonge dans l'herbe et regarde les étoiles. J'ai appris aux garçons à se repérer grâce à elles. J'suis fier d'eux. De vraies terreurs. De vrais survivants surtout.
Onyx grogne à côté de moi. Je m'assois et regarde derrière moi. Je m'empare de mon arbalète et me lève, tout en faisant signe à l'animal de se taire. Je m'enfonce dans la forêt, faisant attention aux pièges que j'ai installé pour les rôdeurs. Je ne pense même pas à vérifier si mes pièges ont attiré des animaux. Je sursaute lorsqu'un rôdeur apparait devant moi. Je m'empare d'un de mes couteaux, pousse le macchabé contre un tronc d'arbre et lui transperce le crâne. Je souffle un bon coup pour reprendre mes esprits.
Cette fois, j'ai bien entendu un bruit de branchages. Sans faire de bruit, je m'enfonce plus profondément dans la forêt. Onyx fixe droit devant lui. Arbalète pointée devant moi, je fixe les alentours.
Je ne vois rien.
Et merde.
C'est peut-être un rôdeur qui a réussi à s'échapper d'un de mes pièges. Je ne bouge plus pendant plusieurs minutes, faisant signe à mon compagnon à quatre pattes de ne pas bouger.
Nouveau bruit à ma droite cette fois.
- C'est quoi cette connerie, je grogne.
Je suis la direction du bruit en faisant le moins de bruit possible. Je m'empare de ma lampe torche et l'allume. J'illumine le sol et regarde autour de moi. Je repère des traces de pas. C'qui est sûr, ce qu'elles ne proviennent pas d'un rôdeur. Elles sont beaucoup trop nettes. Quelqu'un joue avec mes nerfs. J'éteins la lampe et la range à ma ceinture. J'continue à marcher, mais j'me tourne vers Onyx quand je l'entends grogner. Je pointe la direction vers laquelle il regarde.
J'avance de plusieurs pas.
Onyx continue à grogner.
Je m'empare de ma lampe torche. Je l'allume.
J'vois une silhouette face à moi. Je m'approche. Elle s'avance de quelques pas. J'éclaire son visage.
J'ouvre la bouche. Mais aucun son ne sort.
Je reste figé.

VOUS LISEZ
The Walking Dead : Silence in the face of death [Tome 3]
FanfictionPartie I : Nous nous croyions en sécurité à Alexandria. Nous avions tout ce qu'on rêvait. On avait retrouvé une vie normale. Mais il a fallu qu'il arrive et qu'il mette toutes nos certitudes à néant. Il a dicté ses règles dans le sang. Un nouvel en...