L'École d'Eltem- {T1} - Terminé

Prologue : Le Dernier Conseil

Longtemps auparavant.

La grande salle du conseil était éclairée par des torches enflammées et des cristaux lumineux, qui projetaient des ombres mouvantes sur les murs de pierre gravés de symboles anciens. L'odeur de la cire brûlée et de l'encens flottait dans l'air, se mêlant à la tension palpable qui imprégnait chaque recoin de la pièce. La nuit était tombée depuis plusieurs heures, mais l'agitation était à son comble. Les membres du Conseil, tous vêtus de robes aux couleurs différentes, étaient rassemblés autour d'une table ronde massive en bois sculpté. Leurs regards étaient graves, leurs voix basses et tendues. L'exaspération imprégnant chacun d'eux.

- Les rumeurs se répandent et glissent de bouche en bouche, déclara un Valyr au visage buriné, assis à la droite de la table.

Ses mains calleuses serraient le bord de la table avec une telle force que le bois craqua légèrement sous la pression. Ses yeux étaient perçants, et une barbe grisonnante encadrait son visage sévère.

- Les humains se rassemblent. On parle d'une armée marchant sur nos terres, ajouta-t-il d'un ton grave.

Un murmure agité parcourut la salle. Certains membres échangèrent des regards inquiets, d'autres restèrent silencieux, les mâchoires serrées. Un Valyr aux épaules larges, portant une robe de couleur terre cuite, tapota nerveusement ses doigts sur la table, un tic habituel chez lui lorsqu'il était stressé. Assise en face de l'homme barbu, une femme aux longs cheveux argentés et aux yeux bleus glacés se leva, ses mains tremblantes, mais sa voix ferme.

- Les enchantements d'Elaris nous protègent depuis des générations, dit-elle. Ils ne peuvent pas nous atteindre.

Sa voix résonna dans la salle, mais on pouvait sentir une note de doute se glisser derrière son assurance apparente. Certains Valyr acquiescèrent, approuvant les propos de leur aînée, tandis que d'autres, en revanche, s'opposèrent fermement à cette hypothèse, qu'ils trouvaient fondée sur une vérité de plus en plus incertaine. Des murmures s'élevèrent autour de la table, les désaccords devenant de plus en plus vifs, et la tension croissante faisant trembler les flambeaux.

Bientôt, la discussion se transforma en un tumulte, chacun essayant de surpasser l'autre dans une confrontation verbale qui rendait tout dialogue raisonnable impossible. Un Valyr au visage fin, dont les yeux semblaient constamment analyser les autres, frappa la table avec frustration, faisant sursauter ceux qui l'entouraient.

- Et si les enchantements échouaient ? lança soudainement une voix jeune, pleine de défi.

Tous les regards se tournèrent vers une jeune femme debout près de l'entrée. Ses cheveux noirs tombaient en cascade sur ses épaules, et ses yeux étaient enflammés d'une détermination farouche. Son jeune âge contrastait vivement avec les esprits fatigués et assagis des Valyr rassemblés autour d'elle.

- Nous ne pouvons pas ignorer la menace, ajouta-t-elle, en se détachant du mur sur lequel elle était adossée.

Son souffle était rapide, trahissant à la fois sa nervosité et sa résolution. Le silence se fit lourd. Le Conseil la dévisagea avec étonnement et scepticisme. Un homme âgé, assis au centre de la table, leva lentement la main, un geste qui imposa immédiatement le calme dans la salle. Sa voix était lente, mesurée, mais empreinte d'une sagesse infinie.

- Ciliren, dit-il doucement, les rides profondes de son visage se creusant alors qu'il parlait. Les humains ne possèdent pas la magie. Ils ne peuvent pas franchir les barrières d'Elaris.

Sa main retomba lourdement sur la table, comme pour souligner le poids de ses paroles. L'homme, dont les traits étaient marqués par le temps, regardait sa fille avec tendresse, l'invitant à se retirer du débat dont elle venait de se saisir. Mais Ciliren ne se laissa pas intimider. Elle redressa ses épaules, ses poings serrés contre ses hanches, les jointures de ses doigts blanchies par la tension.