Chapitre 65

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Isaak.

Le réveil fut rude. A peine avais-je ouvert les yeux que les évènements de la veille assagirent ma mémoire. J'avais très peu dormi, non pas que cela change de d'habitude, mais pourtant la fatigue s'était intensifiée. L'envie de commencer ma journée était loin, très loin de moi. Mais j'avais des obligations qui me forçaient a me faire violence parfois, comme ce matin notamment.

Le soleil était absent dans le ciel, la saison de l'automne commençait tout juste a prendre ses marques. La nuit s'évaporait de plus en plus pour laisser place a un horizon gris. Mes yeux fixèrent ces nuages, sans but. Puis, ils dévièrent vers l'espace vide qui était a ma gauche. On pouvait encore discerner l'empreinte de son corps et de sa tête sur l'oreiller. Je refermai les yeux et me tournai de l'autre côté, espérant que les images qui se répétaient dans ma tête disparaissent miraculeusement.

Le silence qui m'entourait résonnait tellement fort que ça en devenait insupportable. Il symbolisait le vide, un vide continuel qui ne cessait de grandir, en moi, autour de moi, a cause de moi... C'était une répétition, d'évènements, de sentiments et de sensations. Toujours la même chose, car je ne savais que faire cela. Décevoir. Encore et toujours. J'y devenais bon.

Malheureusement, je n'avais plus le temps de me morfondre, alors que cela me tentait bien plus que toute autre activité.

Je me forçai a sortir de mes couvertures et a descendre a l'étage du dessous pour commencer l'entrainement. J'avais raté l'heure du petit-déjeuner. Les couloirs grouillaient de monde, les voix et les éclats de rire m'assourdissaient. J'étais d'une humeur massacrante.

Une fois arrivé dans le gymnase, deux paires de yeux me trouvèrent presque aussitôt. Ceux d'Ellison et ceux de Sahin. Ellison devina a distance que je m'étais levé du mauvais pied, il vint a ma rencontre et me tendit une bouteille d'eau.

- Bois un coup, et fais monter le sang a ton visage, t'as l'air a peine vivant mon vieux, dit-il en me donnant une tape qui se voulut réconfortante sur l'omoplate.

Je grognai pour approuver et cédai a ses demandes en buvant plusieurs gorgées histoire de me réveiller.

Sahin me salua discrètement de loin avant de se placer au centre. Je les rejoignis peu après, une fois que je me sentis revigoré. Je m'étirai les épaules et tentai de dénouer la tension globale de mon corps.

Une marée entière de yeux se mirent a me fixer, comme si je venais d'une autre planète. Je pris sur moi pour l'ignorer et garder ma stature autoritaire. Mes relations personnelles c'était une chose mais mon travail en était une autre. Et même si la frontière était mince quelques fois, je ne devais pas me laisser influencer par mes problèmes devant mes élèves.

Je m'éclaircis la gorge de manière un peu trop exagérée histoire que la cohue qui émergeait de la marée humaine cesse.

- Bonjour, nous allons changer les groupes...comme a chaque fois, expliquai-je, lassé.

Je sortis la liste que je faisais a chaque nouvelle session et qui me permettait de disperser les élèves dans de nouveaux groupes. Je la dépliai négligemment et, sous le regard attentif de mes collègues, commençai a énumérer les noms. Des élèves quittèrent la foule et vinrent se ranger derrière leur nouveau entraineur. Les noms défilèrent au fur et a mesure que mes yeux descendirent sur le liste. Puis, soudain, son nom apparut sous mes yeux. Ma gorge se bloqua et aucun son ne voulut sortir. Sahin se tourna légèrement vers moi, les yeux froncés. Ellison était déjà en train de se balancer d'un pied sur l'autre, nerveux. Je continuais de fixer les quatre lettres de son prénom, et soudain relevai la tête vers la foule.

L'École d'Eltem- {T1} - TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant