L'École d'Eltem- {T1} - Terminé

Chapitre 2: Premier lien

Shae

Je restais plantée là, au milieu de la chambre, mes pieds presque collés au sol. Une sensation étrange s'emparait de moi : une part de moi-même, une partie de mes souvenirs, semblait s'effilocher à chaque respiration. La brume de mon passé s'épaississait, masquant des images qui, il y a encore peu, m'étaient si claires.

Je tentais de me raccrocher à ces bribes, à ces éclats d'une vie d'avant, mais ils glissaient entre mes doigts comme du sable. Juste au moment où je commençais à sentir une vague d'anxiété monter en moi, la porte s'ouvrit brusquement, me tirant de mes pensées et me faisant sursauter. Une fille aux cheveux roux resplendissant entra en trombe, un sourire radieux sur le visage. Sa silhouette finement musclée luisait légèrement de sueur, tandis que ses yeux pétillants de curiosité et de chaleur semblaient dissiper instantanément les battements désordonnés de mon cœur. Elle s'approcha de moi, impatiente.

— Salut ! Lança-t-elle en entrant à toute allure, ses cheveux flamboyant sous la lumière tamisée. Je suis Erwin ! Tu dois être Shae?

Je clignai des yeux, prise de court par son énergie.

— Oui... c'est moi.

Elle s'approcha avec un sourire franc, tendant la main comme pour sceller un pacte invisible.

— Enchantée.

Son sourire s'élargit encore plus, et elle fit un geste de la main vers le lit en face du sien.

— Installe-toi, fais comme chez toi.

Je pris une profonde inspiration et m'assis doucement sur le bord du lit. La douceur des draps sous mes mains me rappela vaguement quelque chose, un souvenir épars d'un endroit lointain, un lieu que je ne pouvais plus tout à fait saisir. C'était comme essayer de se rappeler d'un rêve qui s'échappait à la lumière du jour. L'étrangeté de cet endroit, mêlée à une sensation de familiarité inexplicable, me troublait profondément.

Erwin s'installa sur son propre lit en tailleur et m'observa avec un intérêt non dissimulé. Elle dégageait une présence singulière, à la fois magnétique et déconcertante. Une aura vertigineuse semblait l'envelopper, contrastant avec la douceur de son sourire, la précision de son regard, et la force tranquille qu'elle imposait dans sa manière de s'affirmer. Elle semblait redoutable.

— Alors, comment te sens-tu ? L'arrivée ici peut être... intense, dit-elle doucement, brisant le silence qui s'était installé.

Je continuai à la fixer, presque fascinée, avant de réaliser la portée de mon regard. Aussitôt, je détournai les yeux, légèrement honteuse de mon impudeur. Ses mots résonnèrent en moi alors que je cherchais à mettre de l'ordre dans le tourbillon de sentiments qui m'habitait. C'était un mélange troublant d'émerveillement et d'appréhension, un curieux amalgame de curiosité et de crainte qui se disputaient ma conscience.

— Ça l'est. Je me sens... différente. Comme si quelque chose en moi s'était réveillé. Et pourtant...

Je cherchai mes mots, hésitante.

— Pourtant, c'est flou. Tout est flou. Mais une chose est sûre... je suis censée être ici.

Erwin sourit, ses yeux pétillant d'un éclat complice.

— Je me suis sentie exactement comme toi à mon arrivée. C'est étrange, pas vrai ? Comme si tout ce qui nous avait menées ici n'était qu'un prélude flou à ce qui nous attendait vraiment.

Je réalisai que c'était exactement ce que je ressentais. Une sensation de soulagement m'envahit, un poids que je n'avais jamais remarqué se levait de mes épaules. Le sourire d'Erwin, chaleureux et sincère, apaisa mes doutes.