Isaak.
Les paroles d'Erwin tourbillonnaient dans ma tête, en répétition. Elles ne me lâchaient plus, ancrant leur griffes dans mon esprit. Ce qu'elle avait révélé était grave, pire même, ses paroles décrivaient la pire crainte de tous, de tous les enseignants. Une menace de l'extérieur. Le danger était à nos portes, d'après ses visions. Rien qu'à cette pensée j'en avais mal au ventre. L'angoisse me tiraillait les entrailles, mon sang-froid menait un combat pour ne pas se faire écraser par la panique.
J'attendais. Adossé au mur. Erwin et les autres étaient toujours à l'infirmerie à l'étage du dessous. Du moins, ils l'étaient tous quand je les avais quittés. J'étais calme, ma respiration était lente, contrôlée. Je donnais l'impression de garder mes émotions enfuies, maitrisées, alors qu'a l'intérieur je bouillonnais, j'avais envie de tout saccager comme à mon habitude, de frapper, fort. Je pouvais pas m'empêcher de ressasser les derniers jours, j'avais l'impression d'avoir plus vécu en ces quelques journées que durant cette vingtaine d'années d'existence. A quelques détails près.
L'impatience me gagnait progressivement. J'attendais le moment où elle allait remonter ses escaliers en bois, et comprendre qu'elle me devait des explications. L'enjeu était trop important pour qu'il n'y est qu'Erwin qui en soit la détentrice. Elonora savait. De plus, mon subconscient me criait des choses que je refoulais, que je niais, car les considérer étaient bien trop périlleux. J'étais pas prêt à laisser mon instinct me dicter ses prédictions face à la situation. Je ne pouvais pas les entendre, même si elles forçaient leur passage dans mon esprit. Parfois, elles revenaient a la charge un peu trop fort, m'électrifiant au passage de l'urgence de la situation.
Je soupirai nerveusement, première fissure dans ma barrière d'apparence sereine. Garder le calme, pour mieux appréhender. Voilà sur quoi je devais concentrer mon énergie. Je pris une grande inspiration et vidai mon esprit du mieux que je pus, bien que quelques réflexions tenaces continuaient de faire écho.
Mes yeux se braquèrent sur la cage d'escalier, je la fixais si intensément que quand la chevelure grisonnante d'Elonora apparut dans mon champ de vision, je tressaillis. Je fus surpris par la vague d'anxiété qui me submergea directement en la voyant. Je pensais avoir le contrôle. Je me décollai du mur lentement et croisai ses iris orangées. Mon cœur battait fort, et mes sourcils étaient bas.
Elonora ne parut pas étonnée de me voir ainsi, l'attendant devant son bureau. Au contraire, elle me regarda avant de poser ses yeux sur la poignée dorée de la porte. Elle inspira doucement, avant de soupirer. Je me rapprochai, décroisant les bras.
- Antans... (Entre) Souffla-t-elle en levant a peine les yeux.
Je fis quelques pas et pénétrai dans son bureau. Elonora me suivit, avant de refermer doucement la porte derrière elle. J'attendais, debout au milieu de la pièce.
- Assieds-toi, Dit-elle avant de me contourner pour aller s'asseoir sur son fauteuil.
J'ignorai sa proposition et me plaçai entre le fauteuil et son bureau. Elonora soupira, et croisa les jambes sur son siège. Elle releva le regard et je sentis qu'elle allait commencer à prendre la parole.
- Erwin dit vrai, n'est-ce pas ? Commençai-je en coupant net ses tentatives.
Elonora resta immobile une seconde, avant d'expirer, longuement. Elle ne pouvait rien me cacher, je savais déceler chaque mensonge chez elle si l'envie lui prenait de me mentir. Son regard me scruta longuement, elle paraissait réfléchir a ses prochaines paroles, comme si ses mots allaient avoir un impact sur la situation. Je posai lentement mes poings sur son bureau en bois massif, avant de me pencher légèrement en avant, attendant sa réponse.
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L'École d'Eltem- {T1} - Terminé
ParanormalHistoire en échafaudage, veuillez être indulgents :) - RÉÉCRITURE EN COURS Shae est une jeune fille réservée, peu encline à se dévoiler. Mais en arrivant à Eltem, elle plonge dans un monde surnaturel, où elle rencontre des personnes aux capacités ét...