L'École d'Eltem- {T1} - Terminé

Chapitre 18

Isaak.

Je ne savais plus qui j'étais. Depuis peu, j'avais retrouvé mes démons, ils occupaient mes nuits, mes journées, mes pensée, tout. J'avais replongé dans un comportement que je m'étais promis d'éradiquer. Mes pensées noires avaient repris le dessus et je n'en menais pas large. Mon esprit se faisait assaillir par des mauvais souvenirs, des flash-back qui m'entraînaient plus bas que sous terre. J'avais réussi a les vaincre ou du moins à les contenir et voila que ma carapace que j'avais mis quelques années a bâtir s'était fissurée.

J'avais l'impression que les séquelles qui s'étaient ancrées en moi me retenaient dans le passé, me laissant incapable d'avancer. En plus de ça, mon comportement avait complément changé aux dépends de mes amis que je repoussais sans vraiment le vouloir. C'est à peine si je leur adressais la parole quand on se retrouvait, je préférais me morfondre sur moi-même, le regard perdu. Je savais qu'ils n'osaient jamais me poser trop de questions sur ce qui se passait dans ma tête de peur que je m'offense, ce qui n'était pas tout a fait faux. Je détestais qu'on parle de moi, qu'on essaye de trop en savoir sur ma vie, ma famille et tout le reste. J'étais un mur. Et ça, tout le monde le savait.

Mais, en y réfléchissant bien, mon comportement avait commencé a changer depuis l'arrivée de Shae. Je ne comprenais pas encore comment, mais j'étais persuadé pour une raison inconnue que c'était elle l'auteur de mes rechutes. Enfin, pas elle directement, mais sa présence. Shae avait cette aura qui l'entourait qui déstabilisait. On avait l'impression qu'elle cachait quelque chose en elle alors qu'a première vue, elle apparaissait comme une fille normale, une fille lambda. Pourtant, elle avait un regard électrique qui nous transperçait l'âme, comme si tout d'un coup elle savait tout de nous et pouvait nous anéantir en un claquement de doigt. Elle était mystérieuse voir intrigante, elle me perçait à jour sans aucune gêne ou retenue me mettant dans une position de faiblesse car ce n'était pas réciproque, moi je n'arrivais pas a la déceler. Et j'avais besoin de ce contrôle, même sur les personnes qui m'entouraient. Je n'aimais pas être en terrain inconnu j'avais constamment ce besoin de maitriser chaque minute de ma vie. Et Shae était pour moi la définition même de l'imprévisibilité.

Même si je voulais être amical avec elle, je n'y arrivais pas. Le fait qu'elle puisse m'atteindre aussi facilement sans pour autant savoir comment me rendait fou. J'étais la personne qu'on craignait, pas la craignante. Et la roue était en train de tourner et cela ne me plaisait pas. En somme, elle faisait ressortir ce qui avait de pire en moi.

Le pire dans tout ça, c'était que la seule personne à blâmer, c'était moi. Et le mélange de sentiments qui tourbillonnaient en moi ne rendait pas les choses faciles, un coup je me détestais pour lui avoir fait du mal la veille et donc culpabilisais, un autre je pouvais pas m'empêcher d'être blessant, froid et mauvais dès qu'elle essayait de communiquer avec moi, que ce soit à travers un regard, un mot ou même un geste. Je sombrais.

Le soleil n'était même pas encore levé que je descendis dans le gymnase. Les entrainements ne commençaient que dans quelques heures mais j'avais besoin de me défouler. Je n'avais pas réussi a fermer l'oeil de la nuit, mes pensées, qui tournaient majoritairement autour du fait que je regrettai l'échange virulent avec Shae, m'en avaient empêché. Et puis, pour rajouter une couche, cela faisait presque deux semaines que je ne dormais plus tout court. Mes nuits étaient hantées par des cauchemars qui refaisaient surface.

J'enlevai mon t-shirt que je jetai dans un coin et me mis directement en position de combat contre un pauvre pantin en mousse. La pièce était encore légèrement plongée dans l'obscurité. Je fléchis mes genoux et ne tardai pas a frapper mon premier coup qui s'enfonça dans le mannequin. Un deuxième suivit, puis un autre et une suite entière de coups violents se fracassèrent dans le faux thorax en mousse. Je les enchainais, y mettant toute mon énergie, toute ma rage. Mes bras se contractaient de plus en plus et bientôt je sentis une douleur se propager dans mes membres supérieurs. Mes poings s'éraflaient au fur et a mesure jusqu'a ce que le sang commence a perler sur mes jointures. Mais ça ne m'arrêtait pas, au contraire, mon défoulement me faisait du bien, peu importe les blessures. Après que mes poings soient littéralement en sang, je décidai de calmer ma fureur et de changer sur des enchainements d'attaques avec des coups de jambes et de pieds.