L'École d'Eltem- {T1} - Terminé

Chapitre 13 : Évanouissement

Shae.

Les premiers signes de fatigue me gagnaient, mais Esme ne semblait pas décidée à s'arrêter. Depuis une heure, elle tentait de m'apprendre à convoquer mon bouclier intérieur. Son regard perçant scrutait chacun de mes gestes tandis qu'elle tournait autour de moi, ses mains illustrant les concepts qu'elle m'expliquait.

— Il faut que tu fasses le vide en toi, Shae, murmura-t-elle d'une voix calme. Ton bouclier ne viendra que lorsque tu pourras te détacher de tout ce qui t'encombre.

Je fermai les yeux, concentrée, essayant de me délester de chaque pensée. Mais aujourd'hui, quelque chose bloquait. Chaque tentative échouait, et je ne sentais même plus l'énergie d'hier, cette vague qui m'avait permis de manifester mon bouclier, ne serait-ce qu'un bref instant.

— Je ne comprends pas... hier, j'y suis arrivée, murmurai-je, frustrée. Mais là, rien...

— C'est normal, Shae, répondit Esme d'un ton doux. Ton pouvoir fait partie de toi, mais il dépend de ton état physique et émotionnel. Il est connecté à tout ce que tu ressens. Cela demande du temps, et tu dois accepter que, parfois, tu ne réussiras pas immédiatement.

Elle me laissa respirer un moment, me conseillant de relâcher toute tension. Je fermai les yeux, inspirai profondément et tentai une fois de plus de sentir ce bouclier en moi. Une faible chaleur apparut dans ma poitrine, mais s'éteignit aussitôt. Cette vague d'énergie restait insaisissable. Découragée, je relâchai un long soupir, et Esme posa une main réconfortante sur mon épaule.

— Laisse-toi du temps, dit-elle doucement. Tu progresses, même si cela te semble lent. Peut-être devrions-nous arrêter pour aujourd'hui. Ton esprit et ton corps ont encore besoin de s'adapter à tout ce que tu vis en ce moment.

— D'accord... Mais quand pourra-t-on reprendre ?

— Repose-toi jusqu'à la simulation, dit-elle en souriant. Cela te permettra de retrouver tes forces.

Je hochai la tête et quittai la salle, épuisée. Un mal de tête lancinant commençait à tambouriner dans mon crâne. J'avançais lentement dans le couloir, laissant ma main glisser le long du mur pour m'aider à garder l'équilibre. À peine avais-je fait quelques pas que la voix de Kael résonna derrière moi.

— Hé, salut toi ! lança-t-il en s'approchant, les mains dans les poches. Tu n'as pas l'air en grande forme.

Ma vision se troubla un peu, et son image commença à osciller devant mes yeux.

— Kael... je ne me sens pas très bien, avouai-je faiblement.

— Quoi ? Shae, est-ce que ça va ? demanda-t-il en s'approchant, une inquiétude sincère marquant son visage.

Je tentai de faire un pas, mais mes jambes tremblaient. Un vertige me prit soudainement, et la pièce tourna autour de moi.

— Kael... je... crois que... je vais m'évanouir...

Je perdis pied, mais avant de toucher le sol, je sentis des bras fermes m'entourer. Puis tout devint noir.

Quand je repris conscience, une forte odeur médicinale embaumait l'air. Des voix résonnaient non loin, et je distinguai peu à peu les mots.

— Tu es sûr que tu ne lui as rien fait, Kael ? lança une voix féminine, visiblement agacée.

— Erwin ! Tu me prends pour qui ? Jamais je ne lui ferais de mal ! protesta Kael, piqué au vif.

— Alors explique-moi encore ce qui s'est passé, insista Erwin en se rapprochant.

— Je l'ai trouvée dans le couloir, elle n'allait pas bien. Je l'ai juste rattrapée avant qu'elle se fracasse le crâne, d'accord ? répondit-il, défensif.