L'École d'Eltem- {T1} - Terminé

Chapitre 78

Shae.

Prendre sur soi. Trois mots qui désignaient très bien ce que je faisais depuis quelques heures. Je prenais sur moi. J'évitais de laisser mon esprit divaguer, s'imaginer des films, je tentais de rester concentrée sur ce que je faisais. En l'occurrence, tenir compagnie a Erwin. Elle était toujours à l'infirmerie, allongée sur le lit de consultation.

Après notre retour à Eltem, Madame Milligan s'était empressée de venir la voir, prévenue par Marie qui nous avait surpris en train de rentrer à Eltem. La gouvernante n'avait pas été trop sévère, elle avait fait passer l'état fébrile d'Erwin en priorité, laissant la session de réprimandes pour plus tard. Erwin avait dû tout expliquer, replonger dans ses visions pour permettre a la directrice de comprendre, et d'agir. Milligan s'était contentée d'hocher de la tête, et de simplement nous assurer qu'elle s'en chargeait dorénavant. Tout en nous invitant à ne pas nous inquiéter. Erwin, déjà faible, l'avait regardée de travers, mais n'avait rien dit. 

Et, heureusement, la rousse allait beaucoup mieux. J'avais eu tellement peur qu'elle passe de l'autre côté, tout ça a cause d'un jeu débile qui nous avait empêcher de nous apercevoir que quelque chose n'allait pas. Erwin m'avait prévenu qu'elle ne contrôlait pas ses visions, qu'elles apparaissaient quand elles le voulaient, comme elles le voulaient et sans pouvoir les arrêter. Elle les subissait en quelques sortes, et il avait fallût qu'elle les subisse dans une rivière, à quelques mètres à peine de Kael et moi qui aurions pu l'aider.

J'avais beaucoup de remords, même si à présent c'était du passé. Kael, lui, n'arrivait pas à passer à autre chose, il s'en voulait terriblement, bien plus que moi. Il essayait de le cacher, mais je commençais à le connaitre suffisamment bien pour intercepter le poids de ses remords qui pesait lourdement dans ses yeux.

-       Donne-moi ton bras, ordonna Sahin.

L'entraineur ne lâchait plus Erwin, non plus. Comme nous tous.

Sahin fronça le visage devant le refus de la rousse. Il arqua un sourcil, avant de s'emparer lui-même du bras de sa bien-aimée. Erwin leva les yeux au ciel.

-       Je vais bien ! A force de me prendre la tension toutes les deux minutes je vais commencer à avoir des bleus ! Protesta-t-elle.

Sahin ignora la remarque d'Erwin et entoura le brassard autour de son bras. Puis, il appuya à plusieurs reprises sur le petit ballon d'air ce qui la fit grimacer. L'entraineur examina l'aiguille avant de doucement relâcher la pression dans le brassard.

-       Alors ? Demanda Erwin en soupirant.

-       Tout va bien, répondit Sahin.

-       Tu vois ! Je vais bien ! Insista la rousse.

Elle attendit que Sahin lui enlève le brassard pour se lever du lit. Immédiatement, Kael et moi lui barrâmes la route.

-       Où tu vas comme ça ? Demanda le blond en s'emparant de son bras pour l'empêcher d'avancer.

-       Je quitte cette pièce d'angoissés, répliqua Erwin en donnant une tape sur la main de Kael.

Sahin se retourna et regarda Erwin lourdement, les mains sur les hanches. La rousse releva le menton, et nous bouscula pour traverser notre barrière.

-       Erwin...Soufflai-je.

Mon amie têtue se retourna, un air buté sur le visage.

-       Cela fait six heures, six heures que je suis allongée sur ce lit horriblement inconfortable, vous m'avez pris la tension au moins trois cent fois et je me sens bien, je vais bien, dit-elle.