Prologue

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Avalone leva la perle qu'elle tenait délicatement entre le pouce et l'index, et la porta à hauteur de sa lampe de chevet. On aurait dit qu'une explosion de lumière se produisait, des rayons de lumière de toutes les couleurs de l'arc en ciel s'en échappèrent. Pour elle, ces rayons représentaient toutes les larmes qu'elle aurait du être entrain de verser à ce moment. C'était une jolie pierre bleue portant en son centre un petit orifice à travers lequel, toujours délicatement, Avalone fit passer un fil. Lentement, la pierre glissa pour rejoindre les autres qui l'attendaient patiemment.  Avalone replaça le fermoir et porta le collier ainsi fait à son cou. Elle rejeta en arrière ses longs cheveux d'un noir de jais, se calla confortablement au milieu des multiples oreillers qui encombraient son lit, et se saisit de son exemplaire du « Roi Arthur » qui trainait sur la table.

Avalone se livrait à ce rituel, à chacune de ses plus grandes déceptions. Un jour, alors qu'elle avait 15 ans et venait de rompre avec son tout premier petit ami, elle avait promis que plus jamais, elle ne pleurerait à cause d'un chagrin d'amour. Sa mère qui était styliste, voyant sa fille se renfermer peu à peu sur elle-même, avait décidé de prendre les choses en main. Pour cela, elle lui avait donné une pierre, une banale pierre dont elle se servait pour confectionner les bijoux fantasques.

-        Tiens, lui avait elle dit, en la lui remettant, c'est une pierre du bonheur. Elle a l'air banal, vue comme ça, mais en fait elle est magique. Sers la très fort et elle absorbera toute ta tristesse.

Habituée aux excentricités de sa mère, il n'y avait qu'à voir le prénom qu'elle lui avait choisi, elle ne fit aucun commentaire.

-        Je sais que ce n'est plus de ton âge ma chérie, avait continué celle-ci, mais fait au moins semblant. Ca me fend le cœur de te voir aussi triste et de ne rien pouvoir y faire.

Avalone avait alors prit la pierre, et l'avait enfilé au bout d'un fil. Elle s'était sentie bien mieux après, même si elle s'avait que cela n'avait rien à voir avec la pierre, qui n'avait rien de magique. Mais au moins elle avait trouvé un moyen d'exorciser ses tristesses. Au moment où d'autres pleuraient, elle, transférait toute sa peine dans une petite pierre, dont elle choisissait la couleur selon ses impressions. Cette nuit là, avant de s'endormir elle avait lu le livre sur lequel elle devait préparer un exposé, « le roi Arthur », qui était par la suite devenu son livre préféré. Depuis lors, les petits amis s'étaient succédés, les déceptions aussi, et le collier s'était allongé. Mais Avalone n'avait toujours pas rencontré son prince charmant.

Avalone serra longtemps contre elle le livre qu'elle venait de prendre, avant de se mettre à le lire, s'appliquant sur chaque mot comme s'il recelait un pouvoir magique. Elle ne comptait plus le nombre de fois qu'elle l'avait lu _ tellement de fois, qu'elle avait du recollé certaines pages qui s'étaient détachées de la reliure_ mais à chaque fois qu'elle l'ouvrait, c'était comme si elle le redécouvrait. Quelques minutes seulement après le début de sa lecture, les mots commencèrent à se faire flous devant ses yeux.

-        Non pas maintenant, murmura t'elle, encore cinq pages et je m'arrête.

Mais ses paupières se firent de plus en plus lourdes, avant de se fermer doucement. Quelques minutes plus tard, elle était profondément endormie.

-        Avalone.... Avalone...

L'interpellée grogna. Elle voulait se lever mais elle était morte de sommeil.

-        Qui m'appelle, pensa t'elle, l'esprit encore brumeux, se forçant à se remémorer qui était présent dans l'appartement avec elle ce soir là.

La voix continua de l'appeler, la faisant se retourner alors dans son lit. Le livre qui était retombé sur elle au moment où elle s'était endormie, glissa de la couette, et heurta le sol avec un bruit sourd, la tirant définitivement du sommeil. Avalone ouvrit brusquement les yeux, mais sans faire le moindre geste. La voix continuait toujours de chuchoter son prénom. Elle n'osa pas bouger de son lit, pas même pour saisir son téléphone portable, de peur que l'intrus, ne sache qu'elle était réveillée. Son cœur battait à la chamade, et elle respirait à peine. Elle ferma les yeux se forçant à respirer normalement, espérant que tout cela n'était que le fruit de son imagination. La voix se tu alors. Avalone était parfaitement réveillée à présent. Mentalement, elle essaya de compter jusqu'à cent avant de se lever, mais elle s'arrêta au bout de 20. Elle tourna d'abord lentement la tête du côté où le livre était retombé, puis elle s'assit sur son lit. La lampe de chevet était toujours allumée, et à part elle, il n'y avait personne d'autre dans la pièce.

-        Qu'elle peureuse je suis, se dit elle, et dire que je dors justement avec la lampe allumée pour éviter ce genre de frayeurs.

Elle se pencha alors et se saisit de son livre. Au moment où elle allait le remettre à sa place sur la table, un faible bruit attira son attention. Il reprit encore. C'était un chuchotement. Quelqu'un l'appelait bien. Ce n'était pas le fruit de son imagination. L'appel provenait du livre même qu'elle tenait entre ses mains. Le cœur d'Avalone se mit à cogner encore plus fort, le sang battant douloureusement à ses tempes, et avant qu'elle ne réalisa ce qui lui arrivait, elle tomba évanouit sur ses oreillers.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant