Chapitre 17

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Le lendemain matin, en venant comme à son habitude réveiller Avalone, Camilla était également porteuse d'un message du Roi. Celui-ci s'excusait d'avoir manqué à sa promesse, et invitait Avalone à se joindre à lui et à ses chevaliers à leur passe d'armes.

Avalone était plus que surprise mais agréablement. Elle crut même se sentir pousser deux petites cornes de diable. Elle voulut marquer l'occasion et décida de porter la tenue qu'elle avait demandée à Camilla et qui lui avait valu de vives protestations de la part de celle-ci : Il s'agissait en vérité d'une tenue d'homme mais faite à ses mesures : elle se composait de braies blanches et de chausses noires du daim le plus doux, de même qu'une chemise en coton et une sorte de corset noir également, qu'elle mit par-dessus.

Elle choisit de ramener ses cheveux en une queue de cheval au sommet du crâne, ce qui en plus de sa tenue était tout à fait inhabituel. Malgré les vives récriminations de Camilla, Avalone constata que celle-ci appréciait tout de même la tenue, qui mettait en valeur son corps athlétique.

Sur la route qui les menait à la cour arrière, elles attirèrent de nombreux regards, et bien des personnes s'arrêtèrent pour les regarder passer. Camilla prit même un petit air fier car bientôt ce serait vers elle que toutes les servantes afflueraient pour demander de plus amples informations.

Cependant, Avalone remarqua une agitation singulière dans les couloirs :

-        J'avais oublié de vous en parler Madame, s'excusa Camilla quand Avalone l'interrogea, tout le monde prépare le tournoi qui se tiendra demain à l'occasion de l'adoubement de Messire Perceval.

Avec tout ce qui c'était passé ces derniers jours, Avalone avait oublié cet évènement.

Une fois arrivée à destination, Avalone renvoya Camilla et s'avança seule vers les chevaliers. Le chahut qu'ils faisaient fit place au silence, quand elle s'approcha. Tous la contemplaient, et hésitaient quant à l'attitude à adopter. Avalone ne leur accorda pas un regard et se dirigea vers Arthur. Elle le salua d'une révérence comme à son habitude :

-        Votre majesté, le salua-t-elle, votre invitation a été pour moi une agréable surprise et j'en suis plus qu'honorée. Cependant si vous me le permettez, plutôt que d'assister à cet exercice en spectatrice passive, j'aimerais y prendre part, si l'un de ces nombreux chevaliers voulait bien avoir l'amabilité de m'enseigner les rudiments.

Avalone était parfaitement au courant des usages en ces temps : les femmes, en particulier les femmes de haute naissance, n'étaient pas autorisées à porter une arme. De ce fait, elle ne douta pas que pratiquement tous les braves chevaliers en face d'elle, avaient eu une légère crise cardiaque en l'entendant. Sans compter la tenue qu'elle portait.

Mais elle s'en moquait encore une fois. Elle avait décidé de participer à l'histoire plutôt que d'en subir le déroulement. Pour ce qui était des préjugés, le siècle dont elle était issue l'avait parfaitement préparée : elle avait depuis longtemps appris à assumer ses goûts et ses décisions.

Cependant l'un des chevaliers présents osa protester, mais Avalone avait déjà préparé sa réplique :

-        Je pensais que les lois de Camelot promulguaient l'équité et l'égalité entre tous les individus qui y vivent. Alors pourquoi donc marginaliser les femmes, qui cherchent à apprendre à se défendre seules. Imaginez-vous ce qui se serait produit dans les bois si ma rencontre avait été moins fortunée ? Je pense que les dames devraient elles aussi pouvoir se défendre sans attendre un secours qui pourrait arriver trop tard.

-        Mais cela ne s'est jamais vu Sire ! insista le réfractaire.

-        Pourquoi tenez à perpétuer des traditions injustes, alors que l'une des valeurs de cette cité, qui de plus est véhiculée par son Roi, c'est justement cette idée de changement pour et vers le meilleur ? L'une des grandeurs de Camelot et qui fait sa renommée est la table ronde autour de laquelle vous siégez d'égal à égal avec votre souverain, un homme qui a été élu et béni par les cieux. Qu'est l'enseignement des rudiments du maniement de l'épée à une faible femme, comparé à cela, Sire ?

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant